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Le skipper français Yannick Bestaven à bord de son Imoca 60 Maitre Coq, le 7 octobre au large de La Rochelle, à quelques semaines du départ du Vendée Globe. |
"Le Vendée Globe, je le vois comme la cerise sur le gâteau, c'est tellement difficile d'en arriver là. On est extrêmement chanceux de pouvoir faire partie des 33 skippers à partir sur un tour du monde. Je m'en rends compte et j'y penserai certainement dimanche 8 novembre à 13h02 de cette chance que j'ai d'être à la barre de Maître CoQ", confie Yannick Bestaven.
Désireux de prendre une revanche sur le démâtage qui avait brisé le rêve de son premier Vendée Globe en 2008, le Rochelais s'est lancé de nouveau dans la course en 2017, en achetant d'abord un Imoca - les bateaux vedettes du Vendée Globe (monocoque de 18,28 m/60 pieds). Un voilier datant de 2006 qu'il acquiert pour 625.000 euros en crédit bail avec une quinzaine d'actionnaires.
"On a plus de chance de partir sur un Vendée Globe avec un bateau que sans bateau", lui dit Anne Combier son team manager, un binôme indispensable dans tout projet voile.
Un bateau donc mais pas de sponsor et les mois passent. Et puis, c'est la rencontre avec Christophe Guyony, directeur général de Maître CoQ (3.000 salariés, 560 millions de chiffre d'affaires, 80% de l'activité en Vendée). Le volailler, présent dans la voile depuis 12 ans, est en quête d'un nouveau skipper après la fin de son histoire avec Jérémie Beyou.
Imprévus
Photo : AFP/VNA/CVN |
"J'ai vu 15 dossiers je pense. J'ai fait le tour des pontons. J'ai vu quelques figaristes, un vieux de loup de mer qui avait un bateau à louer, des petites jeunes recrutées par un banquier ! J'y ai passé du temps, j'ai vu à peu près tout le monde", se souvient le DG, qui retiendra Bestaven pour un budget dont le montant global n'a pas été communiqué.
Il comprend la masse salariale (une dizaine de personnes en CDI), l'adhésion à la classe Imoca (12.500 euros par an), la place dans le port, l'assurance du bateau - "entre 7 et 10% de la valeur du bateau", précise Anne Combier.
Mais aussi une franchise pour les imprévus, "entre 50 et 70.000 euros par an". Et les inscriptions aux courses. Pour le Vendée Globe, les frais s'élèvent à 10.000 euros. 20.000 euros ont dû être versés avant le 1er novembre 2019, date limite de dépôt des candidatures, somme qui sera restituée en mai 2021.
Le contrat est alors un contrat de sponsoring classique, qui est aussi un contrat d'images. "Il y a des contreparties, le nom du bateau, le marquage, l'utilisation du nom et de l'image de Yannick. En contrepartie, Yannick donne ça, il doit se comporter comme ci et il a 12 journées intégrées par an pour faire naviguer les collaborateurs, les clients", souligne la team manager.
Prise de risque
Tout se déroule pour le mieux sauf que Bestaven, compétiteur dans l'âme, ne se voit pas jouer le Vendée Globe avec son bateau "traditionnel". Il a envie d'un bateau +volant+ (équipé de foils) et celui du navigateur Roland Jourdain, construit en 2014 (Safran), est à vendre pour 3.050.000 euros.
Branle-bas de combat début 2019 pour trouver les financements : coup de chance, le navigateur Clément Giraud rachète illico le voilier Maître Coq actuel.
"Ce bateau était déjà payé sur 2 ans, on a réinvesti l'argent en plus-value dans notre projet. La banque a suivi et Maître CoQ nous a fait confiance, ils ont rallongé le budget", explique Anne Combier, qui estime de 20 à 25 % l'augmentation du budget global.
"Entre le budget du bateau 1 et du bateau à foil, il y a un écart de 500.000 euros de besoins. Ça s'appelle la prise de risque", relève-t-elle.
Et pour Bestaven, "les banquiers financent rarement du risque". "Il a fallu que j'apporte le minimum, j'ai pu le faire grâce à des actionnaires à qui j'ai vendu le projet".
AFP/VNA/CVN