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Un agriculteur sépare les pétales bleus et violets des stigmates du safran à l'aide d'une centrifugeuse dans un entrepôt du village de Krokos, près de Kozani, au nord-ouest de la Grèce, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VAN/CVN |
"Depuis le mois de mai, nous n'avons pas eu de pluie (...) quelques gouttes seulement", soupire cet homme de 68 ans, près de la ville de Kozani, dans le Nord de la Grèce.
La culture du "crocus de Kozani", le safran grec, est l'une de plus lucratives de ce pays méditerranéen frappé par le réchauffement climatique. Un gramme se vend entre cinq et neuf euros.
Mais elle souffre d'une sécheresse prolongée qui d'année en année réduit considérablement la récolte.
La Grèce a connu cette année l'hiver le plus chaud depuis 1960, suivi d'un été caniculaire. Et octobre a été le plus sec de ces quinze dernières années, selon l'Observatoire national d'Athènes, une référence en matière de météorologie.
Épice précieuse
Par le passé, la récolte se faisait sous la pluie ou même sous la neige dans cette région montagneuse de Macédoine-occidentale, se souvient Grigoris Tzidimopoulos, qui cultive cette épice précieuse pour les industries pharmaceutique et cosmétique.
Une femme récolte des pétales de fleurs de safran bleus et violets dans un champ du village de Krokos, près de Kozani, au nord-ouest de la Grèce, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VAN/CVN |
"L'année dernière la récolte ne s'est élevée qu'à trois kilos sur un champ de 9.000 m2 alors que d'habitude, on prend un kilo sur 1.000 m2", déplore-t-il.
Dans les champs tapissés de fleurs, des ouvriers agricoles, le dos courbé ou accroupis, cueillent les crocus avec délicatesse.
Une fleur fraîchement coupée entre ses doigts, Sissy Iona, qui travaille depuis dix ans dans les champs de la région, examine les fils rouges ou oranges qui, une fois séchés, donnent le safran.
Cette année "la taille des fleurs est trois fois moins grande que celle des années précédentes", constate-t-elle.
"Quand on sèche la fleur, les fils sont plus fins qu'un cheveu", poursuit cette quadragénaire.
Selon les producteurs, il faut environ 50.000 de ces fils rouges pour produire 100 grammes de safran grec.
Produits pharmaceutiques
Cultivée depuis 3.600 ans en Grèce, selon une fresque murale de l'époque minoenne où figure une cueilleuse de safran, cette épice parfume riz, poulet et poissons mais elle est aussi utilisée dans des produits pharmaceutiques et cosmétiques.
Du safran en verre dans une coopérative du village de Krokos, près de Kozani, au Nord-Ouest de la Grèce, le 1er novembre. |
Photo : AFP/VAN/CVN |
Elle est très majoritairement produite en Iran, mais aussi en Afghanistan, au Cachemire ou en Grèce où "le crocus de Kozani" bénéficie du label européen Appellation d'origine protégée (AOP).
Environ 5.200 hectares de terres sont actuellement cultivés par un millier de fermiers dans une vingtaine de villages autour de la ville de Kozani où le microclimat local permet la production de la variété grecque qui tire son nom du village proche de Krokos.
L'épice est exportée dans une vingtaine de pays étrangers parmi lesquels la Suisse et les États-Unis constituent les marchés les plus importants.
La coopérative locale, créée en 1971, a le droit exclusif de collecter, conditionner et distribuer le produit.
Il y a quarante ans, la production totale de safran dans cette région s'élevait à 12 tonnes mais l'année dernière, elle a chuté à un peu plus d'une tonne seulement.
"Les quantités annuelles produites sont en baisse chaque année", assène Vassilis Mitsiopoulos, président de la coopérative.
"En 2017, avec les mêmes surfaces, nous avions une production de 3,8 tonnes", se désole-t-il.
Les raisons : "le réchauffement climatique, des pluies irrégulières au mauvais moment, des chutes de neige quasi inexistantes maintenant", selon lui.
Le manque de pluie criant cette année affecte de nombreux produits agricoles en Grèce.Même les oliveraies pourtant résistantes à la sécheresse souffrent.
Certains producteurs ont dû arrêter les cultures traditionnelles et opter pour des fruits exotiques, comme les mangues, litchis, chérimoles et noix de macadamia.
"Si le rendement (du safran) continue de baisser, je crains que les producteurs ne soient obligés soit de l'abandonner soit de se déplacer vers le Nord", estime Vassilis Mitsiopoulos.
AFP/VAN/CVN