Espagne : la hausse du prix de l'électricité met le gouvernement sous tension

La canicule en Espagne a fait bondir le prix de l'électricité, donnant un nouveau coup de chaud à la coalition de gauche au pouvoir, divisée sur les remèdes à apporter à ce problème récurrent.

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Une personne sur son scooter passe devant un thermomètre marquant les 45°C à Séville, lors d'une vague de chaleur, le 10 juillet
Photo : AFP/VNA/CVN

Les climatiseurs ont tourné à plein régime ces derniers jours pour lutter contre une vague de chaleur exceptionnelle, qui a grimpé jusqu'à 47 degrés en Andalousie (Sud). Les prix de l'électricité, déjà en forte hausse depuis des mois dans le sillage des cours mondiaux du gaz, se sont envolés sur le marché de gros espagnol, avec un impact à prévoir sur la facture du tarif dit "semi-régulé", qui concerne environ un tiers des particuliers.

"Tout indique que le mois d'août se terminera avec la facture d'électricité la plus chère de l'histoire", avec en moyenne 92 euros à payer (+44% sur un an), affirmait mardi 17 août l'association de consommateurs Facua. Ce phénomène absorbe en partie la réduction temporaire de la TVA sur l'électricité - de 21% à 10% - décidée fin juillet par le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez pour faire baisser la facture des consommateurs les plus modestes, qui avaient déjà pâti en janvier d'une hausse historique provoquée par une vague de froid.

Face à cette envolée, le parti de gauche radicale Podemos, pourtant membre de la coalition au pouvoir, n'a pas hésité à critiquer de nouveau ses partenaires socialistes, sur fond de regain de tension au sein du gouvernement sur la question migratoire. "Il faut (que le gouvernement) intervienne sur le prix de l'énergie et se dirige vers un système de prix régulés", a déclaré la ministre du Travail, Yolanda Diaz, co-dirigeante de Podemos et numéro trois du gouvernement, à la revue Ctxt.

"Tout cela est le résultat d'un processus de privatisations du secteur électrique (...) qui a débouché sur un oligopole avec des prix démultipliés chaque année", a-t-elle poursuivi.

Depuis des années, l'Espagne pâtit de sa dépendance au gaz pour sa production d'électricité, bien plus forte que celle de voisins européens comme la France, qui peut compter sur ses centrales nucléaires, explique Jordi Castilla, porte-parole de Facua, qui critique lui aussi la politique tarifaire des grands groupes énergétiques espagnols. L'Espagne était fin 2020 le cinquième pays de l'UE où l'électricité est la plus chère pour les particuliers, l'Allemagne se classant en tête, selon les dernières données disponibles d'Eurostat.

Entreprise publique

Podemos demande qu'une partie des prix de l'électricité soit plafonnée immédiatement par le gouvernement via un décret-loi, menaçant même de mobiliser dans la rue si ce n'est pas le cas, dans un pays où la "pauvreté énergétique" fait régulièrement la une des médias.

La ministre espagnole de l'Environnement, Teresa Ribera, arrivant au palais de La Moncloa, à Madrid.
La ministre espagnole de l'Environnement, Teresa Ribera, arrivant au palais de La Moncloa, à Madrid.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Dire que l'on peut résoudre ça avec un décret-loi génère de faux espoirs (...) Regardez ce qui se passe dans le reste de l'Europe, ce n'est pas un problème spécifique à l'Espagne", a rétorqué la ministre socialiste de l'Environnement, Teresa Ribera, sur la chaîne La Sexta. Le gouvernement n'a pas de prise sur la hausse des cours mondiaux du gaz ou sur celle des droits d'émission de CO2, répète-t-elle depuis des semaines.

La responsable socialiste appelle à un changement des règles européennes du marché de l'électricité, où les prix sont, selon elles, dictés par les énergies fossiles, ce qui désavantage l'Espagne. La ministre a écrit en ce sens au début de l'été à la Commission européenne, mais Bruxelles "a répondu ne pas avoir la moindre intention d'introduire des changements (...) Nous pensons que ce n'est pas raisonnable", a-t-elle affirmé il y a quelques jours à la radio Cadena Ser.

Pour la première fois, la ministre s'est cependant montrée ouverte à l'idée de créer une entreprise publique pour gérer les centrales hydroélectriques, une mesure réclamée de longue date par Podemos afin de couper l'herbe sous le pied des grands groupes, accusés de faire des profits faramineux sur le dos des consommateurs. Mais il faut pour cela attendre l'expiration des concessions, ce qui prendra des années.

D'ici là, Podemos et les associations de consommateurs appellent le gouvernement à pérenniser la baisse de la TVA. Les taxes représentent en Espagne plus de 45% du montant de la facture d'électricité, contre environ 40% en moyenne dans l'UE, selon Eurostat. Madrid vient de prolonger jusqu'à fin octobre l'interdiction des coupures d'électricité, d'eau ou de gaz en raison d'impayés, afin d'aider les plus vulnérables face à la crise du COVID-19.


AFP/VNA/CVN

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