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Le réalisateur français Marc Fitoussi au Festival du film français d'Amérique (TAFFF) à Los Angeles, le 30 octobre. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le feuilleton doit être diffusé en fin d'année sur France 2. Il raconte le quotidien d'une revue parisienne qui bat de l'aile, derrière la magie des froufrous et des paillettes.
"Il y a le même principe de l'envers du décor, (...) s'intéresser aux gens de l'ombre", explique le réalisateur, Marc Fitoussi, à Los Angeles pour présenter la série au festival américain du film français (TAFFF).
Le cinéaste avait participé aux saisons 3 et 4 de Dix pour cent, succès international produit et imaginé par les ex-agents Dominique Besnehard et Michel Feller. Deux hommes qu'on retrouve à la manœuvre sur Ça, c'est Paris.
"On avait envie de raconter les coulisses d'un cabaret, pour aller contre les clichés sur le monde de la nuit, la drogue, les filles qui se prostituent", retrace Michel Feller. "On n'est pas du tout là-dedans, c'est plutôt des athlètes et des femmes modernes, qui s'assument."
Dès son ouverture, la série se joue des poncifs.
On rencontre Gaspard (Alex Lutz), directeur d'un cabaret en mal de fréquentation après la pandémie, en pourparlers avec un investisseur qui souhaite racheter son affaire pour en faire un supermarché.
Surpris par un employé, l'homme de spectacles est incapable d'avouer son projet de vente. "C'est la mafia", murmure-t-il, pour avoir la paix.
Échapper à la ringardise
Fasciné par le mythe des nuits parisiennes instillé en lui par son père, Gaspard finit par changer d'avis, au grand soulagement de sa troupe. Mais au désespoir de sa femme et sa fille adolescente, qui ne comprend pas cette volonté d'"exhiber des femmes à poil sur scène au XXIe siècle".
Pour échapper à la ringardise, le cabaret doit se réinventer. En manque d'argent, il se retrouve contraint d'embaucher Adrien, un nouveau directeur artistique très avant-garde. Cet hypersensible dépressif incarné par Nicolas Maury, qui jouait déjà dans Dix pour cent, va faire des étincelles. "On a tout de suite pensé à lui en écrivant ce personnage, qui est assez ingérable et qui ose aller très loin", raconte Michel Feller.
Cette dramédie a été tournée au Paradis Latin, le doyen des cabarets parisiens, construit par Gustave Eiffel. Un cadre de rêve très immersif, tout comme les chorégraphies pensées par Kamel Ouali, l'ex-prof de danse de la Star Academy.
Au fil des aventures, on découvre les personnages de la troupe et leurs galères dans la capitale : une immigrée polonaise, qui fait croire à ses parents qu'elle danse à l'Opéra, un serveur, ex-délinquant en quête d'un nouveau départ, ou une mère célibataire de banlieue, tiraillée entre la scène et son fils.
"Radiographie de Paris"
À travers le cabaret, la série capture "une radiographie de Paris, et même de la France d'aujourd'hui", estime Marc Fitoussi. Car "cette troupe ressemble en fait à une famille : il y a des gens très, très différents".
Emprunte d'autodérision, cette plongée dans les coulisses du music-hall en propose une relecture moderne, loin de la vie de bohème glorifiée dans les canons du genre - Cabaret, Moulin Rouge, ou Chicago.
Reste à savoir si le public accrochera autant qu'avec Dix pour cent : les aventures d'imprésarios chargés de soigner les bobos et les égos de stars comme Isabelle Adjani, Jean Dujardin et Sigourney Weaver, avaient d'abord séduit sur France 2, avant d'être rebaptisées Call My Agent par Netflix et de remporter un International Emmy Award en 2021.
La série avait aussi été adaptée dans plusieurs pays, dont le Royaume-Uni.
"Je me posais la même question avec +Dix pour cent+", note Michel Feller. "Mais comment ce métier va pouvoir parler ailleurs que chez nous ?"
Le producteur compte toutefois sur l'imaginaire du cabaret, prisé des touristes, pour exporter sa création - des "discussions avancées" sont en cours avec une plateforme de streaming. D'autant que la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques a rendu hommage au patrimoine nocturne de Paris et au french cancan.
"Quand on voit Lady Gaga en train d'imiter Zizi Jeanmaire, ça montre bien que cette imagerie-là plaît encore aujourd'hui et peut séduire le public", conclut Marc Fitoussi.
AFP/VNA/CVN