Européennes: Macron à la manœuvre pour composer une majorité européenne

Emmanuel Macron est reparti à l'offensive au niveau européen en multipliant les discussions avec ses homologues, afin de construire une majorité "progressiste" au Parlement européen et placer ses alliés à la tête des institutions, au lendemain d'élections qui marquent un recul des partis traditionnels.

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Le président Emmanuel Macron (droite) reçoit le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, le 27 mai à l'Élysée, à Paris.

Le temps presse puisqu'un sommet informel réunit mardi soir 28 mai à Bruxelles les chefs d'État et de gouvernement pour commencer à choisir les nouveaux dirigeants des institutions européennes, dont le président de la Commission. Après la courte défaite de sa liste - 22,41% contre 23,31% pour celle du Rassemblement national (RN)-, le président s'estime conforté pour être au centre du jeu, lui qui a fait de la "refondation de l'Europe" l'une de ses priorités, une ambition jusqu'à présent contrariée. Peu après les résultats, il s'est entretenu dimanche soir 26 mai avec la chancelière Angela Merkel.

Il a reçu lundi 27 mai à dîner le chef du gouvernement espagnol socialiste Pedro Sanchez, sorti grand vainqueur du scrutin, qu'il voit comme un allié crucial sur la scène européenne. Au même titre que le Néerlandais Mark Rutte et le Portugais Antonio Costa qu'il a récemment invités à l'Élysée. Dès lundi soir 27 mai, Madrid s'est dit prêt à former l'alliance entre les socialistes et les libéraux européens qu'appelle de ses vœux le président français.

"Pedro Sanchez et Emmanuel Macron seront chacun leader de leur famille politique respective, la socialiste et la libérale, et défendent la nécessité de forger une alliance des forces progressistes et pro-européennes qui freinera l'extrême-droite", selon des sources gouvernementales espagnoles. Mardi 28 mai, Emmanuel Macron a avancé l'heure de son départ pour Bruxelles pour y déjeuner avec les Premiers ministres belge Charles Michel, espagnol Pedro Sanchez, portugais Antonio Costa et néerlandais Mark Rutte.

Puis il s'entretiendra avec les dirigeants du groupe de Visegrad (Slovaquie, République tchèque, Pologne, Hongrie), bastion du camp nationaliste. Avant de rencontrer le président du conseil Donald Tusk et Angela Merkel. "La future majorité au Parlement européen passera par nous, incontestablement. Il n'y en a pas sans nous", a affirmé à France Inter Pascal Canfin, numéro deux de la liste de la majorité LREM-MoDem.

Weber "totalement disqualifié"

Même s'il n'a pas réussi à arriver en tête devant le RN de Marine Le Pen, le camp Macron s'estime en situation de force sur le plan européen.

Pedro Sanchez, Angela Merkel, Jean-Claude Juncker et Emmanuel Macron à Bruxelles.

À L'Élysée, on fait valoir que "pour la première fois", les deux grands groupes du Parlement européen - le PPE de droite et les socialistes - n'ont pas de majorité à eux seuls. Et qu'ils "devront composer avec une force européenne centriste qui sera incontournable et dans laquelle nous serons cruciaux". Le premier pas a été l'annonce dès lundi 27 mai d'un nouveau groupe "réformiste" au Parlement européen par l'actuel groupe centriste ALDE (libéral-démocrate) et la liste Renaissance.

Avec 21 élus, "nous serons la première délégation" et "nous allons donc peser de manière considérable au sein de ce groupe et de la future coalition et donc au sein du Parlement européen", a précisé Pascal Canfin. La tête de liste Nathalie Loiseau se rendait pour cela à Bruxelles dès lundi 27 mai. Pour M. Canfin, ce groupe sera au cœur d'"une majorité à trois avec le PPE sans (le dirigeant national-conservateur hongrois Viktor) Orban, et avec les socialistes", ou à quatre "si les Verts veulent la rejoindre". "J'ai entendu des voix plutôt favorables à cette hypothèse chez les Verts allemands et des voix défavorables chez les Verts français", a précisé l'ancien ministre de François Hollande.

"Nous allons sans doute au niveau européen travailler avec eux", a assuré de son côté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Pour l'Élysée, le sommet informel de mardi sera "important pour tirer les enseignements de la nouvelle situation politique créée aux élections". Même si aucune décision ne sera annoncée, l'un des enjeux est le choix du prochain président de la Commission européenne, qui doit être aux yeux de Paris une personnalité capable d'incarner l'Europe dans le monde et de pouvoir discuter d'égal à égal avec l'Américain Donald Trump ou le Chinois Xi Jinping.

"C'est le cœur du sujet" pour Pascal Canfin, qui voit le candidat proposé par le PPE, l'Allemand Manfred Weber, comme "totalement disqualifié" par le recul de la droite sur la scène européenne. "Nous pèserons de tout notre poids pour avoir soit un candidat français, Michel Barnier, soit un candidat beaucoup plus proche du nouveau barycentre du nouveau Parlement, beaucoup moins à droite". Revient ainsi régulièrement le nom de la commissaire danoise à la Concurrence, Margrethe Vestager.


AFP/VNA/CVN

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