Gardel et Mussolini : l'Uruguay fête les 90 ans du tout premier Mondial

Un joueur menacé par Benito Mussolini, la visite du chanteur Carlos Gardel, la rivalité avec l'Argentine : l'Uruguay fête jeudi 30 juillet le 90e anniversaire de la finale de la première Coupe du monde de l'histoire du football.

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Des supporters du Nacional célèbrent une victoire, le 9 novembre 2014 au stade Centenario de Montevideo.
Photo : AFP/VNA/CVN

La FIFA avait trois bonnes raisons de choisir l'Uruguay comme pays-hôte de ce "Mundial" inaugural : la sélection était double championne olympique (1924, 1928) ; l'année 1930 marquait le centenaire de la Constitution du pays ; "enfin, raison la plus importante, l'Uruguay avait promis de payer les voyages et les frais de tous ceux qui viendraient", raconte le journaliste sportif Alfredo Etchandy.

Le petit pays sud-américain a réussi à construire un stade, "El Centenario", en un temps record : six mois seulement, dans un pays en pleine effervescence surnommé à l'époque "la Suisse de l'Amérique" et en quête d'un titre mondial pour couronner le tout, explique le sociologue Leonardo Mendiondo.

Treize sélections ont fait le déplacement pour Montevideo, toutes invitées sans passer par une phase qualificative, ce qui n'est plus jamais arrivé depuis. Du 13 au 30 juillet, se sont retrouvées la France, la Belgique, la Roumanie et la Yougoslavie, toutes venues d'Europe en paquebot. Côté Amériques, il y avait le Chili, l'Argentine, le Brésil, la Bolivie, le Pérou, le Paraguay, le Mexique, les États-Unis et, donc, l'Uruguay.

Une finale prévisible

L'Uruguay et l'Argentine se sont qualifiés sans encombre pour la finale, revanche du tournoi olympique remporté deux ans plus tôt par la "Celeste" à Amsterdam.

"Il y avait là des rivaux traditionnels ayant remporté toutes les compétitions importantes depuis 1900, que ce soit au niveau des clubs ou des sélections", souligne Etchandy.

De nombreuses anecdotes ont rendu ce match mémorable, y compris la visite rendue aux deux équipes, la veille de la finale, par Carlos Gardel, le mythique chanteur de tango argentin... né à Toulouse.

Selon les journaux de l'époque, sur les 70.000 spectateurs entrés ce jour-là dans le Centenario, près de 15.000 étaient venus d'Argentine en franchissant le Rio de la Plata dans un bateau à vapeur.

"Nous n'avons pas bien traité les Argentins", reconnaît Etchandy, "c'était un match très dur". L'un des joueurs argentins, Luis Monti, a même été menacé de mort et "a fini le match perturbé, en jouant très mal", se souvient le journaliste.

Selon certaines versions, Monti aurait été menacé par deux Italiens envoyés par Benito Mussolini lui-même, qui souhaitait que le meilleur joueur argentin porte le maillot italien. Naturalisé en 1932, Monti a joué et remporté le Mondial de 1934 pour les Azzurri.

Autre anecdote, il n'y avait pas encore de ballon officiel et chaque finaliste souhaitait jouer avec le sien.

L'arbitre Jean Langenus était "un Belge un peu préoccupé par la situation. Il avait demandé un laisser-passer pour repartir le plus vite possible", se remémore Alfredo Etchandy.

Langenus a donc décidé que le match se jouerait avec deux ballons : celui des Argentins en première période, ils menaient 2-1 à la pause ; celui des Uruguayens en deuxième, ils ont remporté cette finale 4-2, et donc la première Coupe du monde de la FIFA.

Un Mundial "trop lointain"

Des supporters uruguayens déplient un drapeau géant, le 10 juin 2012 au stade Centenario de Montevideo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette finale historique n'a pas marqué le début de la rivalité entre les deux pays séparés seulement par le Rio de la Plata, qui durait depuis déjà trois décennies, mais c'était une étape importante, selon Leonardo Mendiondo.

"Elle fait partie de tout ce qui a cimenté l'identité uruguayenne autour du football", résume le sociologue. Depuis, elle a disparu dans l'ombre de la finale mythique de 1950, au Maracana de Rio, remportée 2-1 par la "Celeste" face au Brésil : le célèbre "Maracanazo".

"Tous les joueurs de 1930 sont morts, alors que ceux de 1950 ont continué à participer aux célébrations jusqu'à très récemment", sourit le journaliste.

"Les gens ont besoin d'émotions plus proches de leur époque", ajoute le sociologue. Le Mondial de 1930 "fait désormais partie de l'histoire", mais il est "trop lointain, les gens ne l'ont pas vécu".


AFP/VNA/CVN

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