>>La Fed salue les progrès de l'économie, mais scrute l'inflation
>>Prudence attendue à la Fed, entre inflation et variant Delta
>>Les consommateurs américains se serrent la ceinture, les prix bondissent encore
Joe Biden parle depuis la Maison Blanche à Washington, le 11 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le prix payé par les compagnies pétrolières pour un baril de pétrole a commencé récemment à baisser, mais, pour beaucoup d'Américains, le coût de l'essence à la pompe n'a pas diminué", a déploré le président américain.
"Je vais m'assurer que rien ne s'oppose à la baisse des prix du pétrole, qui fera diminuer les prix pour les consommateurs", a-t-il ajouté, dans un discours prononcé depuis la Maison Blanche.
En juillet, les prix du pétrole, si précieux aux États-Unis où les consommateurs ont l'habitude de payer peu cher pour remplir le réservoir de leurs imposants pick-ups, ont bondi de 41,2% par rapport à juillet 2020, et de 2,3% par rapport à juin.
La Maison Blanche a donc appelé mercredi 11 août la présidente de l'autorité américaine de la concurrence (FTC) à "utiliser tous les outils disponibles pour (...) lutter contre toute conduite illégale qui pourrait contribuer à l'augmentation des prix à la pompe alors que les coûts du baril de pétrole baissent", a annoncé le président.
Inflation stable sur un an
Autre responsabilité pointée du doigt par Washington, celle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+).
"Nous (leur) avons également clairement signifié (...) que les réductions de production effectuées pendant la pandémie devraient prendre fin alors que l'économie mondiale se redresse, afin que les prix baissent pour les consommateurs", a encore affirmé Joe Biden.
"La hausse des coûts de l'essence, si elle n'est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours", avait dénoncé plus tôt le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan.
Les prix de l'essence ont de nouveau tiré en juillet l'inflation qui a cependant ralenti par rapport à juin (+0,5% contre +0,9%), selon l'indice CPI publié mercredi par le département du Travail.
Ces données offrent une respiration, après quatre mois de fortes hausses, qui ont fait redouter une spirale inflationniste semblable à celle des années 1970 et 1980.
Une station service de Los Angeles (Californie), le 22 juin. |
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"L'inflation sous-jacente commence à montrer des signes de modération", constate Diane Swonk, économiste pour Grant Thornton, dans une note.
Mais elle y voit aussi "l'émergence du variant Delta, qui pourrait freiner l'inflation en août" et "perturbe à la fois l'offre et la demande".
Par rapport à juillet 2020, l'inflation se stabilise, mais reste élevée, à 5,4%. L'effet défavorable de comparaison avec des prix en chute libre au printemps 2020, sous l'effet des mesures de confinement, se réduit en effet, puisque l'été dernier, les prix avaient recommencé à augmenter.
Voitures d'occasion
Autre catégorie dont les prix bondissent sur un an, les voitures d'occasion (+41,7%). Mais le pic semble désormais atteint puisque sur un mois, elles enregistrent une hausse modeste (+0,2%), après avoir connu en juin une progression record (+10,5%).
La demande a été soutenue, les particuliers ayant profité de la crise pour s'éloigner des centres-villes, quand les loueurs de voitures ont dû reconstituer leur flotte. En outre, la production de véhicules neufs est fortement ralentie par la pénurie de semi-conducteurs, ce qui a dopé encore davantage la demande de voitures d'occasion.
L'inflation devrait rester à un niveau "élevé et stable, car les déséquilibres entre l'offre et la demande ne seront résolus que progressivement", anticipent Kathy Bostjancic et Gregory Daco, économistes pour Oxford Economics.
Les goulets d'étranglement qui perturbent la chaîne mondiale d'approvisionnement devraient en effet mettre de longs mois à se résorber.
À cela s'ajoutent les difficultés que rencontrent les employeurs à recruter, notamment pour les plus bas salaires, les poussant à augmenter les rémunérations pour attirer les candidats.
Et le colossal projet de rénovation des infrastructures, porté par Joe Biden et qui a passé mardi 10 août la première étape de son adoption au Congrès, alimente les craintes d'une hausse des prix durables, un risque que l'administration Biden conteste.
AFP/VNA/CVN