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Mme Thu au Département de langue et de civilisation françaises. |
Un jour, j’ai entendu la chanson On écrit sur les murs à la télévision. Elle m’a rappelée ma professeure de français au lycée : Dang Thi Thu, qui m’a transmis son amour pour le français. Son dévouement et son sacrifice pour le métier d’enseignante poussent à l’admiration. Je l’ai donc appelée pour discuter avec elle.
La conversation avec Mme Thu a laissé une impression inoubliable dans mon cœur grâce à son dévouement. L’enseignante et bon nombre d’autres femmes continuent à contribuer au développement de la société. Lors de l’épidémie de COVID-19, même si Mme Thu n’est pas directement en première ligne, elle reste une citoyenne exemplaire et continue de remplir ses obligations professionnelles. Voici notre conversation.
La langue française comme destin
Autrefois, vous étiez lycéenne dans la classe de français au Lycée d’élite Lê Hông Phong à Nam Dinh (Nord). Pourriez-vous nous partager les raisons pour lesquelles vous avez choisi cette langue ?
À cette époque-là, il n’y avait pas beaucoup de choix et je sentais que j’étais forte en langues étrangères. J’ai alors essayé d’entrer au Lycée d’élite Lê Hông Phong. Bien que le français fût une nouvelle matière pour moi, j’ai quand même décidé de la choisir. À la fin du lycée, je voulais continuer les études de langues pour découvrir davantage la beauté du français. Par ailleurs, j’ai toujours rêvé d’aller en France. Je me suis donc inscrite à l’Université de langues et d’études internationales (relevant de l’Université nationale de Hanoï). On peut dire que le français est venu à moi comme une fatalité.
J’ai rencontré de nombreuses difficultés dans la compréhension et l’expression orale. Au début, je ne parlais pas bien, je ne comprenais que quelques mots. Alors, j’ai redoublé d’efforts pour m’améliorer sur ces deux compétences. Puis, les difficultés ont disparu. Je me suis toujours dit : "Si l’on persévère, tout ira bien".
Des années mémorables
Mme Thu (centre) avec ses deux lycéens titulaires du prix national en langue française. |
Photo : NVCC/CVN |
Vous avez travaillé près de 20 ans au Lycée d’élite de Thai Nguyên. Qu’est-ce qui vous attache autant au français pour conserver votre envie d’enseigner ?
J’y travaille depuis 2003 et beaucoup de choses se sont passées. Au début, j’étais une jeune enseignante, et par manque d’expérience, je ne pouvais pas transmettre toutes les spécificités du français. Il y avait aussi des moments où j’ai eu du mal à amener les élèves à se passionner pour cette langue. Je me suis dit que je devrais bien préparer les cours, trouver des méthodes d’enseignement efficaces... J’ai fait de mon mieux et je ne regrette rien.
Pour moi, mes élèves sont ma plus grande motivation pour m’aider à franchir les défis, car leurs efforts pour apprendre le français m’ont beaucoup inspirée dans le travail. De nombreux élèves qui apprenaient le français pendant seulement deux ans ont obtenu le DELF (Diplôme d’études en langue française) B2. Il y a aussi eu de bons résultats au niveau national. Par exemple, Nguyên Lê Minh a remporté deux prix nationaux : le prix d’encouragement en première et le deuxième prix en terminale. Ou encore, Nguyên Thu Huong qui, en deux ans, a remporté deux fois le deuxième prix. En tant qu’enseignante, je vais continuer à partager mon amour du français auprès de mes élèves, dans l’espoir de former les élites de demain et de contribuer à l’éducation du pays.
Nouvelles adaptations
En cette période de crise sanitaire, pourriez-vous partager les problèmes que vous avez rencontrés dans l’enseignement à distance et qu’avez-vous fait pour vous adapter aux nouveaux changements ?
Au début de la pandémie, j’avais beaucoup de difficultés dans l’enseignement : problèmes techniques, peu d’interaction des élèves. En fait, l’enseignement des langues étrangères nécessite toujours des échanges directs afin de transmettre facilement le sens des mots. Puis, grâce à de nombreuses formations à l’utilisation des nouvelles technologies, je me suis habituée à cette nouvelle formule. Contrairement aux cours traditionnels, ceux en ligne exigent toujours beaucoup d’investissement, une attention aux détails et une sélection soignée des méthodes d’enseignement.
À côté des exercices de grammaire parfois difficiles, j’ai ajouté des vidéos, des images vivantes et de nouveaux jeux interactifs sur Kahoot pour capter l’attention des élèves. J’essaie également de contacter mes amis français pour qu’ils interagissent en ligne avec mes élèves. C’est l’une des expériences inoubliables de ma carrière. Grâce à cela, j’ai pu améliorer mes compétences techniques et aujourd’hui, l’enseignement et l’apprentissage deviennent plus flexibles qu’auparavant. Par conséquent, l’application des technologies n’est pas seulement une solution efficace pendant la pandémie, mais elle ouvre également de nouvelles orientations dans l’avenir.
Pourriez-vous envoyer un message à vos collègues de la communauté francophone ?
Chaque métier a ses difficultés, nous devons donc essayer d’être cohérents avec nos objectifs initiaux. Notre participation à l’éducation de la jeunesse du pays, c’est de motiver les élèves à réussir dans leurs études. J’espère également que les professeurs de français au Vietnam garderont toujours leur enthousiasme pour ce métier. Aux jeunes enseignants, je leur recommande d’avoir plus confiance en eux. Rassurez-vous, car il existe de nombreuses nouvelles opportunités pour vous. Continuez vos efforts et vous réussirez. Pendant cette période de pandémie, on voit de nombreux médecins et infirmières en première ligne dans la lutte contre le COVID-19. Ils doivent être éloignés de leurs familles et de leurs enfants. En tant qu’enseignante, je fais aussi de mon mieux pour remplir ma mission. Les enseignants de français aident les élèves à découvrir cette langue et la diversité culturelle des pays francophones. C’est la ligne directrice qui me guide dans mon parcours professionnel.
Trinh Hai Long - Chu Thi Thanh Huong/CVN