COVID-19
France : la vaccination pour tous sur la ligne de départ

Fini les critères d'âge ou d'état de santé : à partir de lundi 31 mai, toute la population majeure de France sera éligible à la vaccination contre le COVID-19, "étape clé" pour éviter un rebond de l'épidémie alors que les restrictions s'allègent peu à peu.

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Des personnes attendent après avoir été vaccinées contre le COVID-19 le 26 mai à Bordeaux.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je suis totalement convaincu qu'on va voir beaucoup de monde se faire vacciner", a estimé sur LCI Alain Fischer, le "monsieur vaccins" du gouvernement, qualifiant ce nouvel élargissement de la campagne d'"étape clé" pour protéger la population et "retrouver une vie de plus en plus normale". Les candidats doivent néanmoins s'armer de patience : les réservations, qui ont démarré jeudi, arrivent de manière "progressive" sur les plateformes internet spécialisées (Doctolib, Keldoc, Maiia), selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Avec "28 millions de personnes adultes éligibles à la vaccination et non vaccinées" pour "en moyenne 500.000 rendez-vous disponibles chaque jour", Doctolib a toutefois prévenu qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les demandes au regard du "nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna".

Alors qu'une nouvelle accélération des livraisons est prévue en juin, avec 76,7 millions de doses attendues après 44,5 millions en mai, "il faut aller encore plus vite", a estimé la maire (PS) de Nantes Johanna Rolland sur France 3. Il y a "encore trop de gens" en attente d'un rendez-vous, a-t-elle jugé. Le nombre de professionnels mobilisés permettrait de "vacciner plus. La question c'est l'approvisionnement", a assuré la présidente de France Urbaine, fédération des agglomérations.

"Sans vaccination massive, l'épidémie pourrait repartir", car "l'arrivée de nouveaux variants plus transmissibles" fait grimper la proportion de la population qui doit être vaccinée "pour empêcher la circulation du virus", prévient aussi dans le JDD Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur. Une prudence justifiée, selon Alain Fischer, qui observe que "les courbes vont dans le bon sens" mais qu'"on n'est pas tout à fait à l'abri" d'une reprise.

Graphique montrant l'évolution des hospitalisations et des réanimations en France, au 30 mai.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les indicateurs sanitaires ont continué de s'améliorer dimanche, avec 8.541 cas positifs recensés à travers le pays, tandis que 16.775 malades du COVID étaient soignés à l'hôpital, dont 2.993 en services de soins critiques, le chiffre le plus faible depuis fin janvier.

"Quinze jours cruciaux"

"Si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictions, nous passerons un été tranquille", estime Arnaud Fontanet. Pour ça, "les quinze jours à venir seront cruciaux", prévient le membre du conseil scientifique, qui guide le gouvernement, appelant les Français à ne pas relâcher les gestes barrière, surtout à l'intérieur où le risque de contamination est plus élevé.

Quant au port du masque en extérieur, avec l'arrivée des beaux jours, "la crainte est que beaucoup de non-vaccinés en profitent" pour le "tomber", relève l'épidémiologiste.  Plus optimiste, le Pr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux, anticipe dans Le Parisien qu'on pourra enlever le masque "à partir de début juin", dans certains endroits peu denses, "si la dynamique positive se confirme". Et à condition de continuer à appliquer les autres gestes barrière : désinfection des mains, distanciation... surtout pour les non-vaccinés.

Calendrier de la levée des mesures de restrictions et de la vaccination contre le COVID-19 en France.
Photo : AFP/VNA/CVN

Plus de 25,4 millions de personnes ont reçu au moins une injection (soit 38% de la population totale et 48,4% de la population majeure), parmi lesquelles 10.777.150 personnes ont reçu deux doses. Au 15 juin, "il y a de bonnes chances qu'on soit au-delà" de l''objectif du gouvernement de 30 millions de primo-vaccinés", a estimé Alain Fischer.

La suite est en revanche plus incertaine, et les autorités sanitaires veulent éviter que la vaccination ne plafonne cet été à un niveau insuffisant. Le mot d'ordre est donc de faciliter la vaccination des personnes isolées et de motiver les plus jeunes par "des campagnes d'information ciblées", pour le Pr Fischer. En revanche, la "vaccination obligatoire", recommandée par l'Académie de médecine, serait "la dernière option en cas d'échec" et n'est "pas la priorité", a-t-il estimé.

Autre levier pour accélérer la protection collective de la population : la vaccination des adolescents, après le feu vert vendredi 28 mai de l'Agence européenne du médicament (EMA) au Pfizer/BioNTech pour les 12-15 ans. La Haute autorité de santé (HAS) doit se prononcer en milieu de semaine pour la France. Si l'ouverture aux 16-18 ans est "une affaire de jours", selon Alain Fischer, pour les 12-15 ans, "le comité d'éthique a été saisi de cette question" et le choix du calendrier (dès l'été ou à la rentrée) "est plus une question pratique de disponibilité de doses et d'organisation", a-t-il ajouté.


AFP/VNA/CVN

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