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Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à Beit Lahia, le 30 août à Gaza |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je suis profondément ému d'être à Gaza aujourd'hui et d'être, malheureusement, le témoin de l'une des crises humanitaires les plus dramatiques qu'il m'ait été donné de voir en de nombreuses années de travail humanitaire aux Nations unies", a déclaré le responsable onusien.
M. Guterres, qui a été Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés (HCR) entre 2005 et 2015, effectuait sa première visite dans le territoire palestinien depuis son entrée en fonctions en janvier.
"Il est important d'ouvrir les barrières" conformément à la résolution 1860 adoptée en 2009 par le Conseil de sécurité de l'ONU en pleine confrontation armée entre le mouvement islamiste Hamas, qui gouverne la bande de Gaza depuis 2007, et Israël, a dit M. Guterres.
L'entourage du secrétaire général de l'ONU a confirmé que ce dernier avait bien à l'esprit les blocus imposés par Israël et l'Égypte à l'enclave, coincée entre ces deux pays et la Méditerranée.
M. Guterres a aussi appelé la communauté internationale à renforcer son soutien humanitaire à la bande de Gaza, et indiqué qu'il avait ordonné le déblocage immédiat de quatre millions de dollars pour les activités de l'ONU dans le territoire.
L'ONU, acteur primordial
La bande de Gaza a connu depuis 2007 une quasi-guerre civile et trois guerres avec Israël. Elle est soumise depuis dix ans à un rigoureux blocus de l'État hébreu selon lequel cette mesure vise à empêcher le Hamas, qualifié de groupe "terroriste", de mener des attaques contre son territoire.
Ce blocus se double d'une fermeture quasi permanente par l'Égypte de sa frontière avec la bande de Gaza depuis 2013. L'Égypte accuse le Hamas de soutenir l'insurrection jihadiste qui ensanglante le Sinaï contigu à Gaza.
L'Égypte a détruit les centaines de tunnels de contrebande qui passaient sous la frontière et représentaient une voie commerciale vitale pour les Gazaouis.
Les blocus étouffent l'économie gazaouie. Le taux de chômage s'élève à 42%, et 80% des Gazaouis sont tributaires d'une aide, selon la Banque mondiale.
L'ONU et les organisations humanitaires sont des acteurs primordiaux dans la bande de Gaza, notamment l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, qui emploie 12.500 personnes.
Aux portes du désert, Gaza souffre d'un manque permanent d'eau et d'électricité. Les Gazaouis ne reçoivent plus que trois ou quatre heures quotidiennes de courant du réseau public depuis que l'Autorité palestinienne, internationalement reconnue mais évincée de Gaza par le Hamas, a décidé de ne plus payer l'électricité livrée aux Gazaouis par Israël.
La bande de Gaza risque de devenir "invivable" d'ici à 2020, s'alarme l'ONU.
M. Guterres a souligné qu'au-delà de l'urgence à court terme, "la solution aux problèmes des Gazaouis n'est pas humanitaire".
''Signal important''
Il a affirmé la nécessité que l'Autorité palestinienne et le Hamas, à couteaux tirés, surmontent leurs dissensions. Pour lui, ces divisions forment un obstacle à un règlement du conflit avec Israël et à la création d'un État palestinien.
La Cisjordanie, où siège l'Autorité palestinienne, et la bande de Gaza "font toutes deux partie de la même Palestine", a-t-il assuré.
M. Guterres, qui a rencontré les officiels de l'Autorité palestinienne mardi 29 août, ne devait pas voir ceux du Hamas, en vertu d'une politique restreignant les contacts politiques avec le mouvement.
Le Hamas a néanmoins salué sa visite dans "la plus grande prison du monde", comme un "signal important" de la prise en compte des souffrances du peuple de Gaza.
Depuis son arrivée dimanche 27 août à Jérusalem, M. Guterres a évolué sur la corde raide entre les intérêts israéliens et palestiniens, alors que l'entreprise de paix est enlisée.
Il a dit son "rêve" de voir un État palestinien coexister avec Israël, a critiqué la colonisation israélienne, les violences et les incitations à la haine, et a défendu l'impartialité de l'ONU contre les accusations de parti pris de part et d'autre.
Avant sa visite à Gaza, M. Guterres a rencontré des civils israéliens vivant près de la bande de Gaza, parmi les premiers exposés en cas de nouvelle confrontation.
Des officiers israéliens l'ont briefé sur la situation sécuritaire et il a visité un tunnel du Hamas passant sous la frontière et découvert avant la guerre de 2014.
AFP/VNA/CVN