>>Amazon France rend public le montant de ses impôts pour la première fois
>>Washington réitère sa volonté de négocier dans le cadre de l'OCDE
Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire (gauche), et Phil Hogan, commissaire européen au Commerce, à Paris le 7 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après un "long entretien" téléphonique la veille avec son homologue américain, Steven Mnuchin, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a exprimé mardi sa volonté de relancer les négociations avec les États-Unis au sein de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) sur la taxation du numérique.
"Nous sommes convenus de redoubler d'efforts dans les jours qui viennent pour essayer de trouver un compromis sur la taxation numérique dans le cadre de l'OCDE", a affirmé le ministre lors d'un point presse à Bercy, en compagnie du commissaire européen au Commerce, Phil Hogan, qu'il avait rencontré quelques instants auparavant.
"Nous nous sommes donné très exactement 15 jours, jusqu'à notre prochain entretien qui est prévu en marge" du Forum économique de Davos qui se tient du 21 au 24 janvier dans la station alpine suisse, a-t-il précisé.
"Je dis à mes amis américains : rangeons les colts et mettons nous autour de la table", a affirmé le ministre lors de ses voeux aux acteurs économiques, en allusion aux menaces de l'administration Trump de taxer des produits français en représailles contre la taxe sur le numérique.
À ce propos, M. Le Maire a souhaité que "dans cette période de discussion la France ne soit pas frappée par des sanctions américaines", afin d'avancer au sein de l'OCDE pour trouver un accord mondial sur la taxation du numérique qui remplacerait la française.
"S'il devait y avoir des sanctions américaines (...), nous porterions le cas devant l'OMC et nous serions prêts à réagir", a prévenu M. Le Maire.
Soutien européen
Le commissaire européen au Commerce, Phil Hogan, a quant à lui réitéré le soutien de Bruxelles à la France avant de se rendre la semaine prochaine, du 14 au 16 janvier, à Washington pour s'entretenir notamment avec Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce.
Pour adopter des mesures de représailles européennes contre les États-Unis, la France doit toutefois obtenir le soutien d'une majorité qualifiée des 27 États membres et s'assurer notamment de celui de l'Allemagne, elle aussi menacée par des tarifs douaniers américains sur ses exportations de voitures.
Les services de M. Lighthizer ont entendu mardi à Washington une trentaine de chefs d'entreprise et responsables d'organisations professionnelles concernés.
Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce, à Mexico le 10 décembre 2019. |
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"Les tarifs douaniers vont décimer de petites entreprises américaines établies de longue date", a plaidé devant le jury George Kakaty, PDG de Bernardaud aux États-Unis, qui importe de la porcelaine de Limoges.
"Les travailleurs et consommateurs américains souffriront plus de ces tarifs douaniers" que les français, a souligné Joanna Rosenberg, vice-présidente d'un groupe qui importe outre-Atlantique les cocottes alsaciennes Staub.
Pour Nate Herman, vice-président de l'association américaine des vêtements et des chaussures, il s'agit "encore d'une dispute qui n'a rien à voir avec notre industrie".
La France est déjà touchée depuis octobre par des taxes punitives décrétées par Washington en réplique aux subventions accordées à Airbus.
Il y a un an, les États-Unis avaient relancé les négociations sur la taxation du numérique au sein de l'OCDE, qu'ils bloquaient depuis plusieurs années, mais ils ont posé en décembre des conditions rejetées par la France, laissant planer le doute sur la possibilité de trouver un accord mondial avant la fin 2020.
L'administration Trump a menacé il y a un mois de surtaxer "jusqu'à 100%" l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français. Seraient ainsi visés le champagne, des produits laitiers dont l'emblématique roquefort, les sacs à main en cuir, les cosmétiques, la vaisselle en porcelaine ou encore les articles de cuisine en fonte.
La taxe française impose les géants du numérique à hauteur de 3% du chiffre d'affaires réalisé en France.