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Des militants de Greenpeace bloquent un convoi transportant une pièce du réacteur EPR de Flamanville, le 12 février 2016 à Evrecy, près de Caen. |
Dix d'entre eux s'étaient enchaînés le 12 février 2016 à 07h15 à Evrecy, près de Caen, au véhicule qui acheminait vers Flamanville le couvercle de la cuve du réacteur, pièce sur laquelle des anomalies ont été détectées. Les trois autres avaient participé au blocage sans s'enchaîner. Le convoi était reparti vers 14h00 ce jour-là.
Les services spécialisés de gendarmerie avaient mis deux heures quarante pour libérer le camion sans blesser les militants qui s'y étaient attachés par des chaînes, des tubes en métal autour des bras et des U métalliques autour du cou, selon le tribunal.
"De ces histoires de nucléaire, on en pense ce qu'on souhaite, c'est extérieur au droit pénal. Ce camion était sur un parking public. À partir du moment où on empêche un camion de circuler, l'infraction est caractérisée", avait estimé la vice-procureur Emilie Abrantes lors de l'audience le 31 mai.
Le tribunal a suivi les réquisitions de la magistrate qui avait demandé la confirmation des peines de 500 euros à 1.000 euros auxquelles ont été condamnés les prévenus par une ordonnance pénale (sans procès) en octobre 2016. Les militants avaient fait opposition. Le procès du 31 mai en était la conséquence.
Les six prévenus présents à l'audience du 31 mai avaient pour la plupart reconnu avoir bloqué le camion mais pas la circulation. Car, estimait leur conseil, Alexandre Faro, le code de la route définit l'entrave à la circulation par le fait de "faire obstacle au passage des véhicules et non d'un véhicule". L'avocat avait en conséquence plaidé la relaxe.
Les militants avaient dit à la barre avoir eu recours à "la désobéissance civile non violente", seul moyen selon eux pour "se mettre en sécurité face à l'industrie nucléaire".
Chômeurs, animatrice, enseignante à la retraite ou agricultrice, les militants sont âgés de 32 à 65 ans. Trois d'entre eux ont été condamnés à 1.000 euros d'amende et dix à 500 euros.
L'Autorité de sûreté nucléaire a annoncé le 30 mai qu'elle rendrait "début juillet" un premier avis sur la cuve de l'EPR. Son fabricant Areva a rendu en décembre un dossier au gendarme du nucléaire pour tenter de prouver que la pièce est suffisamment résistante, malgré les anomalies annoncées par l'ASN en 2015.