>>Hanoi ambitionne d’atteindre avant terme les objectifs d’industrialisation
>>Hanoikids ou les «jeunes ambassadeurs culturels»
>>Le Musée de Hanoi fait le plein de souvenirs
Dinh Quôc Dung. |
Dinh Quôc Dung est un Viêt kiêu originaire de Hanoi installé depuis des décennies en Australie. Le sexagénaire se souvient comme si c’était hier de son enfance hanoïenne, où avec ses camarades il faisait tomber à coup de pierres les mangues vertes dans les rues Quang Trung et Trân Hung Dao. Encore maintenant, il se souvient avec acuité de l’acidité de ces mangues ainsi que de maints autres événements d’enfance, anodins ou extraordinaires. Pendant la guerre, sa famille comme beaucoup d’autres a dû partir dans les provinces voisines pour leur sécurité. Lors de la journée de libération de la capitale, le 10 octobre 1954, Dinh Quôc Dung n’était qu’un petit garçon, mais les scènes de liesse qu’il a vécues sont encore vives dans sa mémoire.
Aider le pays natal vaille que vaille
À l’âge de 18 ans, Dinh Quôc Dung quitte Hanoi pour l’Australie, afin d’y suivre un cursus en techniques de construction. À sa sortie de l’université, Quôc Dung décide de rester et travailler pour le gouvernement australien. De 1996 à 2000, il est représentant d’une société de conseil technique en construction, nommé par le gouvernement australien pour aider le Vietnam dans ce secteur. Outre le partage d’expériences, Quôc Dung apprend aux ingénieurs vietnamiens les lois internationales en matière de construction.
«J’ai eu la chance de travailler pour le gouvernement australien. De retour au Vietnam, j’ai eu envie d’aider les jeunes et les ingénieurs, de partager avec eux des expériences», confie-t-il.
Le lac de l’Épée rétituée et la Tour de la tortue au début du XXe siècle. |
Photo : Léon Busy/CVN |
Aux dires de M. Dung, la coopération technique entre le Vietnam et l’étranger joue un rôle important en ce sens qu’elle permet au pays d’avoir accès à des technologies avancées et d’accélérer son processus de modernisation.
«Le Vietnam tient une place importante dans mon cœur. Bien que je vive loin du pays, mon âme est là-bas. Pour moi, revenir au Vietnam dans le cadre de missions, c’est l’opportunité de prendre part à son édification, insiste M. Dung. C’est aussi une bonne occasion pour voir de mes propres yeux le développement national en marche, échanger des expériences professionnelles ainsi qu’élargir la coopération».
Aider nos compatriotes
À chaque fois qu’ils reviennent au Vietnam, M. Dung et sa famille mènent souvent des activités de bien faisance. Une fois, du balcon de sa maison louée, Dinh Quôc Dung observe une famille sans domicile fixe de six personnes. «Le père avait une jambe amputée, la mère était faible et les enfants très maigres. Chaque jour, ils ramassaient des sacs plastiques pour gagner leur vie, se souvient Dinh Quôc Dung. Une chose m’a touché : ils ne faisaient jamais l’aumône. Après plusieurs jours de réflexion, j’ai décidé de les aider. J’ai acheté un petit lopin de terre de 40 m² sur lequel j’ai fait construire une petite maison. Et je la leur ai offerte».
Dinh Quôc Dung aime se remémorer ses années d’enfance à Hanoi, marquées par la joie de vivre. |
Grâce au soutien de M. Dung, la vie de la famille s’est beaucoup améliorée. Le père est devenu aiguiseur de couteau et la mère marchande ambulante : «Nous vous remercions infiniment. Peut-être avons-nous été moines durant dix vies humaines pour bénéficier d’une telle chance !», s’exclame la mère.
M. Dung le martèle à ses six enfants : «Si vous avez de la chance dans la vie, vous devez aider le Vietnam». Il est heureux de voir ses enfants être fiers de leurs origines vietnamiennes.
Pour M. Dung et beaucoup de Viêt kiêu originaires de Hanoi, parler avec l’accent hanoïen est une fierté. Comme lui, le Docteur Trân Nam Binh se vante de son accent hanoïen.
Selon Quôc Dung, «les +Viêt kiêu+ constituent un atout majeur pour le développement socioéconomique national comme pour l’épanouissement de la culture vietnamienne».
Vivant loin de leur pays d’origine, ils nourrissent toujours un patriotisme farouche et font en sorte de préserver leurs traditions. Ils suivent de près les mouvements lancés par le gouvernement vietnamien, en particulier lorsqu’il s’agit de venir en aide aux enfants pauvres, aux sinistrés de catastrophes naturelles ou aux soldats, aux pêcheurs en Mer Orientale.
«Aider nos compatriotes, c’est une manière pour nous de nous rapprocher de ce pays qui nous manque tant, de nous en rapprocher par les liens affectifs», conclut Quôc Dung.
Phuong Nga/CVN