Le 3e Festival mondial des arts nègres (Fesman) s'est déroulé au Sénégal, à Dakar et Saint-Louis, du 10 au 31 décembre, avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Au programme de cette 3e édition placée sous le signe de la renaissance africaine : des spectacles de danse et de théâtre, des concerts, des projections de films, des expositions photo et d'arts plastiques, des rencontres littéraires et des débats, et un pays invité d'honneur, le Brésil.
Les spectateurs ont pu assister, notamment, aux concerts de nombreux artistes francophones de premier plan : Angelique Kidjo, Youssou N'Dour, Manu Dibango, Amazigh Kateb... ; d'artistes lusophones : Bonga, Gilberto Gil (lors de la soirée spéciale Brésil) ; aux projections des Femmes du Caire de Yousry Nasrallah (Égypte, 2010) et de Yeelen de Souleymane Cissé (Mali, 1987) ; à plusieurs tables-rondes sur la situation des langues africaines ; à des ateliers de photographie et d'artisanat ; à des spectacles de danses traditionnelle et contemporaine...
Dans le cadre de ses actions en faveur de la promotion de la diversité culturelle, l'OIF a contribué à la réussite du Fesman à travers un soutien financier. Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, était membre du Comité consultatif du festival. Cette troisième édition avait été officiellement présentée à l'occasion du XIIIe Sommet de la Francophonie (Montreux, Suisse, 22-24 octobre 2010).
Le Festival 2010 a porté une vision nouvelle d'une Afrique libérée, fière, créative et optimiste. Avec le Brésil pour invité d'honneur, terre de métissage et de diversité culturelle, le festival s'est fait le symbole de la fécondité du dialogue entre les peuples et les cultures.
Pour satisfaire au mieux cette ambition d'ouverture, l'accès au festival a été gratuit et de nombreuses activités éducatives ont été dédiées à la sensibilisation des jeunes publics.
L'histoire du Festival mondial des arts nègres
À l'origine, le premier Festival mondial des arts nègres organisé en avril 1966 à Dakar devait parachever, du point de vue du président et poète Léopold Sédar Senghor, son initiateur, la marche d'un siècle qui a célébré avec faste les cultures noires. Pour Senghor, les chantres de la Négritude, la tenue du festival avait autant trait à la politique qu'à la culture. Il devait servir à réaffirmer la noblesse des cultures africaines, à célébrer leur essence et leur importance, dans un contexte où l'Afrique sortait à peine de la colonisation et les États-Unis peinaient à mettre fin à la ségrégation raciale.
D'après les principes généraux du premier festival, il avait comme but principal de "permettre au plus grand nombre possible d'artistes noirs, ou d'origine noire, de se faire connaître et de se faire aimer par un auditoire aussi vaste que possible dans un climat de tolérance, d'estime mutuelle et d'épanouissement intellectuel." Les délégations africaines ont donc afflué, avec les stars de la diaspora de l'époque, dont Duke Ellington, Arthur Mitchell et Alvin Ailey (American Negro Dance Company), Mestre Pastrinha (grand capoériste de Bahia), Marion Williams ou encore Clementina de Jesus, reine de la samba.
Ce premier festival, dans une explosion créative réunissant plusieurs disciplines et toutes les générations, a permis de rendre visibles et palpables les années de reconquête de la dignité des peuples noirs sur une terre d'Afrique restituée depuis peu aux Africains.
Après Dakar, le Nigeria a accueilli en 1977 le deuxième Festival mondial des arts nègres. Cette édition s'inscrivait dans le même esprit de défense et illustration des civilisations et cultures noires.
OIF/CVN