France: à 9,1%, le chômage ne reflue toujours pas

Après un reflux fin 2017, le taux de chômage en France est resté stable au 3e trimestre, collé à 9,1%, et n'a pas profité d'une meilleure croissance de la deuxième partie de l'année ni des réformes gouvernementales en cours.

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Le taux de chômage est stable, à 9,1% de la population active en France entière, au 3e trimestre, selon l'INSEE.
Photo: AFP/VNA/CVN

"On ne peut pas régler 30 ans de chômage de masse en un an seulement", s'est récemment défendue la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Son gouvernement table sur un taux à 7% à la fin du quinquennat.

Outre les ordonnances réformant le droit du travail en vigueur depuis un an, il mise sur une réforme de la formation professionnelle ainsi qu'une révision des règles de l'assurance chômage - actuellement en négociation - pour y parvenir.

La France entière, hors Mayotte, compte 2,73 millions de chômeurs, selon les chiffres de l'Insee publiés mardi 20 novembre. Sur un an, le taux de chômage est en recul de 0,5 point, et retrouve son niveau de début 2011. Mais, il ne parvient toujours pas à passer sous la barre des 9% comme à la fin 2017.

En France métropolitaine, ce taux s'établit à 8,8%, ce qui représente 2,6 millions de chômeurs, soit 22.000 chômeurs de plus, au sens du Bureau international du travail (BIT).

Malgré une meilleure croissance au troisième trimestre, venant après un trou d'air sur la première moitié de l'année, le chômage n'a pas reculé. Dans sa note de conjoncture publiée en octobre, l'Insee programmait une baisse d'ici à la fin de l'année.

"Les créations d'emplois ne sont pas suffisantes pour faire baisser le chômage et absorber la population active", observe Bruno Ducoudré, économiste à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), organisme qui anticipait plutôt une baisse.

Mais, relève-t-il, "nous avons des indicateurs qui nous disent que nous sommes dans la bonne direction", comme la diminution du sous-emploi, autrement dit du temps partiel subi ou encore "le taux d'emploi en CDI" qui progresse de 0,6 point sur un an.

Sur ce trimestre, le chômage de longue durée diminue également légèrement (-0,2 point) et sur un an (-0,8 point). Au total, un million de Français déclarent chercher un emploi depuis plus d'un an.

Enfin, le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion des 15-64 ans qui travaillent, augmente légèrement (+0,1 point), comme lors du précédent trimestre, pour s'établir à 65,9%, "son plus haut niveau depuis les années 80", relève selon l'Insee.

"Petite musique assez désagréable"

Pour les prochaines semaines, l'OFCE anticipe une meilleure consommation des ménages, du fait de la suppression des cotisations salariales assurance chômage et de la baisse de la taxe d'habitation pour certains ménages.

À plus long terme, relève M. Ducoudré, il faut aussi prendre en compte la politique "volontariste" du gouvernement en matière de formation, qui souhaite faire mieux correspondre les besoins des entreprises et l'offre des demandeurs d'emplois.

Outre la réforme de la formation professionnelle votée cet été, et dont l'objet est une simplification et un plus large accès, l'exécutif a conçu un vaste dispositif dit "plan investissement compétences" (PIC), qui prévoit de former un million de chômeurs et de décrocheurs.

À cet égard, le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) reste enkysté au-dessus des 20%, à 21,3% pour la France entière et 20,6% pour la France métropolitaine. À noter que le taux de chômage des hommes de 15-24 ans est en hausse de 1 point.

Parallèlement, la négociation en cours sur l'assurance chômage, un dossier rouvert à la surprise générale par Emmanuel Macron cet été, doit, outre un important volant d'économies (3 à 3,9 milliards d'euros sur cinq ans), accélérer le retour à l'emploi.

Les partenaires sociaux ont indiqué qu'ils allaient demander à Pôle emploi - dont les agents étaient appelés à la grève mardi pour protester contre des suppressions d'effectifs - d'accélérer l'accompagnement du demandeur d'emploi et son entrée en formation.

Numéro deux de la CFDT, Marylise Léon s'est émue mardi 20 novembre sur France Info de la "petite musique assez désagréable du gouvernement comme quoi l'assurance chômage est trop généreuse et comme quoi les chômeurs ne chercheraient pas vraiment de travail".

AFP/VNA/CVN

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