Faire passer au cinéma vietnamien une nouvelle étape

La Loi sur le cinéma de 2006 a favorisé énormément le développement de ce secteur. Cependant, après 15 ans de mise en œuvre, elle a besoin de modifications, raison pour laquelle l’Assemblée nationale vient d’être unanime sur le besoin d’une révision profonde.

"Cha cong con" (Père et fils) de Luong Dinh Dung a déjà atteint le public dans 16 pays et territoires, dont États-Unis, Canada, Uruguay, Espagne, Italie et Inde.
"Cha cong con" (Père et fils) de Luong Dinh Dung a déjà atteint le public dans 16 pays et territoires, dont États-Unis, Canada, Uruguay, Espagne, Italie et Inde.

La Loi sur le cinéma, datant de 2006 et modifiée en 2009, a permis une meilleure gestion étatique de ce secteur tout en créant les opportunités nécessaires au développement de son industrie. La cinématographie a obtenu de nombreux résultats importants : un nombre croissant de productions et des prix internationaux, l’agrandissement des agences de production et de distribution, la participation enthousiaste du secteur privé et des investissements de plus en plus importants.

Une enquête sur la mise en œuvre des politiques étatiques en faveur du 7e art, récemment publiée par la Commission de la culture et de l’éducation, de l’adolescence et de l’enfance de l’Assemblée nationale, montre que plusieurs objectifs fixés dans la Stratégie de développement cinématographique jusqu’en 2020 et vision 2030 ont été atteints. En exemple, on peut citer les recettes passées d’environ 100 millions d’USD en 2015 à près de 150 millions d’USD en 2018. D’après les statistiques de la Sarl CJ CGV Vietnam, en 2019, ce chiffre a atteint plus de 176 millions d’USD, soit 20% de plus que l’objectif fixé dans cette stratégie.

Il est clair que la Loi sur le cinéma a donné un essor pour le 7e art du pays, mais face à l’explosion des sciences et des technologies de l’information et notamment à la tendance du numérique, les réglementations juridiques ont besoin régulièrement de rajustements pour s’adapter aux nouveaux contextes.

Vers une reconnaissance comme industrie

En 2019, le gouvernement a approuvé la proposition de modifications de cette loi soumise par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Lors de sa 2e session tenue du 20 octobre au 13 novembre, l’Assemblée nationale s’est vue présenter le projet de Loi sur le cinéma (amendée) comprenant dorénavant huit Chapitres pour un total de 52 Articles, avec notamment la présence de rajustements de contenus et de nouvelles clauses liées à la promotion et au développement du secteur, à la création du Fonds de soutien au développement cinématographique.

Concrètement, lors de la séance de travail plénière en ligne du 28 octobre, la majorité des députés ont convenu de la nécessité de modifier en profondeur cette loi afin de combler les lacunes, et rendre le texte conforme à la situation réelle pour favoriser l’essor de ce secteur. Ils ont reconnu que la cinématographie n’est pas simplement un art mais aussi une industrie. Par conséquent, les politiques de l’État en la matière devraient se concentrer sur les questions clés en la matière.

Sorti en mars 2021, le film "Camellia Sisters" est diffusé sur Netflix depuis juin.
Photo : CTV/CVN

Partisan d’une modification de la loi, Tô Van Tam, député de la province de Kon Tum (hauts plateaux du Centre), a affirmé : "En tant qu’élément de la culture, la cinématographie est significative pour l’orientation des valeurs, de l’idéologie des Vietnamiens, dans la promotion de la culture et de l’image du pays au monde". D’après lui, le développement cinématographique est l’un des contenus ciblés par les politiques de direction du secteur culturel du Parti. "Ce nouveau projet de loi fait du 7e art une véritable industrie culturelle".

Selon la députée Trinh Thi Tu Anh, de la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), la participation du secteur privé dans cette filière est "nécessaire", surtout dans un contexte où les budgets publics ont été impactés par la pandémie de COVID-19.

