Renault-Nissan
Ghosn au Liban dénonce "un coup monté", Tokyo voit des critiques "inacceptables"

L'ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a dénoncé mercredi 8 janvier un "coup monté" contre lui, lors de sa première apparition publique à Beyrouth depuis sa fuite rocambolesque du Japon, où il est accusé de malversations financières.

>>Ghosn a pris tranquillement le train pour rejoindre l’aéroport du Kansai, selon les médias japonais

>>Carlos Ghosn dit avoir organisé "seul" sa fuite du Japon au Liban

L'ancien PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, lors de sa conférence de presse à Beyrouth, le 8 janvier.

Après sa conférence de presse de 2h30 en présence de quelque 150 journalistes, Tokyo a qualifié d'"inacceptables" les critiques de M. Ghosn contre sa justice.
Car le capitaine d'industrie déchu a organisé l'ensemble de ses propos autour d'un seul axe : son "innocence". "Présumé coupable" par le système judiciaire japonais dès son arrestation en 2018, il n'avait "d'autre choix" que de fuir face à des accusations "sans fondements", a-t-il assuré.
Carlos Ghosn, 65 ans, s'exprimait pour la première fois publiquement depuis son arrivée surprise le 30 décembre au Liban, dont il est ressortissant.
Il a dénoncé la "collusion, partout" entre Nissan et le procureur japonais, notamment pour son arrestation : "un coup monté", selon lui, alors qu'il s'apprêtait à rendre l'alliance entre Renault et Nissan "irréversible", niant avoir voulu organiser une "fusion" pure et simple.
Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet au Japon, l'homme d'affaires, également de nationalité française et brésilienne, avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours d'incarcération.
"Pearl Harbor" 
Assigné à domicile, il avait interdiction de quitter le pays dans l'attente de son procès, mais aussi de contacter son épouse, visée par un mandat d'arrêt japonais pour "faux témoignage".
"Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice et à la persécution", a-t-il martelé en anglais.
Ses avocats lui ont dit qu'il risquait d'attendre cinq ans avant le verdict de son procès, a-t-il encore argué. Après avoir été "otage" au Japon, il a dit espérer par cette conférence "laver son honneur."
Il a cependant tenu à exonérer le Premier ministre japonais Shinzo Abe, "pas impliqué", d'après lui. Carlos Ghosn a également confié avoir été totalement pris par surprise au moment de son arrestation.
"Avez-vous vu venir Pearl Harbor ?", a-t-il dit en guise de comparaison, une référence grinçante à l'attaque surprise de la base navale américaine par les forces japonaises en 1941.
Au Japon, M. Ghosn fait l'objet de quatre inculpations : deux pour "abus de confiance aggravé" et deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan.
Mercredi 8 janvier, il a promis de fournir des "documents" prouvant son innocence. Depuis le début, M. Ghosn, ses proches et sa défense soutiennent qu'il a été victime d'un "complot" ourdi par Nissan, avec la complicité de responsables japonais, pour l'écarter de son poste.
L'Agence de presse officielle libanaise ANI a rapporté en soirée que M. Ghosn avait été convoqué jeudi 9 janvier par le parquet libanais. Le Liban ayant reçu une notice rouge d'Interpol pour l'arrêter, le parquet est tenu de l'entendre comme l'impose la procédure, selon une source judiciaire.
"Mascarade" 
Les autorités libanaises rappellent cependant qu'il n'y a pas d'accord d'extradition avec le Japon.
L'"interrogatoire" de jeudi 9 janvier portera aussi sur une requête déposée par des avocats concernant une ancienne visite en Israël, d'après ANI.
Selon l'ex magnat de l'automobile, l'alliance Renault-Nissan, qu'il a désormais qualifié de "mascarade", a pâti de sa mise à l'écart forcée.
La valorisation de Nissan "a baissé de plus de 10 milliards d'USD", soit "40 millions d'USD par jour" depuis son arrestation, a-t-il assuré. Quant à la valorisation de Renault, elle a baissé "de plus de cinq milliards d'euros, ce qui signifie 20 millions d'euros par jour."
M. Ghosn a assuré qu'il comptait "réclamer en justice" ses droits envers Nissan et Renault, sans donner d'autres détails.
Peu avant, son équipe juridique française avait qualifié l'enquête interne de Nissan de "grosse déformation de la vérité".
Au Japon, des procureurs ont tenté mercredi de fouiller les bureaux d'un de ses avocats japonais et de saisir des ordinateurs mais l'accès leur a été refusé, les avocats invoquant la "confidentialité entre un avocat et son client".
Fuite rocambolesque 
S'il a prévenu qu'il n'était pas venu à la conférence pour raconter comment il avait quitté le Japon, le récit de cette fuite rocambolesque digne de Hollywood tient en haleine les médias et a suscité l'ouverture d'enquêtes au Japon et en Turquie, où M. Ghosn a fait escale.
Il est soupçonné de s'être enfui en prenant un jet privé à l'aéroport international du Kansai, près d'Osaka (ouest du Japon), avec deux complices présumés, selon la télévision japonaise.
Il aurait échappé aux contrôles en se cachant dans un caisson de matériel pour des concerts, selon des médias japonais. Selon Beyrouth, il est ensuite entré "légalement" au Liban muni d'un passeport français.
"C'est moi seul qui ai organisé mon départ", avait-il martelé avant la conférence. Carole Ghosn a elle assuré qu'elle n'était "au courant de rien" concernant la fuite de son mari, qui s'est dit "prêt à rester longtemps" au Liban.
Les autorités japonaises ont dénoncé une évasion "injustifiable", tandis que le groupe automobile Nissan l'a qualifiée d'"extrêmement regrettable".

AFP/VNA/CVN

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