Les tuiles des Nùng promises à un bel avenir

Dans la province montagneuse de Cao Bang (Nord), les Nùng à Quang Uyên sont non seulement célèbres pour divers métiers d’artisanat comme menuiserie, tissage et forge, mais aussi pour la tuilerie qui fait le plus leur renommée.

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La production des tuiles Nùng suit un processus très précis : depuis l’extraction de l’argile et son traitement...
Photo : Vnexpress/CVN

Du chef-lieu du district de Quang Yên, province de Cao Bang, le chemin conduisant à la commune de Tu Do traverse collines et champs verdoyants. À l’approche des villages de Kéo Ron, Lung Rì et Lung Cát peuplés d’autochtones de l’ethnie Nùng, apparaissent le long du chemin des baraques débordant de tuiles brutes attendant d’être cuites. Un peu plus loin, à l’intérieur des maisons sur pilotis adossées au pied des montagnes se trouvent des fours à tuiles traditionnels conçus de manière très étrange.

Un artisanat vieux de plusieurs siècles

Les tuiliers travaillent dur pour pétrir de l’argile, la découper soigneusement en petits carrés puis la mettre dans le moule. Chaque étape de la fabrication contient des secrets cachés que seuls les Nùng de la commune de Tu Do peuvent comprendre et maîtriser. La tuilerie s’y perpétue depuis plusieurs centaines d’années. Un métier artisanal ancestral que pratiquent encore presque tous les villageois de cette contrée montagneuse.

À la différence d’autres villages à Quang Uyên qui restent quasiment tranquilles, ceux de la commune de Tu Do connaissent une atmosphère animée. On voit le va-et-vient de véhicules venant de loin pour charger des tuiles. Dans les cabanes situées au pied des montagnes, des centaines d’artisans s’activent. Dans la baraque de Truong Van Ngoc, du hameau de Lung Cát, s’entassent des tuiles fraîchement sorties du four, qui dégagent une odeur âcre de terre cuite. "Ce métier remonte au déluge. Les tuiles des Nùng ont deux sortes : tuile canal (en forme de gouttière) et tuile faîtière", explique-t-il.

Photo : Vnexpress/CVN

Selon lui, la production suit un processus très précis, depuis l’extraction de l’argile et son traitement jusqu’à la cuisson. "On utilise de l’argile extraite au pied des collines dans la commune de Dôc Lâp, qui est plus liante que celle d’ailleurs. En plus, la couche d’argile peut se régénérer automatiquement un certain temps après l’extraction, c’est miraculeux !", révèle Truong Van Ngoc, avec un sourire mystérieux.

Le pétrissage à l'aide de buffles

Les Nùng sont fiers de leurs produits à la fois beaux et de qualité. Pour eux, outre une argile grasse au toucher, la recette de la réussite réside principalement dans le savoir-faire et la méticulosité, à tous les maillons de la production. Tout d’abord, le savoir-faire s’applique dans la recherche d’un endroit à la terre argileuse convenable.

"L’argile doit être épurée, puis trempée dans de l’eau pendant dix jours. Vient ensuite l’étape de pétrissage à l’aide de trois ou quatre buffles, durant au moins cinq jours consécutifs. Puis, l’argile est mise en fermentation, c’est-à-dire recouverte quelques jours d’une grande bâche, pour qu’elle soit plus liante et plus coriace", précise Truong Van Ngoc. Ensuite, on donne à l’argile une forme de cylindre de 1,4 m de haut et d’un mètre de diamètre. Puis, grâce à une tige de bambou très tranchante, on découpe des morceaux de la taille des tuiles, avant de les mettre dans les moules.

"L’étape de cuisson dure normalement cinq jours et nuits. La tradition veut que le four ne soit pas alimenté par du charbon, mais du bois ; et que le feu soit maintenu à température fixe. Ce mode de cuisson permet d’obtenir des tuiles solides et rougeâtres", affirme le tuilier expérimenté. D’après lui, du fait que les ateliers doivent acheter non seulement de l’argile mais encore du bois de chauffage, les tuiles Nùng coûtent souvent plus cher que celles d’autres localités.

Des maisons des Nùng couvertes de leurs tuiles traditionnelles.
Photo : Vnexpress/CVN

La commune de Tu Do compte plus de 130 familles pratiquant la tuilerie, contre une dizaine auparavant. En moyenne, chaque foyer producteur peut sortir au maximum quatre fournées par an, chacune de 16.000 tuiles vendues 2.000 dôngs la pièce. Le revenu annuel est de 50 millions de dôngs.

Ces derniers temps, les tuiles Nùng se sont taillées un certain prestige dans toute la région Nord-Ouest. Les conditions de vie des habitants d’ethnies minoritaires se sont de plus en plus améliorées. "Cet artisanat a aidé les Nùng à sortir de la pauvreté", se félicite Lâm Van Bào, chef du hameau de Lung Rì. Et de rêver d’un débouché bien plus large pour ce produit artisanal. "Les tuiliers ici désirent trouver un débouché stable pour leurs produits. Ainsi, ces villages traditionnels pourront-ils survivre et se développer de manière durable", espère Luong Van Câu, vice-président du Conseil populaire de la commune de Tu Do.


Nghia Ðàn/CVN

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