Les critères de financement des productions par le budget de l’État, la gestion des projections de films sur Internet, et le Fonds de soutien au développement cinématographique constituaient trois des questions les plus discutées à l’Assemblée nationale.

Concernant les réglementations sur les productions pouvant bénéficier du budget de l’État, la majorité des députés se sont penchés sur l’application de trois modules : les productions selon la désignation de l’État, selon ses commandes, et selon ses appels d’offres. Selon le député Trân Van Thuc, de la province de Thanh Hoa (Nord), l’existence de ces trois modules assureront l’uniformité du système juridique ainsi que la synchronisation avec la Loi sur les appels d’offres existante. "Il est nécessaire, a-t-il ajouté, d’avoir des appels d’offres pour sélectionner de bons projets, une nécessité pour des travaux bénéficiaires du budget de l’État".

Abordant la diffusion de films sur Internet, le député Nguyên Van Canh, province de Binh Dinh (Centre), s’est inquiété de la manière de contrôler le visionnage des enfants pour éviter qu’ils soient en contact avec des œuvres non adaptées à leur âge ou aux contenus nocifs. Cette préoccupation a été partagée également par la députée Dang Thi Bao Trinh, province de Quang Nam (Centre) : "Il y a eu des productions diffusées sur Internet qui sont de mauvaise qualité et inappropriées aux coutumes et traditions des Vietnamiens. Il faut alors préciser les réglementations sur la gestion des films dans le cyberespace".

À propos du Fonds de soutien au développement cinématographique, plusieurs députés ont souligné "la nécessité de le créer" mais suggéré aussi "une révision des mécanismes de financement et de gestion qui ne sont pas claires". Ce projet de loi aborde la création de ce Fonds pour récompenser les films de haute valeur idéologique et artistique, seconder les productions expérimentales ainsi que d’autres activités pour développer le cinéma.

Une scène dans le film "Kong : Skull Island", sorti en 2017, du réalisateur Jordan Vogt-Roberts, dont le tournage principal a été réalisé au Vietnam.
Photo : NB/CVN

Les professionnels enthousiastes

Les professionnels attendent beaucoup des rajustements de cette loi. Ngô Thi Bich Hanh, directrice générale adjointe de la Société de distribution de films BHD, et Dinh Thi Thanh Huong, Pdg de Galaxy Studio, espèrent que la modification de la loi ira dans le bon sens afin de donner plus d’égalité entre les entreprises vietnamiennes et étrangères au Vietnam. D’après elles, de nouvelles réglementations plus appropriées et plus ouvertes aideront les entreprises nationales à être davantage concurrentielles dans le domaine de la production et de la distribution.

"Les (bonnes) politiques attireront sans aucun doute des entreprises internationales au Vietnam pour coopérer et développer l’industrie cinématographique nationale. Il est nécessaire de simplifier les procédures afin que les producteurs étrangers puissent investir dans ce secteur de notre pays", a exprimé la productrice Trân Thi Bich Ngoc.

Affirmant que les amendements de cette loi sont une bonne nouvelle pour la cinématographie vietnamienne dans les temps à venir, la réalisatrice-actrice Hông Anh a insisté néanmoins sur le fait que si l’on considère effectivement le 7e art comme une industrie, on doit en conséquence avoir des politiques spécifiques et appropriées pour impulser son décollage. "Pour le développer comme une industrie, il est nécessaire d’évaluer concrètement son impact sur l’économie afin ensuite de donner les soutiens adéquats en termes de politiques ainsi que de ressources. De nombreux pays le font très bien, pourquoi pas nous !".

L’Assemblée nationale examinera une dernière fois cette loi et la votera lors de sa 3e session en mai 2022. L’ensemble du secteur attend un signal politique fort permettant à cette industrie de réaliser progressivement son potentiel. La cinématographie vietnamienne espère franchir ainsi une nouvelle étape pour se faire connaître davantage à l’étranger et attirer les projets de coopération des producteurs étrangers.

Linh Thao/CVN

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