>>Intempéries en France : quatre morts dans le Var
En moins de trois mois, «il y a eu quatre à cinq fois plus d’événements» que dans une année normale, constate Alix Roumagnac, le président de Prédict, une société d’expertise météorologique.
Pas moins de 14 épisodes d’inondations ont touché le Sud-Est, des Pyrénées-Orientales aux Alpes-Maritimes, en passant par l’Hérault, le Gard, le Var ou même la Corse entre le 17 septembre et le 30 novembre.
Les inondations à Grabels le 7 octobre. Photo : AFP/VNA/CVN |
«Normalement, dans une année, on a trois, quatre événements de ce style-là», explique le dirigeant de cette société, qui aide les communes dans la gestion des risques inondations.
Plus que l’intensité, c’est donc le nombre d’événements «qui est exceptionnel», relève également François Jobard, prévisionniste à Météo France. «Avant tout, ce qui pilote ces +épisodes méditerranéens+, c’est la dynamique atmosphérique, notamment le flux de sud récurrent», explique-t-il, soulignant notamment l’absence quasi-totale de mistral, un vent du nord, durant cette période.
1,8 tonne d’eau par mètre carré
En cumul de précipitations, des records ont été battus dans de nombreuses stations météo du Sud-Est. Il est tombé près de 1.800 L/m2, soit 1,8 tonne d’eau par mètre carré en certains endroits de l’Ardèche, un département «quasi-systématiquement touché» par les vagues pluvio-orageuses, selon le météorologue. Trois fois plus qu’une année de pluie à Paris.
Des records ont également été battus, et de beaucoup, dans le Gard, la Lozère, l’Hérault ou le Var.
Les météorologues ne lient pas directement cette année exceptionnelle au réchauffement climatique : «Ce qu’on observe depuis les années 50, c’est qu’il n’y a pas de tendance à l’augmentation des fortes pluies». Et il y a toujours une «grande variabilité» du nombre d’événements «d’une année sur l’autre», selon M. Jobard.
Cette séquence s’est, en tout cas, révélée difficile à vivre pour les habitants des communes exposées. «On est un peu fatigués», confie René Revol, le maire de Grabels, près de Montpellier.
La commune a été touchée à trois reprises cette année, dont un épisode particulièrement violent dans la nuit du 6 octobre : «280 L/m2 en deux heures», raconte l’élu, «un mur d’eau». Des routes dévastées, de nombreuses maisons inondées.
Pas de perte en vies humaines, mais un «traumatisme» pour les habitants : «Les gens ne dorment plus», explique-t-il.
Dans la localité voisine de Juvignac, le maire Jean-Luc Savy raconte lui aussi avoir frôlé des drames : «On a eu pas mal d’histoires de gens qui ont nagé dans leur jardin, coincés sur les toits et qui ont été sauvés».
Travail «remarquable» des pompiers
Des dégâts considérables, il y en a eu, à Grabels et Juvignac le 6 octobre, mais aussi à La-Londe-les-Maures (Var) le 27 novembre ou encore à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) le 29 novembre.
Pire, la pluie a tué : deux très jeunes enfants et leur mère ont péri à Cruviers-Lacours (Gard), lorsque leur voiture a été emportée par les eaux le 15 novembre; quatre personnes sont mortes dans un camping à Lamalou-les-Bains (Hérault) le 18 septembre, quatre autres dans le Var le 27 novembre et une fillette reste disparue... Au total, 24 personnes ont péri lors d’inondations dans le Sud-Est depuis le début de l’année, 17 pendant l’automne.
Mais vu l’ampleur et la fréquence des événements, le bilan aurait pu être bien plus lourd. Les élus soulignent le travail des secours et notamment des pompiers, qui ont été extrêmement sollicités. «Ils sont extraordinaires. Leur travail est remarquable», juge ainsi René Revol.
«Ils ont vécu des événements difficiles. Ils ont fait face», commente le colonel Christophe Risdorfer, patron du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) de l’Hérault, qui met en avant «les liens» entre services départementaux.
À plusieurs reprises, les pompiers des départements voisins ont prêté main forte à ceux de l’Hérault. Lors du dernier épisode le 30 novembre, ce sont ces derniers qui sont allés renforcer leurs collègues des Pyrénées-Orientales.
AFP/VNA/CVN