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Un bouchon de flacon est passé à la meuleuse à l'usine Waltersperger, située à Blangy-sur-Bresle. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Après une très forte baisse d'activité pendant deux ans, on est reparti en flèche en 2010", résume William Varrall, directeur de Glass Vallée, qui fédère 70 entreprises de la vallée de la Bresle. La vallée - étalée sur une cinquantaine de kilomètres aux confins de la Seine-Maritime, de la Somme et de l'Oise - se présente comme le premier pôle mondial du flaconnage de luxe.
Des moulistes aux décorateurs en passant par les fondeurs et les verriers, les flacons de luxe font travailler près de 8.500 personnes dont 60% de verriers, avec 15 à 20% d'intérim, un effectif "globalement stable depuis plus de 10 ans", pour un chiffre d'affaires de 1,5 à 2 milliards d'euros, selon M. Varrall.
La CGT parle elle plutôt de 7.000 personnes avec une "érosion" des effectifs au gré des investissements dans l'automatisation par non remplacement des départs.
Les leaders sont Verescence (qui emploie 1.300 personnes en France dont plus de 800 à Mers-les-Bains (Somme), racheté en 2010 par le fond d'investissement américain Oaktree Capital management; le groupe familial Pochet du Courval (1.700 personnes dans le flaconnage en France dont 1.400 à Guimerville, en Seine-maritime), ou Brosse (300 salariés à Vieux-Rouen-sur-Bresle, en Seine-maritime), filiale du groupe italien Zignago.
La filière investit "beaucoup" et embauche mais elle peine à recruter en l'absence d'école de verriers, selon M. Varrall.
"Les salaires du secteur ne font plus autant rêver qu'il y a 25 ans. Les conditions de travail c'est peut-être un peu mieux mais ça reste des métiers pénibles", que l'on travaille près du four ou pas, ajoute le délégué syndical central de la CGT de Verescence Ludovic Krzyworzeka.
L'équation est "de plus en plus compliquée" avec une main d'œuvre qui représente la moitié du chiffre d'affaires, des prix "sous forte pression" et une rentabilité faible, explique un industriel.
"Il va falloir que nos chers clients, qui affichent des résultats mirobolants, que ce soit LVMH, l'Oréal, etc, fassent attention à préserver leurs ressources made in France", ajoute M. Varrall.
Selon un rapport présenté en octobre à l'Assemblée nationale, sur un flacon vendu 100 euros en boutique, seuls trois euros sont attribués à l'ensemble de la filière verrière contre 25 euros à la publicité et au marketing, 35 euros minimum à la distribution et 15 euros à la marge de la marque de parfum.
Côté parfumeurs "le centre décisionnaire est concentré: 80% du marché étant détenu par sept grands groupes", souligne un industriel verrier.