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Ces deux enclaves au Maroc, occupent à peine 32 km2 où vivent quelque 170.000 personnes.
Ceuta est juste face au détroit de Gibraltar, reliant l'Atlantique à la Méditerranée. Ici, l'appel du jihad est fort, puisque c'est de son quartier miséreux d'El Principe que sont partis la plupart des Espagnols ayant rejoint le groupe État islamique.
À 400 km à l'est, se trouve, toujours face à la mer, Melilla, plus proche de l'Algérie.
Des migrants escaladent les grillages qui séparent le frontière entre l'enclave espagnole de Melilla et le Maroc, le 3 avril dernier. |
Deux territoires que le Maroc considère comme siens et que l'Espagne ne veut en aucun cas céder. Ce sont les deux seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Union européenne (UE).
Chaque semaine, des centaines de migrants tentent d'escalader les hautes barrières entourant ces enclaves, surveillées respectivement par environ 600 gardes civils.
Plus que jamais elles sont un point d'entrée pour candidats à l'asile fuyant les conflits en Syrie, Libye, Irak, ou encore au Mali et au Soudan.
Les tentatives ne cessent d'augmenter, témoignent les autorités interrogées sur place. À Melilla notamment : en 2014, près de 20.000 personnes ont voulu entrer clandestinement. Quelque 4.700 personnes ont réussi, soit plus que dans les deux enclaves en 2013.
"La pression est maximum", se plaint le préfet de l'enclave Abdelmalek El Barkani. "Et le problème n'appartient pas seulement à l'Espagne et au Maroc, mais aussi à l'Union européenne". "Nous sommes complètement débordés", admet aussi une source de la garde civile.
Tous les subterfuges sont bons. Des enfants et des adultes se glissent dans les chargements de camions, sous les véhicules, à l'intérieur de sièges vidés ou sous les tableaux de bord des voitures, au-dessus du moteur.
À Melilla, les plus robustes tentent d'escalader la haute barrière (six mètres) séparant le Maroc de l'Espagne, rendue tristement célèbre par une photo où l'on aperçoit des grappes de migrants perchés sur le grillage surplombant un golf verdoyant et des golfeurs semblant pratiquer ce sport dans la plus complète indifférence.
Ils y restent jusqu'à tomber de fatigue ou chuter sous les coups des forces de sécurité.
Abou Diarrisso, 22 ans, Ivoirien, a réussi. "Il faut être fort. Il faut être un lion", raconte ce clandestin rencontré à Melilla, fier d'être le seul qui a pu escalader la grille parmi un groupe de 200 clandestins.
Il arrive aussi que des gardes civils tombent lors de ces affrontements autour d'une barrière. "C'est une tragédie pour les migrants, mais aussi pour nous", insiste une source de la garde civile, en soulignant qu'en 2014, 38 agents ont été blessés.
À Ceuta, en février, une quinzaine de migrants se sont noyés en tentant d'accéder à l'enclave par la mer.
À Bruxelles, le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pour sa part appelé les pays membres de l'UE à dépenser davantage pour la protection des frontières, un budget qui reste pour l'instant limité à 90 million d'euros.
AFP/VNA/CVN