>>Automobile: Renault et Fiat Chrysler veulent former un géant mondial
Les logos de Fiat, Lancia, Abarth, Jeep et Alfa Romeo, marques du constructeur automobile Fiat Chrysler, le 27 mai à Turin. |
En matière de fusion, ce sont "les salariés qui paient le prix fort" car "on sait que lorsqu'on parle de synergies", d'"économies d'échelle", cela conduit à "la suppression des doublons", à des "suppressions d'emplois" et "cela concerne à la fois les salariés de Renault et ceux de Fiat", a déclaré Fabien Gâche, délégué central CGT du constructeur automobile français, lors d'une conférence de presse. Le constructeur italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a affirmé lundi 27 mai dans un communiqué que la fusion n'entraînerait aucune fermeture de sites de production. Il a aussi estimé à 5 milliards d'euros les synergies annuelles pouvant être générées par ce rapprochement, notamment grâce à des économies sur les achats ou la recherche et développement. Au total, 8,7 millions de véhicules seraient vendus chaque année par le groupe fusionné, classé troisième constructeur automobile mondial.
Au-delà de Renault, "il est évident que la suppression des doublons aura des conséquences sur toute la filière automobile française", dont les salariés "sont impactés par la stratégie des donneurs d'ordre", a ajouté M. Gâche, en notant qu'il était "trop tôt pour estimer le nombre d'emplois menacés" par ce projet. Evoquant l'Alliance scellée depuis 1999 par Renault avec le groupe japonais Nissan, le syndicaliste CGT a dénoncé "les prises de participation capitalistiques" qui "n'ont pas d'impact positif sur les volumes de production et donc sur l'emploi en France". De 2005 à fin 2018, les ventes de la "gamme historique" de Renault ont baissé "de 13%", souligne la CGT. Le deuxième syndicat du groupe relève aussi que, sur la même période, "plus de 22.000 emplois" ont été supprimés en France.
"Beaucoup de questions"
Autre analyse pour la CFDT Renault, qui juge que ce mariage "à 50% - 50%" avec FCA est "une opportunité pour Renault et l'Alliance" (avec les japonais Nissan et Mitsubishi), dans une industrie automobile gourmande en investissements. "Les synergies de nos deux groupes avec l'Alliance nous positionneront parmi les meilleurs constructeurs mondiaux", estime le troisième syndicat du constructeur français. Mais "beaucoup de questions restent en suspens", retient toutefois dans un communiqué la CFDT Renault, qui promet d'être "attentive".
Le syndicat "veillera tout particulièrement à préserver l'emploi, notamment dans les sites de production et dans l'ingénierie en France". Il souhaite aussi une gouvernance d'entreprise qui "intègre les partenaires sociaux". "Les salariés ont besoin de rêver et de se motiver sur un projet industriel et technologique, et non sur un projet capitalistique", a estimé sur Twitter Franck Daoût, délégué central CFDT, en plaidant pour un "renforcement de l'activité en France" et pour "la préservation de l'équilibre de l'Alliance" avec Nissan et Mitsubishi.
Si l'emploi préoccupe la CGT, le syndicat s'inquiète également du poids réservé dans le groupe fusionné à l'État français, actuellement premier actionnaire de Renault, dont il possède 15% du capital. Cette part descendrait logiquement à 7,5% dans le nouvel ensemble. Pour la CGT, l'État doit conserver "une minorité de blocage" au sein de la future entité, afin de "faire prévaloir les intérêts français". Le syndicat, qui craint que l'actionnaire italien ne choisisse "de privilégier sa base nationale", a demandé lundi matin 27 mai un rendez-vous avec le gouvernement. Au programme aussi pour la CGT: une réunion "dans les 15 jours" avec "tous les syndicats Renault et Fiat" en Europe.
AFP/VNA/CVN