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Le président américain Donald Trump, le 7 septembre à la Maison-Blanche, à Washington. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je pense que cela mérite d'être débattu", a déclaré M. Trump jeudi 7 septembre au lendemain de l'annonce d'un accord entre Républicains et Démocrates prévoyant de repousser temporairement cette échéance au 8 décembre. "Depuis des années, des gens évoquent la possibilité de supprimer le plafond de la dette et il y a beaucoup de bonnes raisons pour cela", a déclaré M. Trump, relançant un débat qui suscite déjà de vives réactions dans le camp républicain qui tient à ce puissant levier dans les négociations budgétaires avec l'exécutif.
L'autorisation de relever le plafond de la dette est une prérogative du Congrès depuis 100 ans exactement. Si ce feu vert ne fait qu’entériner des dépenses déjà votées dans le budget, c'est néanmoins une monnaie d'échange pour les élus qui peuvent peser sur des choix budgétaires et mettre régulièrement sur la table la question de l'immense endettement américain qui atteint 20.000 milliards de dollars.
Jusqu'au milieu des années 1990, cet aval était voté automatiquement par le Congrès. Mais tout a changé en 1995 sous la présidence du démocrate Bill Clinton qui s'est vivement opposé à un Congrès majoritairement républicain sur des questions budgétaires.
Depuis, la menace du plafond de la dette a régulièrement empoisonné l'administration américaine, particulièrement sous la présidence de Barack Obama. Un refus du Congrès d'autoriser l'État fédéral à continuer d'emprunter fait craindre une fermeture du gouvernement - comme c'est arrivé fin 2013 -, ou pire, un défaut de paiement du plus gros emprunteur de la planète.
"Je pense que ce serait une bonne politique que de s'en débarrasser", a indiqué Stan Veuger, économiste auprès de l'American Enterprise Institute (AEI). "Mais ce sera difficile à faire. Les républicains vont fortement s'y opposer car ils aiment conserver un pouvoir de levier s'ils devaient revenir dans l'opposition", poursuit-il.
"Et puis, ils auraient l'air de ne pas se préoccuper de la dette", alors que c'est un sujet qui a été fortement politisé ces dernières années au point de créer le mouvement très conservateur du Tea Party, parmi lequel M. Trump a trouvé de nombreux partisans.
L'organisation FreedomWorks, issue du Tea Party, a immédiatement réagi jeudi 7 septembre à l'idée de supprimer cette prérogative : "Le plafond de la dette est une bonne chose (...). Les débats sur la dette sont le moment où les conservateurs peuvent se battre avec succès pour réduire la taille du gouvernement", a affirmé Adam Brandon, son président.
Outils plus efficaces
Le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan a lui aussi rué dans les brancards. "On n'est pas intéressé à supprimer le plafond de la dette", a-t-il dit sur Fox News Radio jeudi 7 septembre. "Aussi imparfait qu'il soit, c'est un bon outil de discipline budgétaire", a-t-il protesté.
Mais pour nombre d'économistes, le plafond de la dette n'a guère été efficace si ce n'est qu'il renchérit le coût de l'emprunt dès qu'on approche la date fatidique du renouvellement de l'autorisation d'endettement et que les marchés financiers craignent que les États-Unis fassent défaut sur leur dette.
C'est ce qu'il s'était passé en 2011 lorsque, pour la première fois de l'histoire contemporaine, la note de solvabilité des États-Unis avait été abaissée à AA+, au lieu du très convoité AAA, par l'agence de notation Standard and Poor's.
Lorsque les taux d'intérêt sur les bons du Trésor grimpent parce qu'ils deviennent plus risqués dans le cadre du bras de fer entre l'administration et le Congrès, "ce sont les contribuables qui le paient au bout du compte", souligne Shai Akabas, du Bipartisan Policy Center.
"Je crois qu'il est temps d'avoir une discussion bipartisane sur comment se doter d'autres outils budgétaires plus efficaces et moins risqués", souligne cet expert.
Le débat au bout du compte devrait encore prendre des mois. Car si l'échéance d'un nouveau relèvement du plafond d'endettement a été repoussée au 8 décembre, le Trésor aura encore la possibilité d'utiliser des mesures comptables exceptionnelles pour disposer de liquidités sans avoir recours à l'emprunt jusqu'au printemps 2018.