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L'Allemand Sebastian Vettel au volant de sa Ferrari, le 4 septembre sur le circuit italien de Monza. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pourtant, tout était prévu pour que cela soit une belle fête. Un Grand Prix de F1 organisé pour l'occasion, et pour la première fois, sur le circuit toscan, non loin de son fief de Maranello et qui est propriété de Ferrari.
Il y aura même quelques spectateurs alors que jusqu'ici toutes les courses cette année se sont déroulées à huis clos pour cause de coronavirus. Les deux monoplaces arboreront aussi pour l'occasion une livrée spéciale évoquant le rouge sang des Ferrari d'antan.
Mais Ferrari semble au tapis: aucune voiture dans les points à Spa, deux abandons à Monza, le bilan des deux derniers Grand Prix est catastrophique. "Nous espérons que le prochain, qui est une date importante avec le 1000e Grand Prix, sera un peu meilleur mais la voiture n'est certainement pas au niveau où nous aimerions qu'elle soit", a d'ores et déjà prévenu le chef de la Scuderia, Mattia Binotto.
Même Toto Wolff, le boss de l'écurie rivale Mercedes, déplore que Ferrari ne soit pas au niveau pour relever l'intérêt des Grand Prix.
Ce n'est pas la première fois que, depuis son premier Grand Prix, Ferrari traverse une passe difficile. Seul constructeur à avoir participé à tous les championnats du monde de F1 depuis 1950, il n'était toutefois pas présent pour le premier Grand Prix en Grande-Bretagne à cause d'une sombre histoire de primes de départ. Ce n'est qu'au suivant, à Monaco, qu'Enzo Ferrari avait fait courir ses bolides rutilants.
Il faudra toutefois attendre 1952 pour qu'un pilote devienne champion du monde avec l'Italien Alberto Ascari et 1961 pour voir la Scuderia (écurie en italien) titrée au championnat constructeurs, créé lui en 1958.
Depuis, Ferrari a décroché seize titres constructeurs, le dernier en 2008, et 15 titres pilotes, la dernière fois avec le Finlandais Kimi Räikkönen en 2007.
Si la disette dure depuis maintenant une douzaine d'années, Ferrari n'avait toutefois que rarement atteint un tel nadir. Il faut remonter au début des années 1970 avant l'arrivée salutaire de Luca di Montezemolo à la tête de la Scuderia et de Niki Lauda comme pilote, ou encore en 1980 et 1981, au début de l'ère des moteurs turbocompressés.
"RACE"
John Elkann, le patron de Fiat Chrysler Automobiles (gauche), et Piero Ferrari, le fils d'Enzo Ferrari (droite), le 21 octobre 2015 à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Placé sous la coupe réglée de son fondateur Enzo Ferrari jusqu'à sa mort en 1988, l'histoire de Ferrari est aussi étroitement attachée à celle de Fiat qui avait pris son contrôle pour déjouer les visées de Ford à la fin des années 1960, une histoire racontée dans le récent succès hollywoodien "Le Mans 66".
Si Ferrari est toujours sous le contrôle du groupe automobile italien, elle a acquis son indépendance financière en rentrant en Bourse en 2015 sous le sigle "RACE". Depuis, son titre a gagné sur le marché électronique américain Nasdaq quelque... 250% passant de 55 à 192 dollars.
Mais, depuis le départ du trio magique composé de Michael Schumacher comme pilote, de Jean Todt comme chef d'équipe et Ross Brawn comme ingénieur il y a une quinzaine d'année, le cheval a de la peine à se cabrer.
Ni l'Espagnol Fernando Alonso, arrivé avec deux titres de champion du monde à sa ceinture, ni l'Allemand Sebastian Vettel, qui en avait quatre, ne sont arrivés à ramener un titre à Ferrari, même s'il s'en est parfois fallu de peu. Les chefs d'écurie se sont succédé, les ingénieurs aussi mais les bolides rouges ont régulièrement dû s'incliner devant les Red Bull au début de la décennie puis face aux Mercedes après l'arrivée des moteurs hybrides en 2014.
Le patron du groupe Fiat, John Elkann, joue toutefois sur la durée pour revenir au plus haut niveau en F1. Dans une interview fin juillet, il a attribué les mauvais résultats actuels à des "faiblesses structurelles" et a chargé Mattia Binotto d'y remédier.
Mais celui-ci, déjà avare en sourires, prend de plus en plus la tête d'un chien battu à la fin des Grand Prix. À Monza, il ne s'est même pas plié à la traditionnelle conférence de presse d'après-course.
L'absence des "tifosi" dans les tribunes en raison de la pandémie de coronavirus lui a certainement évité une "bronca" d'anthologie. Et Sebastian Vettel, dont le contrat n'a pas été renouvelé pour 2021, a lâché une flèche du Parthe en estimant que leur absence "valait peut-être mieux". Mais au Mugello, même en petit nombre, ils seront là.