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Manifestation de cheminots en grève contre la réforme ferroviaire, près de la Grande Arche de La Défense, le 12 juin. |
Les syndicats n'ont pas réussi à faire décoller le taux de grévistes mardi 12 juin, "journée de la colère cheminote", alors qu'ils espéraient un rebond avant l'adoption définitive de la réforme ferroviaire et les négociations sur la future convention collective du secteur. La direction recensait 17,63% de grévistes au total en milieu de matinée, ainsi que 53,4% parmi les conducteurs. Des chiffres bien inférieurs à ceux de la "Journée sans cheminots" du 14 mai, où la mobilisation avait rebondi jusqu'à 27,58%, le taux des conducteurs grévistes frôlant les 75%.
Le vote définitif du projet de loi mercredi 13 juin à l'Assemblée, jeudi 14 juin au Sénat, n'est plus qu'une formalité mais les syndicats ont répété ces derniers jours que la partie ne serait pas finie après l'adoption du texte au Parlement.
"Responsabilité" des syndicats
Après avoir obtenu des avancées sociales via des amendements, ils veulent peser sur les négociations de la future convention collective nationale (CCN) du ferroviaire, objet d'une réunion entre syndicats, patronat et gouvernement vendredi. Cette CCN, qu'ils exigent de "haut niveau", remplacera le statut des cheminots à partir du 1er janvier 2020 pour les nouveaux embauchés à la SNCF.
Évolution du pourcentage de grévistes à la SNCF, par catégorie de métier. |
Afin d'"arracher des garanties" pour les salariés, la CGT Cheminots propose mercredi 13 juin à l'intersyndicale de "renforcer la grève" avec "de nouvelles dates de mobilisation au-delà du 28 juin", a-t-elle annoncé mardi 12 juin. Le premier syndicat de la SNCF réclame aussi que la réunion tripartite de vendredi marque "le début de véritables négociations". Elle "doit donc avoir des suites", exige le syndicat, alors que la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a qualifié cette rencontre d'"ultime table ronde tripartite".
La CFDT Cheminots (4e syndicat), bien que se déclarant "en colère et mobilisée", et toujours dans l'intersyndicale, a appelé mardi à suspendre le conflit pendant les épreuves du bac, les 18 et 22 juin, dans les TER et RER. Le bac étant source "de stress", le syndicat a souhaité "faciliter les déplacements" des candidats. Cette suspension partielle est aussi pour lui "un signe de bonne volonté" avant la réunion tripartite.
Mais l'Unsa ferroviaire (2e syndicat), qui avait proposé en vain la semaine dernière à l'intersyndicale de "mettre la grève entre parenthèses" pendant le bac, a déploré cette décision unilatérale de la CFDT, hors concertation avec ses partenaires. "Une méthode" susceptible de "faire éclater l'unité syndicale", a déploré Roger Dillenseger, son secrétaire général.
Dans un communiqué, SUD-Rail assure que "la sortie de la CFDT de l'interfédérale ne sonne pas la fin du mouvement" et propose "aux cheminots d'agir cet été, en ciblant des périodes". Interrogé à l'Assemblée nationale juste avant l'annonce de la CFDT, le Premier ministre Édouard Philippe avait invité les grévistes à "mesurer leur responsabilité s'agissant de tous ceux qui vont passer le baccalauréat".
"Le combat continue"
Sur le terrain, les cheminots étaient encore mobilisés mardi 12 juin. À Montpellier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant la direction régionale de la SNCF. Entre 400 et 500 personnes ont aussi défilé à Lyon. En gare de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), tôt le matin, des cheminots ont emballé guichets et automates avec du film plastique pour les condamner.
Le Premier ministre Edouard Philippe à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement le 12 juin. |
À la gare Lille-Flandres, "à la suite d'actes de malveillance", une dizaine de trains ont accusé des retards de l'ordre "d'une quinzaine de minutes", selon la SNCF. Une soixantaine de cheminots ont distribué des petits déjeuners aux usagers pour "expliquer (leur) combat", selon François Gruson (CGT).
Dans le quartier d'affaires de La Défense, près de Paris, quelque 400 manifestants CGT, SUD et FO se sont rassemblés devant le siège de Oui.SNCF, fermé par les forces de l'ordre. Une centaine d'entre eux ont ensuite brièvement occupé l'avenue des Champs-Élysées, bloquant la circulation, avant d'être repoussés dans le calme par la police. Côté trafic, la SNCF prévoyait pour mercredi, 30e jour de grève, deux TGV sur trois, trois Transilien sur cinq, un TER ou Intercités sur deux en moyenne.