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Un quai de la station de métro Saint-Lazare à Paris le 10 novembre, pendant une grève. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À Paris, ce n'était pas le chaos annoncé car beaucoup de salariés avaient visiblement opté pour le télétravail ou une journée de congé avant un week-end de trois jours en raison du 11 novembre. Sur le RER B, où un train sur deux circulait en heure de pointe, "c’est moins pire que ce que je craignais", sourit une jeune femme montant dans un train pour Paris à la gare d’Aulnay-sous-Bois, qui n'a pas voulu donner son nom, comme d'autres passagers interrogés.
Dans le train parti de l’aéroport Charles-de-Gaulle, Francesca, une hôtesse de l’air allemande, n'était pas au courant de la grève. "On a attendu moins de 10 minutes et jusqu’à présent, il est assez vide. Tout se passe bien ", sourit-elle. Dans le métro, seules les lignes entièrement automatisées 1 et 14 devaient rouler normalement, mais avec un "risque de saturation", selon la RATP. Cinq lignes sont entièrement fermées (2, 8, 10, 11 et 12), les autres ne roulant qu'aux heures de pointe, avec un service fortement dégradé.
Sur la ligne 7, déjà fortement touchée par le manque de conducteurs en temps normal, Sylvie vient de laisser passer un métro à la station Riquet, rempli à bloc. Le tableau automatisé de la RATP indique que les prochains métros passeront dans 15 et 21 minutes. "Franchement, c’est n’importe quoi !", glisse cette mère de famille de 46 ans. "À part quelques usagers en colère, la plupart se montrent plutôt calmes et patients", relève Nolwenn, 21 ans, agente de médiation RATP à Saint-Lazare.
"Mobiliser"
À la SNCF, le mouvement soutenu par la seule CGT-Cheminots s'annonce bien moins suivi, avec un trafic normal sur les TGV et légèrement perturbé sur les Intercités. Sur les lignes TER, neuf trains sur dix circulent en moyenne. À Nice, aucune des trois lignes de tramway ne fonctionnait, à Toulouse une opération de tractage a retardé certains bus.
L'ensemble des syndicats (CGT, FO, Unsa, Solidaires) de la RATP ont appelé de longue date à la mobilisation pour demander des hausses de salaire et une amélioration des conditions de travail. La RATP souffre d'un sous-effectif chronique à cause de difficultés de recrutement et subit une explosion de l'absentéisme. Les ressources humaines seront "le premier sujet sur la table" après sa prise de fonction à la tête de la RATP, a insisté Jean Castex mardi 8 novembre.
L'ancien Premier ministre a promis l'ouverture de négociations sur les salaires "dès décembre 2022". Les agents RATP ont bénéficié d'une hausse moyenne de 5,2% des rémunérations cette année, selon la direction.
Des voyageurs attendent un bus à la gare Saint-Lazare à Paris le 10 novembre, lors d'une grève. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Autre motif de mobilisation : la future réforme des retraites avec un report possible de l'âge légal de départ et la fin des régimes spéciaux. Il s'agit de "montrer que si on veut mobiliser, on sait mobiliser", a affirmé mercredi Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, dressant un parallèle avec la journée du 13 septembre 2019 qui avait précédé la grande mobilisation contre la réforme des retraites de l'hiver 2019-2020.
Manif de la CGT, sans FO
Frédéric Souillot doit se rendre au côté des grévistes de la RATP dans la matinée. FO, deuxième syndicat de la régie, est majoritaire chez les conducteurs de métro. Il ne participera en revanche pas à la manifestation à Paris, qui s'inscrit dans le cadre d'une journée de mobilisation interprofessionnelle à l'appel de la seule CGT.
FO, qui s'était associée à la journée du 18 octobre, au plus fort du mouvement dans les raffineries, a choisi cette fois-ci de ne pas participer, de même que FSU et Solidaires. La précédente journée à l'appel de la seule CGT, le 27 octobre, en pleines vacances scolaires, avait peu mobilisé : la police avait recensé 14.000 manifestants en province et 1.360 à Paris.
Les autorités parient sur 50 à 60.000 manifestants au niveau national, dont 2.000 à 4.000 à Paris. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, défilera à Nîmes où il est en déplacement dans le cadre des élections professionnelles dans la fonction publique.
AFP/VNA/CVN