Selon Vu Thi Kim Hanh, directrice du Centre d'études des affaires et d'assistance aux entreprises, le club des producteurs de marchandises vietnamiennes de haute qualité, dont elle est la présidente, est sur le point de lancer le programme "Marchandises vietnamiennes pour les Vietnamiens, nous sommes unis pour surmonter les difficultés". Cette initiative, appuyée par le ministère de l'Industrie et du Commerce, vise à encourager les consommateurs domestiques à acheter des produits made in Vietnam. En effet, cela fait des années qu'aucune campagne de promotion commerciale n'a été lancée sur le marché domestique afin de relancer la consommation de produits de fabrication locale.
Les entreprises avaient privilégiaient les marchés étrangers mais, dans un contexte de récession économique mondiale, les débouchés importants ne rapportent plus autant. Elles se tournent donc vers le marché domestique qui paraît offrir une alternative pour surmonter des difficultés.
Selon le Département général des statistiques, les entreprises ont dans leurs entrepôts pour près de 4,5 milliards de dollars de marchandises invendues, soit 5% du Produit intérieur brut. Ce constat est alarmant quand on sait que les chiffres habituels tournent autour de 2%.
L'ancien ministre du Commerce, Truong Dinh Tuyên, a annoncé qu'avec une croissance du chiffre d'affaires total des entreprises spécialisées dans la vente au détail supérieure à 10%, le Vietnam était considéré comme l'un des marchés les plus attractifs du monde devant la Chine et l'Inde. Truong Dinh Tuyên a également souligné l'importance d'étendre les réseaux de distribution, un point qui reste une faiblesse des entreprises vietnamiennes. Ces dernières pourront d'ailleurs s'appuyer sur 3 atouts sur le marché domestique, a analysé Truong Dinh Tuyên. En premier lieu, les entreprises nationales ont une connaissance profonde de la culture et des modes de consommation des Vietnamiens. En outre, 85% des Vietnamiens préfèrent les réseaux de distribution traditionnels à ceux développés par les compagnies étrangères. Enfin, les entreprises domestiques peuvent faire des économies sur les frais de transport, de marketing et de distribution, ce qui n'est pas négligeable dans le contexte actuel.
L'ancien ministre a par ailleurs suggéré de revoir la structure des marchandises commercialisées afin de mieux répondre aux besoins des consommateurs à revenus moyen et faible, qui représentent près de 90% de la population.
L'accent est mis sur le marché rural
Les produits made in Vietnam, qui ne bénéficient plus du protectionnisme de l'État depuis l'adhésion du pays à l'Organisation mondiale du commerce, doivent concurrencer avec âpreté sur leur terrain les produits importés. Malgré leur relative bonne qualité, nombre de produits vietnamiens restent boudés par les consommateurs à cause des lacunes au niveau des réseaux de distribution.
Même si 2009 s'annonce comme une année difficile, la compagnie Kinh Dô a l'intention d'investir sur le marché domestique afin d'atteindre une croissance de 20% du chiffre d'affaires, a fait savoir Trân Quôc Viêt, vice-directeur général de la filiale de Kinh Dô dans le Nord. Cette entreprise mise beaucoup sur le développement d'un système de distribution dans les régions rurales où vivent 70% de la population du pays, a-t-il ajouté. À ces fins, Kinh Dô restructure sa production afin de mieux répondre aux besoins des consommateurs ruraux.
À noter que les groupes internationaux implantés au Vietnam ont récolté de nombreux succès sur le marché rural. Citons par exemple Unilever, P & G ou encore Pepsi. Selon l'économiste Nguyên Duy Thuân, les 3 quarts des usines d'Unilever sont établies à la campagne et les régions rurales représentent 80% des parts de marché des assureurs étrangers.
Les experts prévoient par ailleurs une forte pression sur les activités commerciales des entreprises vietnamiennes en 2009, estimant cependant que le marché de la vente au détail demeure très prometteur puisque le pays compte quelque 85 millions de consommateurs et que ces dernières années, la croissance de la consommation y est de 20%. Les entreprises domestiques sont donc appelées à porter davantage d'attention aux consommateurs nationaux en continuant d'améliorer la qualité de leurs produits.
Thê Linh/CVN