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Des mannequins défilent pour la collection Louis Vuitton lors de la Fashion Week homme, le 16 janvier à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les défilés sont encore plus mixtes que l'année dernière et c'est d'abord pour des raisons économiques", explique Gert Jonkers, rédacteur en chef de Fantastic Man. "Cela coute très cher de créer un défilé, alors autant mettre deux collections dedans", ajoute cet observateur de la mode masculine depuis 24 ans.
Vuitton, Yamamoto, Kenzo ont joué cartes sur table : les femmes ont défilé au milieu des hommes ou, si l'on préfère, les hommes au milieu des femmes.
Tout comme AMI Paris, la marque française très en vue qui a commencé il y a une dizaine d'années sur un tailoring masculin avant de passer au féminin.
Son créateur Alexandre Mattiussi a revêtu Lætitia Casta d'un fier manteau de cavalier brun que pourrait aussi bien porter Vincent Cassel, son autre égérie.
Le distinguo de genre des collections ne vit "peut-être pas sa dernière (année) mais très certainement une des dernières", estime Matthieu Bobard Delière, journaliste mode chez Elle, un magazine féminin qui scrute au plus près les tendances du vestiaire homme dans lequel, selon l'expression consacrée, la femme vient désormais "piocher". Et vice-versa.
"Il n'y a plus même de discussion", note-t-il auprès de l'AFP. "Cela s'est fait très naturellement, il n'y a plus de moment où l'on se pose la question de savoir pour quel genre cette pièce est".
Dégenrage
Cela donne en premier lieu des tailleurs à porter par la femme ou l'homme, comme chez Meta Campania, en version gilet de trois-pièce sur la naissance des seins et pantalon large.
La mannequin Laetitia Casta présente une création pour le défilé de la collection AMI - Alexandre Mattiussi - à la Fashion Week de Paris, le 18 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour l'hiver, il y avait aussi des gabardines et des cabans indéniablement unisexe et de l'accessoire, du sac à main au grand pochon de week-end, qui passe sans ambages de Monsieur à Madame.
En dépit de ce dégenrage, les créateurs du luxe masculin sont encore rares à assumer des robes ou jupes pour hommes, coupées pour leur morphologie différente.
Et la résistance s'est fait d'autant plus remarquer lors de cette saison parisienne chez certaines grandes maisons comme Dior, malgré l'esthétique ballet, ou chez "Daddy Dries", l'Anversois Dries Van Noten, 65 ans.
"Himbo"
Sur les tapis rouges, les icônes de la nouvelle masculinité, y compris des hommes hétérosexuels et cisgenre, s'ouvrent aussi à la fluidité pour leurs tenues de gala, plus flamboyantes, sexy, pailletées, strassées (à l'instar des hauts du défilé Balmain).
Défilé de la collection Balmain Menswear Prêt-à-porter Automne-Hiver 2024/2025 lors de la Fashion Week de Paris, le 20 janvier. Photo : AFP/VNA/CVN |
Ils osent, comme Timothée Chalamet, qui a tenté le dos nu à la Mostra de Venise en 2022, peu après la remarquée jupe de Brad Pitt à une première.
Pour accélérer ce dégenrage pour tous, le phénomène Ken, anti-héros du film Barbie, et l'homme bimbo, le "himbo" qui se moque du regard des autres, sont passés par là.
Spécialiste de la mode masculine et fondateur du magazine gay BUTT, Gert Jonkers est heureux de voir la mode en finir avec "la stricte division".
Mais il met en garde contre les propositions fourre-tout lors des semaines de présentation de collection. "Il faut faire attention que le +menswear+ ne devienne pas un étrange mélange artistiquement et commercialement faible, dans lequel on finit par mettre tout et n'importe quoi", avertit-il.
Réponse des principaux intéressés : "Les maisons peuvent introduire des modèles féminins lorsqu'elles souhaitent développer leurs collection féminines", explique Nicolas Delarue, l'un des responsables de la Fédération de la haute couture et de la mode, organisatrice de la Fashion Week parisienne.
"Les nouvelles générations et certains créateurs émergents font écho aux tendances sociétales (...) mixant les codes des vestiaires masculins et féminins", conclut-il.
AFP/VNA/CVN