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Un vétérinaire examine le cadavre d'un singe à l'Institut municipal de médecine vétérinaire de Rio au Brésil le 8 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis le début de l'année, 238 singes ont été retrouvés morts dans cet État du sud-est du Brésil, contre 602 pour toute l'année dernière, ont déploré les services sanitaires de la ville de Rio, qui ont lancé une campagne de sensibilisation de la population.
Sur ce total, 69% des singes ont présenté des signes d'agression humaine, la plupart ayant été tués à coups de bâton, d'autres empoisonnés. Les autres sont morts en général de maladie.
Tous sont examinés de près dans un laboratoire qui reçoit au quotidien les singes retrouvés morts dans l'État de Rio, pour évaluer la présence de virus, comme celui de la fièvre jaune.
La maladie ayant tué 25 personnes dans cet État depuis le début de l'année, la population s'est ruée vers les vaccins et certains se sont retournés contre les singes.
"Les gens doivent comprendre que c'est le moustique qui transmet le virus de la fièvre jaune. Le singe est une victime. Et s'il n'y a plus de singe dans la nature, les moustiques vont s'attaquer à l'homme", a expliqué Fabiana Lucena, vétérinaire responsable de ce laboratoire.
Sur son plan de travail, une dizaine de petits singes morts sont alignés, prêts à être autopsiés.
"Celui-ci présente de multiples fractures, à la mâchoire, aux cervicales, ainsi que de nombreux traumatismes crâniens", explique-t-elle, en palpant délicatement la tête d'un primate.
Les singes arrivent au laboratoire après avoir été retrouvés morts par des habitants sur la voie publique, parfois en pleine ville.
Un numéro de téléphone spécial a été mis en place par la mairie pour que la population puisse signaler la présence de cadavres de primates afin qu'ils soient retirés par les services sanitaires.
"Quand les premiers décès (d'humains) liés à la fièvre jaune ont été annoncés cette année, à la mi-janvier, on recevait parfois une vingtaine de singes morts par jour, dont environ 18 présentant des signes d'agression", souligne la vétérinaire.
Sentinelles
Au laboratoire, chaque singe mort fait l'objet d'une autopsie et, dans certains cas, des fragments d'organes sont envoyés à la Fondation Osvaldo Cruz, centre renommé d'épidémiologie, où seront identifiés d'éventuels cas de maladies comme la fièvre jaune.
Des cadavres de singe à l'Institut municipal de médecine vétérinaire de Rio au Brésil le 8 février. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Une fois dûment examinés, les cadavres de primates sont incinérés dans un crématorium situé au sein même des installations des services sanitaires.
"Les singes servent de sentinelle, ils nous montrent où se trouve le virus", explique Fabiana Lucena.
"Pour mettre en place une campagne de vaccination plus efficace, il faut identifier les zones où des singes sont morts de fièvre jaune. Mais quand l'être humain se met à les tuer, la traçabilité du virus devient plus difficile", conclut-elle.
Des massacres de singes ont également été constatés dans d'autres régions du Brésil, notamment les États voisins de Sao Paulo et Minas Gerais, où ont été recensés le plus grand nombre de cas de fièvre jaune.
À Sao Paulo, une équipe de biologistes travaillant dans un parc de la ville a lancé sur les réseaux la campagne #Freemacaco après avoir recueilli deux bébés singes orphelins suite à la mort de leur mère, brutalement tuée à coups de bâtons.
Au niveau national, le dernier bilan du ministre de la Santé fait état de 353 personnes atteintes de fièvre jaune et 98 décès liés à la fièvre jaune, du 1er juillet au 6 février.
AFP/VNA/CVN