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La tour Grenfell en feu, le 14 juin 2017 à Londres. |
La catastrophe a fait 71 morts, dont un bébé sur le point de naître selon le bilan de la police. Face à l'ampleur du drame, l'absence de réponse politique forte et la prise en charge des survivants, jugée déficiente, alimentent les frustrations. "Je ne comprends pas pourquoi le pays n'est pas furieux, pourquoi nous ne disons pas davantage au gouvernement que les choses doivent changer maintenant", s'interroge Tasha Brade, membre du groupe Justice4Grenfell, une association de soutien aux familles des victimes.
Vassiliki Stavrou-Lorraine, qui a habité dans l'immeuble en face de la tour Grenfell pendant 34 ans, estime que les gens touchés par la catastrophe n'ont pas reçu le soutien matériel nécessaire, ni surtout les soins de santé physiques et mentaux suffisants. "Malheureusement, cela fait un an et nous sommes toujours dans la même situation", déplore-t-elle, mentionnant la "dépression et le stress post-traumatique" dont souffrent ses anciens voisins.
Pompiers en cause
Le 14 juin 2017, peu après minuit, le feu s'était déclenché dans la cuisine d'un appartement du quatrième étage, à partir d'un réfrigérateur défectueux. Les flammes s'étaient rapidement propagées jusqu'au sommet de l'immeuble de 24 étages.
Le bâtiment, construit en 1974, avait été rénové entre 2014 et 2016, et un nouveau revêtement posé sur la façade. Sa résistance au feu n'avait pas été testée et il ne respectait pas les normes anti-incendie en vigueur au Royaume-Uni, selon les conclusions d'un expert mandaté dans le cadre de l'enquête publique menée sur le drame. Il aurait contribué à la rapide propagation des flammes. La stratégie des pompiers, qui ont demandé aux habitants de rester confinés dans leurs appartements pendant près de deux heures, alors que le feu avait atteint le toit de l'immeuble en seulement 30 minutes, a également été mise en cause.
Détails sur la Tour Grenfell et l'enquête qui a suivi l'incendie meurtrier de juin 2017. |
"Je suis contente de ne pas avoir suivi ce conseil, et je déteste imaginer ce qu'il me serait arrivé si j'étais restée à l'intérieur", a confié Kerry O'Hara, une survivante de l'incendie. La brigade des pompiers de Londres (LFB) a défendu sa consigne, arguant du fait que la seule issue de secours, l'escalier intérieur de l'immeuble, n'offrait pas d'alternative sûre. Sa décision sera étudiée dans le cadre de l'enquête criminelle menée par la police britannique.
Excuses de Theresa May
Lundi 11 juin, la Première ministre Theresa May s'est excusée pour n'avoir rendu visite qu'aux services de secours et pas aux rescapés lors de son premier déplacement sur les lieux, au lendemain la tragédie. "Je regretterai toujours de ne pas les avoir rencontrés ce jour-là, donnant l'impression que je m'en fichais", a-t-elle déclaré au quotidien Evening Standard. "Cela n'a jamais été le cas".
Son attitude avait alimenté les critiques sur le mépris des pouvoirs publics envers les habitants de l'îlot populaire où se dresse la tour Grenfell, en plein cœur du quartier de Kensington et Chelsea, le plus riche de la capitale britannique. Le conseil local a été particulièrement mis en cause pour son action avant et après la tragédie. Les habitants estiment qu'il a négligé la sécurité des blocs de logements sociaux et coupé dans les dépenses de rénovation.
Les élus ont eux mis en avant les 235 millions de livres (267 millions d'euros) consacrés au relogement des rescapés. "Nous avons des équipes qui font tout ce qu'elles peuvent pour reloger les familles, aussi vite que possible, et leur permettre de se reconstruire", a souligné un porte-parole. Sur les 203 ménages à reloger, 82 ont reçu un logement permanent, 43 vivent toujours à l'hôtel tandis que les autres occupent des logements provisoires. De nombreuses commémorations sont prévues cette semaine, dont une veillée dans la nuit de mercredi 13 juin à jeudi 14 juin, au cours de laquelle 72 secondes de silences seront observées, en hommage aux personnes décédées.