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Éoliennes à Radenac (Morbihan). |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Les résultats sont sans ambiguïté : la maturité et la compétitivité de l'éolien terrestre et plus largement des énergies renouvelables sont une réalité", a déclaré le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, cité dans le communiqué.
Vingt-deux lauréats ont ainsi été retenus pour installer des éoliennes terrestres d'une capacité totale de 500 mégawatts (MW) et d'un prix moyen pondéré de 65,40 euros le mégawattheure. Le dernier tarif d'achat, défini en 2017, avait été fixé par arrêté à 72 euros/MWh et ne concerne que les installations de moins de 18 MW.
Pour Marion Lettry, déléguée générale adjointe du Syndicat des énergies renouvelables (SER), ces résultats démontrent que l'éolien "peut prendre une place importante dans le mix énergétique français", au moment où le gouvernement planche sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PEE), feuille de route des ambitions énergétiques pour les années à venir.
Les 500 MW attribués mercredi 28 février ne représentent que la première vague d'un appel d'offres global de 3 GW qui doit s'étaler sur trois ans. Cette procédure est une première pour la filière depuis la modification du mécanisme de soutien à l'éolien terrestre en France, survenue l'année dernière.
Auparavant, l'électricité ainsi produite était rachetée par EDF à un tarif défini par les pouvoirs publics. Maintenant, elle sera vendue au prix du marché, auquel s'ajoutera un complément de rémunération garanti pendant vingt ans, les candidats réclamant le complément le plus bas étant privilégiés. Un tiers des projets bénéficieront en plus d'un bonus pour avoir fait l'objet d'un financement participatif.
"Besoin de stabilité"
Ces résultats "vont conduire le gouvernement à privilégier cette procédure (d'appel d'offres) pour les futurs projets en redéfinissant le périmètre des projets éligibles aux soutiens sous forme d'appel d'offres et de tarif d'achat" (l'ancien système moins concurrentiel, ndlr).
Pour le SER comme pour France énergie éolienne, l'association qui regroupe les industriels du secteur, cette annonce est un "mauvais signal" envoyé à la filière. "Nous souhaitons que les choses se fassent de manière progressive et en concertation avec la filière", a indiqué Mme Lettry, jugeant "important de maintenir ces deux dispositifs pour assurer un développement harmonieux de l'éolien sur l'ensemble du territoire", et non pas cantonné aux régions les plus venteuses ou les plus accessibles.
"Les acteurs ont besoin de stabilité", a ajouté France énergie éolienne, précisant que la réglementation actuelle avait tout juste un an. Selon l'association, élargir le système d'appel d'offres à des installations plus petites risque de "mettre en péril un certain nombre de projets". Ces critiques font suite aux réactions plus favorables de mi-janvier, lorsque M. Hulot avait dévoilé des mesures pour lever les freins à l'éolien terrestre.
Parmi les dix mesures alors présentées figuraient notamment la modification de la répartition des retombées fiscales, en augmentant la part qui revient aux communes accueillant des éoliennes, et la suppression d'un niveau de juridiction pour les recours, qui seront directement traités par les cours administratives d'appel.
En 2017, 1.797 MW d'éolien ont été raccordés au réseau selon le "Panorama de l'électricité renouvelable" diffusé début février. "C'est la meilleure année jamais faite", avait réagi Jean-Louis Bal, président du SER.