>> Macron est arrivé aux États-Unis pour une visite fastueuse et stratégique
Emmanuel Macron (gauche) et Joe Biden se serrent la main lors d'une conférence de presse commune à la Maison Blanche à Washington, le 1er décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Cette "bromance" - contraction de deux mots américains, "brother" et "romance" - a plus de retenue que les grandes manifestations d'amitié, réelle ou simulée, mises en scène par Emmanuel Macron et Donald Trump en 2018 dans cette même Maison Blanche.
À l'époque, une image avait symbolisé la visite d'État du jeune président français. Celle du milliardaire républicain, prompt à casser tous les codes protocolaires, époussetant des pellicules du costume de son invité au nom de leur "relation très privilégiée".
C'était en réalité le début de la fin de la lune de miel entre les deux dirigeants qui, chacun à leur manière, attiraient la lumière. Et le prélude à une phase de tension et de crises à répétition. Ce nouveau voyage à Washington présente des similarités. Emmanuel Macron est, comme avec Donald Trump, le premier chef d'État à avoir l'honneur d'une visite d'État depuis l'investiture de Joe Biden début 2021.
Et le faste est le même : drapeaux, coups de canon, fanfare militaire et dîner de gala. Sauf que cette fois-ci, la démonstration d'amitié arrive, non pas avant, mais après une crise diplomatique, gravissime, ayant opposé la France et les États-Unis en septembre 2021 à propos d'un énorme contrat de sous-marins avec l'Australie.
"C'est mon ami"
Mais jeudi 1er décembre, par une matinée d’hivers radieux et glacials, "Joe" et "Emmanuel" ont fait comprendre que tout était oublié. Le président américain s'est risqué à prononcer en français "Liberté - Égalité - Fraternité", tandis que son homologue a parlé de deux nations "sœurs", liées par le sang et leurs valeurs. Après la cérémonie d'arrivée, ils ont pris le chemin du Bureau ovale.
Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Washington, le 1er décembre. |
Photo : VNA/CVN |
Pourquoi avoir fait à Emmanuel Macron cet honneur d'une première visite d'État ? "Parce que c'est mon ami", a répondu Joe Biden à une journaliste, tandis que cet "ami" lui passait un bras affectueux sur l'épaule avant d'aller s'installer au coin du feu dans le bureau le plus célèbre au monde. "Emmanuel n'est pas seulement le leader de la France. Il est l'un des leaders de l'Europe", "très franc et très moteur en Europe", a applaudi le chef de l'État américain.
Au-delà des "valeurs" et des "combats" partagés, "Joe" est "aussi devenu un ami", a renchéri un peu plus tard Emmanuel Macron dans une conférence de presse tout en superlatifs entre le quadra et l'octogénaire, évacuant rapidement leurs frictions sur le commerce qui avaient pourtant assombri l'atmosphère la veille.
Fierté gastronomique
Après que le 46e président de l'histoire américaine eut remercié la France pour son rôle dans la conclusion d'un accord historique entre le Liban et Israël, Emmanuel Macron a répondu : "Soyons honnêtes, vous avez fait l'essentiel du travail."
Renvoi d'ascenseur immédiat du dirigeant démocrate, louant les qualités de "finisseur" de son homologue : "Nous avons négocié mais il nous fallait un finisseur pour conclure l'affaire, vous l'avez fait."
Comme à son habitude avec ses alliés, Emmanuel Macron a glissé du vouvoiement au tutoiement, tandis que le président américain s'est réjoui d'avoir pu, la veille, s'échapper pour un rare dîner en ville avec leurs épouses Brigitte Macron et Jill Biden.
Ils remettront le couvert jeudi soir 1er décembre dans le cadre beaucoup plus solennel d'un dîner de gala, dont le menu signale toutefois que l'affection diplomatique s'arrête là où commence la fierté gastronomique : ne seront en effet servis que des vins et fromages "made in USA". Qui dit voyage d'État dit aussi échanges de cadeaux lourds de sens.
Pour la France, le présent ne pouvait être que romantique: un vinyle de la bande originale du film Un homme, une femme, célèbre pour sa chanson du même titre, une entêtante ritournelle sur l'air de Dabadabada, ou Chabadabada selon la retranscription. L'Élysée affirme que Joe et Jill Biden sont allés voir cette œuvre de Claude Lelouch lors de leur premier rendez-vous galant.
AFP/VNA/CVN