Fabrication de tuiles yin yang, fierté de l'ethnie Tày à Cao Bang

Il y a près de deux siècles, les ancêtres des Tày du hameau de Lung Ri, province de Cao Bang (Nord), ont créé les tuiles yin yang pour couvrir les toits de leurs maisons. Aujourd’hui, cette technique de fabrication artisanale est toujours en usage.

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Des toiles couvertes par les tuiles yin yang à Lung Ri.
Photo : Trân Nhân Quyên - NADS/CVN

Le hameau de Lung Ri, situé dans la commune de Tu Do, est célèbre pour ses maisons sur pilotis dont les toits sont couverts par des tuiles yin yang fabriquées par les villageois. Les habitants ont construit des ateliers de production juste à côté de leurs maisons. Les tuiles yin yang ont une forme tubulaire qui s'emboîte les unes sur les autres et présentent la particularité d'être émaillées ou non émaillées (selon les préférences locales), avec une surface concave pour la première (yin) et une surface convexe pour la seconde (yang).

Une étape de fabrication de tuiles yin yang.
Photo : BDT/CVN

Luc Van Quân, un Tày de Lung Ri, explique que personne ne connaît exactement la date de naissance de cet artisanat, mais les patriarches supposent que la fabrication de tuiles existe depuis plus de 200 ans. Les tuiles de Lung Ri ne sont pas émaillées et conservent leur couleur originale de terre cuite.

Pour les fabriquer, les villageois suivent différentes étapes, du choix de la terre à la cuisson dans le four, en passant par le malaxage et le séchage. Chaque étape nécessite patience, minutie et dextérité. La clé du succès réside dans la sélection de la bonne terre, qui doit être argileuse et de qualité, prélevée localement.

Les habitants transforment la terre dans l'atelier en la filtrant et en la séparant des graviers et des morceaux de pierre avant d'y verser de l'eau pour la mélanger. Ce mélange est laissé pendant 10 jours, puis les villageois amènent des buffles à l'atelier pour fouler la terre et la rendre molle et homogène. La terre est ensuite modelée en forme d'un grand bloc d'une dimension de 1,4 m de hauteur sur 1 m de largeur, recouverte pour conserver l'humidité. Les artisans coupent des morceaux de terre et les mettent dans le moule pour donner à chaque tuile sa forme tubulaire. Les produits sont ensuite enfournés en continu pendant cinq jours et cinq nuits. "Il s'agit de l'étape décisive qui détermine le succès de la fabrication", explique M. Quân.

Le combustible utilisé doit être du bois. Les artisans maintiennent l'équilibre de la température pour garantir que toutes les tuiles sont intégralement cuites. Si la température est disproportionnée dans chaque coin du four, certaines tuiles peuvent être brûlées, d'autres pas assez cuites ou ne pas garder leur forme initiale.

Pour que le feu ne s’éteigne pas

Un buffle est amené à l'atelier pour fouler la terre et la rendre molle et homogène.
Photo : Trân Nhân Quyên/CVN

Chaque foyer fabrique annuellement 16.000 pièces vendues au prix de 1.200 dôngs la tuile, ce qui rapporte de 30 à 40 millions de dôngs de recettes aux villageois. Selon Hoàng Minh Dông, chef du village de Lung Ri, malgré un métier séculaire, la production s’affaiblit de plus en plus, car il ne reste plus que 25 familles fabricantes. Les tuiles sont généralement fabriquées sur commande des habitants locaux, mais depuis quelques années, les entreprises touristiques construisent des villégiatures et des zones touristiques qui commandent de plus en plus de tuiles.

Bien que les chiffres d'affaires s'améliorent notablement, le nombre de familles quittant ce métier augmente également, car il n'est pas capable de faire concurrence à de nouvelles tuiles, hautes en couleurs, fabriquées industriellement et en grande quantité. Dans le passé, d'autres villages de Quang Hoà pratiquaient cet artisanat, mais aujourd'hui, seul Lung Ri sauvegarde encore ses techniques ancestrales.

Des tuiles sont enfournées pour la cuisson pendant cinq jours et cinq nuits consécutifs.
Photo : Trân Nhân Quyên - NADS/CVN

En parlant du déclin, M. Dông informe que les tuiles de Lung Ri sont très prisées en raison de leur bonne qualité, de leur légèreté, de leur étanchéité et de leur fraîcheur en été. Cependant, la cuisson nécessite une matière première indispensable en bois, ce qui en fait un coût élevé. Chaque four a besoin d'une grande quantité de bois, ce qui pousse de nombreuses familles à se tourner vers d'autres métiers.

En mélangeant de la terre, Luong Thi Liên, une artisane de Lung Ri, déclare que "malgré les difficultés, nous n'abandonnons pas sans état d'âme l'héritage de nos aïeux. Grâce à cela, nous gagnons notre vie et préservons une tradition pour l'avenir".

Viêt Hà - My Anh/CVN

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