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L'oeuvre Auto-retraot (autoportrait, 1923) de l'artiste brésilienne Tarsila do Amaral (1886-1973) exposée à la Maison de l'Amérique Latine à Paris, le 14 décembre 2005. |
Photo : Archives-AFP/VNA/CVN |
Jusqu'au 2 février, s'offrent aux visiteurs quelque 150 œuvre dont 49 tableaux de Tarsila do Amaral (1886-1973), peintre la plus connue du Brésil, dont l'œuvre a contribué à mettre en avant l'indigénisme à l'intérieur et à l'extérieur de son pays.
L'objectif de l'exposition est de "sortir de ce discours un peu simpliste qui dirait que des artistes étrangers arrivent à Paris, apprennent la modernité et repartent ailleurs", a expliqué la commissaire, Cecilia Braschi, lors d'une visite pour la presse.
"Il n'y aurait pas eu un projet moderne de Tarsila si elle n'était pas arrivée avec son propre bagage moderne brésilien en train de se former", selon elle.
Fille de propriétaires terriens de la région de Sao Paulo, Tarsila do Amaral arrive à Paris en 1920, et ses premières peintures témoignent d'une formation académique classique, héritière de l'impressionnisme.
En son absence, en 1922, Sao Paulo organise une Semaine d'art moderne, avec la peintre Anita Malfatti et le poète et dramaturge Oswald de Andrade, autres instigateurs du mouvement moderniste brésilien, un événement qui fait sensation.
Tarsila do Amaral rejoint un temps cette nouvelle génération puis revient à Paris. À partir de 1923, l'artiste, connue dans les milieux artistiques français, fréquente les ateliers de Fernand Léger et d'André Lhote.
"J'invente tout"
La peintre explore le cubisme et le fauvisme mais, comme beaucoup d'artistes sud-américains, le séjour à Paris est surtout l'occasion d'une réflexion sur son pays d'origine.
Son tableau le plus célèbre, A negra, un grand portrait frontal d'une femme nue au regard fier, date de 1923. Tarsila do Amaral expliquera s'être inspirée d'une ancienne esclave qui vivait dans le domaine familial.
L'écrivain français Blaise Cendrars empruntera l'image pour la couverture d'un recueil de poèmes.
Un autre tableau, A Cuca, aux tonalités oniriques, reproduit en couleurs vives un monstre du folklore brésilien. "J'invente tout dans ma peinture. Ce que j'ai vu ou ressenti, je le stylise", témoigne l'artiste, qui présente sa première exposition en 1926.
Deux ans plus tard, son compagnon, Oswald de Andrade, publie le Manifeste anthropophage qui proclame la nécessité de "dévorer" les influences culturelles étrangères et colonisatrices.
La crise de 1929 affecte durablement la famille de l'artiste. Son œuvre, à partir de ce moment, se concentre sur la classe ouvrière.
Tarsila do Amaral retourne définitivement au Brésil en 1932. Elle y restera jusqu'à sa mort, à l'âge de 87 ans, en 1973.
AFP/VNA/CVN