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L'ex-président du FC Barcelone, Sandro Rosell, lors de son procès pour blanchiment d'argent, le 25 février |
"C'est une très grande nouvelle qui remet les choses à leur place (et) me fait croire à nouveau en la justice", a réagi devant la presse Pau Molins, l'avocat de Sandro Rosell.
Me Molins a vivement critiqué l'instruction et jugé "absolument abusive et disproportionnée la mesure de détention provisoire qui s'est prolongée près de deux ans".
"JUSTICE a été faite. J'espère que Sandro pourra retrouver sa vie", a également tweeté le président de la Ligue de football professionnel espagnole, Javier Tebas.
Sandro Rosell, 55 ans, et cinq autres personnes étaient accusés d'avoir blanchi l'argent de commissions occultes liées à la vente de droits de diffusion de matches de la sélection brésilienne de football et d'un contrat publicitaire avec Nike.
Des accusations qui avaient justifié son placement en mai 2017 en détention provisoire, dont il n'était sorti que fin février 2019 après le début de son procès.
Le parquet avait initialement requis onze ans de prison à l'encontre de M. Rosell avant de revoir, à la fin du procès, la peine requise à six ans.
Cinq ans avaient par ailleurs été requis contre Joan Besoli, un Andorran soupçonné d'être l'homme de paille de l'ex-président du Barça de 2010 à 2014, et des peines de prison inférieures pour les quatre autres accusés dont la femme de M. Rosell.
Le tribunal n'a pas suivi le parquet. Il a conclu que les preuves présentées lors du procès n'étaient pas suffisantes pour condamner les prévenus.
Dans un communiqué, l'actuel président du FC Barcelone, Josep Maria Bartomeu, a fait part de sa "joie" mais aussi de son "indignation" car "personne ne pourra rendre (à Sandro Rosell) tout ce temps de privation de liberté".
"Il convient d'exiger des responsabilités à tous ceux qui s'étaient empressés de le condamner publiquement avant l'heure", a-t-il écrit.
D'autres affaires en cours
Les poursuites pour blanchiment avaient été déclenchées suite à une commission rogatoire de la justice américaine dans le cadre de l'enquête sur le "Fifagate", vaste affaire de corruption ayant touché les plus hauts dirigeants de l'instance mondiale du football.
Cette affaire portait sur plusieurs contrats liés aux droits télévisés de matches internationaux de la Seleçao, signés entre 2006 et 2008 par une société saoudienne basée aux îles Caïmans et, pour certains, par la Fédération brésilienne (CBF), dont l'ex-président Ricardo Teixeira échappe au Brésil aux poursuites lancées contre lui aux États-Unis dans le cadre du "Fifagate".
La compagnie de M. Rosell jouait un rôle d'intermédiaire dans les négociations de ces contrats et a touché, selon le tribunal, près de 8,4 millions d'euros à ce titre. Elle a également, dans un autre cadre, reçu 5 millions d'euros sous forme de prêt de Ricardo Teixeira.
Une autre société de Sandro Rosell avait touché 12 millions de dollars pour sa participation aux négociations d'un contrat publicitaire entre la Fédération brésilienne et l'équipementier Nike, son ancien employeur, toujours selon la décision du tribunal.
Mais contrairement à l'accusation, les juges espagnols ont estimé que l'origine illicite de l'argent transféré lors de ces opérations n'était pas prouvée.
"Il n'est pas prouvé que les mouvements de fonds entre les différentes sociétés ou entreprises considérées comme suspectes par l'accusation aient servi à masquer l'activité illicite de blanchiment d'argent", écrivent les magistrats.
Sandro Rosell n'en a néanmoins pas fini avec la justice: il est dans l'attente d'être jugé pour corruption et escroquerie dans l'affaire du transfert de Neymar en 2013 vers le club catalan, et est également poursuivi pour fraude fiscale.
AFP/VNA/CVN