Grèce : le 3e plan d'aide conclu techniquement, pas tout à fait politiquement

La Grèce et ses créanciers ont trouvé un accord tôt le 11 août, en vue d'un troisième plan d'aide au pays "d'environ 85 milliards d'euros", ont annoncé des responsables grecs à l'issue d'une négociation-marathon, tout en admettant que des détails restent à régler.

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Cependant, le doute régnait un peu en fin de journée sur le calendrier d'adoption définitive de cet accord.

Athènes a agi comme si tout était réglé. Dans un communiqué, le gouvernement s'est félicité de pouvoir "assurer" grâce au nouveau plan - en échange duquel il doit accepter une longue liste d'ajustements budgétaires et de réformes - "la couverture de ses remboursements d'emprunts et des arriérés de paiement de l'État pour les trois prochaines années".

Le ministre grec des Finances, Euclid Tsakalotos, arrives dans un grand hôtel d'Athènes, le 9 août

Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé à la présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou de convoquer jeudi 13 août le parlement, pour ratifier le texte d'un projet de loi sur l'accord qu'il entendait déposer le soir du 11 août à l'Assemblée.

La Commission européenne a mis un bémol en notant qu'il y avait bien un accord, mais "au niveau technique à ce stade", et qu'il fallait désormais "une évaluation politique", sans qu'on sache très bien sous quelle forme cette décision politique devait être prise.

Une source européenne a laissé ouverte le soir du 11 août la possibilité que l'accord ne soit en fait pas formellement entériné d'ici au 20 août, date à laquelle la Grèce doit rembourser 3,4 milliards d'euros à la BCE, rappelant que le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait déjà déclaré la semaine dernière qu'on pourrait avoir recours à "un prêt-relais de quelques jours" pour éviter que la Grèce ne manque ce paiement.

Cette position est en tout cas celle de l'Allemagne : "L'exhaustivité passe avant la rapidité", avait martelé le 10 août le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert.

Et pour le ministre finlandais des Finances, Alexander Stubb, parler d'accord est "un bien grand mot". "Il y a encore du travail sur les détails", a-t-il mis en garde mardi 11 août.

Femme de caractère

En Grèce, la présidente du parlement semble aussi avoir son propre calendrier : une source parlementaire a indiqué que l'examen en commissions pourrait n'avoir lieu que le 13 août, avec un vote en plénière dans la nuit.

Programme de remboursement de la dette grecque en 2015.
Photo : AFP/VNA/CVN

La présidente de l'Assemblée fait partie de l'aile gauche de Syriza, dont une trentaine de députés (sur 149) ont fait défaut à M. Tsipras lors de deux premiers votes sur ce plan d'aide, les 15 et 22 juillet.

Définitif ou pas tout à fait, puisque de l'aveu même du ministre des Finances Euclide Tsakalotos, "un ou deux détails" restent à régler, l'accord trouvé mardi 11 août marque en tout cas une nouvelle phase des relations entre Athènes et ses quatre créanciers, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES).

Les différentes parties sont restées enfermées pendant deux semaines dans un hôtel du centre d'Athènes, avec un marathon final de 22 heures d'affilée, sans la moindre rumeur de dispute.

M. Tsipras, selon l'agence ANA, a passé la soirée du 10 août à expliquer sa détermination à conclure un accord en donnant une rafale de coups de téléphone, à Mme Merkel, au président français François Hollande, à M. Juncker et au président du Parlement européen Martin Schultz.

Selon l'accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018, il est désormais prévu que la Grèce connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018, au lieu d'excédents chaque année, comme espéré précédemment.

Les négociateurs ont dû en effet tenir compte de l'important ralentissement économique qui pèse sur le pays, un peu plus paralysé encore depuis fin juin par un strict contrôle des capitaux, mis en place pour éviter une panique bancaire.

Tel qu'il semble se présenter, l'accord n'emballe pas les économistes de Capital Economics, qui le jugeaient mardi construit, malgré les révisions à la baisse, "sur des projections économiques et budgétaires extrêmement optimistes qui pourraient signifier qu'il ne durera pas très longtemps".

Quant à la Bourse d'Athènes, qui se remet peu à peu des fortes pertes de la semaine dernière, elle a réagi positivement mais sans plus le 11 août, gagnant 2,14%.

AFP/VNA/CVN

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