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Le Premier ministre Edouard Philippe à Matignon, le 14 décembre. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Dans un entretien au quotidien Les Échos à paraître lundi 17 décembre et mis en ligne dimanche soir 16 décembre, le Premier ministre indique que le gain de 100 euros net pour les salariés proches du Smic, mesure phare annoncée par Emmanuel Macron, passera "par une hausse massive de la prime d'activité" qui sera versée "dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier".
Cette hausse ne concernera donc pas tous les salariés au Smic car la prime d'activité tient compte de l'ensemble des revenus du ménage, mais "nous allons élargir le nombre de foyers éligibles, qui passera de 3,8 millions à 5 millions", a précisé le Premier ministre.
"Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le conseil constitutionnel", a-t-il ajouté. Au total les mesures annoncées par Emmanuel Macron lundi soir, parmi lesquelles figurent aussi les heures supplémentaires défiscalisées ou l'exemption de hausse de CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros, vont se chiffrer à environ "10 milliards d'euros".
Le déficit, prévu à 2,8% en 2019, devrait en conséquence se creuser légèrement et atteindre 3,2% du PIB, a indiqué M. Philippe, puisque le gouvernement ne touchera pas à la transformation du CICE en baisse des charges, comme le réclamaient certains dans la majorité.
Afin d'atténuer les conséquences pour les finances publiques de ces mesures, le gouvernement a décidé de limiter la baisse du taux d'impôt sur les sociétés à celle de moins de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires l'année prochaine. Elle sera décalée d'un an pour les autres, a précisé le Premier ministre au quotidien économique.
Mea culpa
"Nous demandons donc un effort aux plus grandes entreprises pour nous permettre de dégager une recette supplémentaire de l'ordre de 1,8 milliard d'euros", a-t-il expliqué.
Des "gilets jaunes" manifestent sur les Champs-Élysées à Paris, le 15 décembre. |
Ces mesures doivent être présentées en Conseil des ministres mercredi 19 décembre avant de passer à l'Assemblée nationale jeudi 20 décembre et au Sénat vendredi 21 décembre. Le Premier ministre s'est déclaré favorable sur le principe à un référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des "gilets jaunes", qui peut être un "bon instrument dans une démocratie" mais "pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions".
"C'est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l'est le vote blanc", a-t-il souligné alors que l'exécutif lance une grande concertation nationale de deux mois et demi pour tirer la leçon de la crise des "gilets jaunes". Sur la forme, le Premier ministre, s'est fendu, comme le président lundi, d'un mea culpa en concédant des "erreurs" dans la gestion d'une crise qui secoue le pays depuis un mois.
"Nous n'avons pas assez écouté les Français. Je reste persuadé qu'ils veulent qu'on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage", a-t-il promis, ajoutant qu'il n’y a "pas de tournant" mais "un changement de méthode". Même si plusieurs appels à un acte VI circulent sur les réseaux sociaux pour samedi prochain 22 décembre et même vendredi 21 décembre, jour des 41 ans d'Emmanuel Macron, l'apaisement était palpable dimanche 16 décembre en régions, au lendemain d'une mobilisation divisée par deux (66.000 manifestants).
"Les combats sont finis, le débat c'est maintenant", a souligné dimanche 16 décembre le président de l'Assemblée Richard Ferrand, sans exclure l'envoi de "CRS ou de gendarmes à la campagne" pour "libérer l'espace public".
AFP/VNA/CVN