Nombreuses questions après l'arrestation de Ghosn

L'arrestation de Carlos Ghosn, bâtisseur de l'empire automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, a provoqué la stupeur au Japon, en France et dans l'ensemble du monde automobile, où l'on s'interroge sur les conséquences du scandale pour le groupe.

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Carlos Ghosn, à Maubeuge (France), le 8 novembre.

Accusé d'avoir dissimulé au fisc une part importante de ses confortables revenus, le dirigeant de 64 ans était toujours en garde à vue mardi 20 novembre dans un centre de détention de Tokyo au lendemain de son arrestation à la sortie de son jet privé.
Tous les journaux nippons titraient mardi 20 novembre sur "la chute d'un réformateur charismatique" dont la soudaine disgrâce pose de nombreuses questions.
Selon un communiqué du parquet, M. Ghosn "a conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015". La somme de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros au cours actuel) a ainsi été déclarée aux autorités fiscales alors que M. Ghosn a gagné près de 10 milliards de yens sur la période, précise le parquet.
L'interpellation du Franco-Libano-Brésilien est l'aboutissement d'une enquête interne de plusieurs mois menée par Nissan, qui a transmis les informations au ministère public.
Lors d'une conférence de presse tenue lundi soir, le président exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, a également mentionné "de nombreuses autres malversations, telles que l'utilisation de biens de l'entreprise à des fins personnelles".
Selon les médias locaux, une filiale de Nissan a financé l'achat de luxueuses résidences dans quatre pays, propriétés dans lesquelles M. Ghosn se rendait gratuitement à sa guise. Il aurait en outre, selon la chaîne publique NHK, empoché des sommes déclarées au nom d'autres administrateurs.
"Une question d'argent"
M. Saikawa a eu des mots très durs contre son ancien mentor, tombé pour avoir trop concentré les pouvoirs, selon ses mots. "C'est un problème que tant d'autorité ait été accordée à une seule personne", a-t-il déclaré au siège du groupe à Yokohama, en banlieue de Tokyo, dénonçant "le côté obscur de l'ère Ghosn".
Dès jeudi 22 novembre, le conseil d'administration de Nissan se prononcera sur le limogeage de son président. Mitsubishi Motors (MMC) a annoncé une décision similaire.
Les actions des deux groupes ont chuté mardi 20 novembre à la Bourse de Tokyo, clôturant en baisse de 5,45% pour Nissan et de 6,84% pour MMC. Après avoir été mis sur un piédestal pour avoir sauvé Nissan de la faillite au tournant des années 2000, puis plus récemment Mitsubishi Motors, tout en forgeant une alliance solide avec le groupe français Renault, Carlos Ghosn était mardi jeté en pâture.
"Il est cupide. À la fin, ce n'est qu'une question d'argent", lançait ainsi un responsable de Nissan dans le quotidien Yomiuri. "Il demandait à ses subordonnés de remplir des objectifs difficiles, mais lui-même continuait à percevoir un salaire élevé même quand les activités de Nissan n'allaient pas si bien", ajoute le journal.
Au siège de Nissan à Yokohama, en banlieue de Tokyo, les employés étaient abasourdis. "C'était totalement inattendu, je ne sais que penser", a confié un employé de 38 ans au journal économique Nikkei. "Cela arrive au pire moment", dit-il, alors que Nissan a été touché par deux scandales successifs causés par des lacunes dans l'inspection des véhicules au Japon.

AFP/VNA/CVN

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