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Chariot de supermarché rempli de produits alimentaires. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon l'Institut des politiques publiques (IPP), lié à l'École d'économie de Paris, tous les ménages auront vu leur niveau de vie (c'est-à-dire l'ensemble de leurs revenus après impôts et prestations) progresser d'environ 1,6% depuis le début du quinquennat, sauf les 5% de ménages les plus pauvres, qui ont perdu 0,5% en moyenne.
Même si ces résultats concernant les plus pauvres peuvent recouvrir "des situations très hétérogènes", nuance l'étude, le niveau de vie des ménages les plus modestes a été grignoté par de moindres revalorisations de certaines prestations et par la hausse des taxes sur l'énergie et le tabac, qui pèsent davantage en proportion de leur revenu.
À l'inverse, les 1% les plus riches ont engrangé la plus importante progression (en pourcentage), avec un gain moyen de 2,8%. Et parmi eux, les 0,1% les plus riches ont encore davantage gagné (environ +4%).
Ces derniers ont en particulier bénéficié en début de quinquennat de la suppression de l'ISF, remplacé par l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI), ou encore de l'instauration du prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital.
Une partie des ménages les moins aisés ont eux aussi vu leurs revenus progresser de 2% environ, grâce à la revalorisation de la prime d'activité et du minimum vieillesse.
Prime au travail
Selon l'IPP, le fait de travailler ou non s'est révélé "crucial" dans l'évolution du niveau de vie des ménages durant le quinquennat, et c'était d'ailleurs la priorité affichée par le gouvernement depuis 2017.
Les effets des mesures "sont globalement très positifs sur les ménages actifs", avec une hausse du niveau de vie de 3,5% en moyenne, alors qu'ils sont "globalement assez limités" chez les retraités, a détaillé Paul Dutronc-Postel, un des auteurs de l'étude lors d'une présentation.
Le pouvoir d'achat est le sujet jugé le plus important par les Français. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le mois dernier, le gouvernement avait présenté un tout autre bilan de sa politique. Selon une étude de la direction du Trésor au ministère de l'Économie, le niveau de vie des ménages aurait progressé de 4% pour les 10% de ménages les plus modestes, et de 2% en moyenne pour la plupart des ménages.
De quoi invalider la critique d'un président de la République "président des riches", qui lui colle à la peau depuis la suppression de l'ISF et accentuée par le mouvement des "gilets jaunes".
Contexte d'inflation
Une contradiction que l'IPP explique par des différences de méthode entre l'exécutif et lui.
Au ministère de l'Économie, on pointe notamment le fait que l'IPP n'a pas pris en compte certaines mesures "qui bénéficient directement (aux ménages) au bas de la distribution", comme le 100% santé, MaPrimeRenov ou le contrat d'engagement jeunes, ni des mesures "entrées en vigueur sous ce quinquennat mais décidées avant".
D'ailleurs, l'institut reconnaît que, s'il avait utilisé dans son étude les mêmes hypothèses que le gouvernement, il aurait trouvé des résultats proches, soit une progression de 3% du niveau de vie des 10% les plus pauvres, et d'environ 1,5% pour les 10% les plus aisés.
Mais l'étude tombe mal alors que le pouvoir d'achat est le sujet jugé le plus important par les Français, selon divers sondages, et que depuis plusieurs mois l'exécutif s'évertue à contrer le retour de l'inflation. L'opposition multiplie de son côté promesses et propositions, en particulier pour augmenter les salaires.
Cette étude montre "l'aspect profondément anti-redistributif" de la politique du gouvernement en faveur des plus aisés, a d'ailleurs dénoncé le député La France insoumise Eric Coquerel, lors d'une table ronde organisée après la présentation de l'étude.
Le député Modem Jean-Noël Barrot y a vu "la validation de l'effet moyen d'environ +2%" sur le niveau de vie des décisions du gouvernement, quand son collègue LREM, Laurent Saint-Martin, a rappelé que les mesures fiscales en faveur des plus aisés avaient le but "politique" d'améliorer "le climat d'investissement" dans le pays.
AFP/VNA/CVN