Environ 3.000 migrants évacués d'un important campement à Saint-Denis

Les forces de l'ordre ont évacué mardi 17 novembre à Saint-Denis environ 3.000 migrants qui vivaient dans un important campement au pied du Stade de France, dans une opération d'évacuation organisée par les autorités trois semaines après le confinement national.

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Des migrants attendent d'être évacués d'un campement au pied du Stade de France, à Saint-Denis le 17 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

"3.000 personnes, dont 400 en famille, ont été prises en charge (...) et se sont vu proposer une situation d'hébergement d'urgence. Ces personnes bénéficieront d'un diagnostic social, sanitaire et administratif", ont déclaré mardi 17 novembre soir la préfecture de police de Paris, les préfectures de la région Île-de-France et de Seine-Saint-Denis qui ont mené conjointement cette opération.

Dès 04h30, des migrants étaient prêts à monter dans des autobus mais l'opération, encadrée par un important dispositif policier, n'a réellement débuté que vers 07h00 en direction de 26 centres d'accueil et gymnases d'Île-de-France.

Les journalistes ont été maintenus à bonne distance par les forces de l'ordre.

Vers 10h00, les premiers des 70 autobus prévus ont commencé à transférer les migrants, pour l'essentiel des hommes seuls originaires d'Afghanistan, du Soudan, d'Éthiopie et de Somalie.

"Je ne sais pas où je vais, ce sera sûrement loin de Paris et pour peu de temps, mais je préfère ça que de rester dans ces conditions, même si c'est stressant", a expliqué Elyaas Ehsas, un Afghan de 27 ans, "dubliné" et installé depuis octobre dans le campement.

Le règlement européen de Dublin fait reposer la responsabilité de l'examen de la demande d'asile d'un migrant au premier pays d'entrée dans l'Union européenne.

Selon le décompte de l'association France terre d'asile, opératrice de l'État, environ 2.400 exilés vivaient la veille encore dans ce camp qui n'a cessé de grossir depuis août.

Selon Utopia56, "environ 800 personnes" exilées n'ont toutefois pas pu monter dans des autobus faute de place et ont été contraintes de se disperser par les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogène.

"Du jamais vu"

"Même à (la "jungle") de Calais, j'ai jamais vu ça : c'était rien que du gazage et de la violence", a dénoncé Yann Manzi, co-fondateur de cette association, qui a déploré une "désorganisation" et un dispositif "mal dimensionné" qui contraignent ces migrants à "errer" dans les rues mardi soir 17 novembre.

"Ces camps ne sont pas acceptables", a justifié plus tôt devant la presse le préfet de police de Paris, Didier Lallement. "Cette opération a lieu pour faire en sorte que les personnes en situation régulière puissent trouver un abri nécessaire". Celles en situation irrégulière "n'ont pas vocation à rester sur le territoire", a souligné le préfet.

Des migrants évacués d'un campement à Saint-Denis, près de Paris, le 17 novembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Toutes les personnes prises en charge feront dans un premier temps l'objet d'un test de dépistage du COVID-19 avant d'être soit isolées en cas de résultat positif, soit immédiatement mises à l'abri.

Depuis la crise migratoire de 2015, c'est le 65e démantèlement de grande ampleur en Île-de-France, pour près de 300 opérations dites de "mise à l'abri".

"Comment ce campement a pu se développer en état d'urgence sanitaire, où le respect des gestes barrière est impossible et où les personnes vivent dans l'insalubrité totale ?", a regretté Louis Barda, coordinateur général à Médecins du Monde Paris.

Début octobre, Médecins sans frontières a publié une enquête sur le niveau d'exposition au COVID-19 parmi les grands précaires en Île-de-France.

L'étude révèle de fortes disparités selon les types de sites sur lesquels les personnes ont été testées: ainsi, dans les 10 centres d'hébergement où intervient l'association, le taux de positivité atteint 50,5%, contre 27,8% sur les sites de distribution alimentaire et 88,7% dans les deux foyers de travailleurs migrants.

La raison principale est la "promiscuité et les conditions d'hébergement qui ont généré des clusters", par exemple dans les gymnases où ces personnes vont être mises à l'abri mardi 17 novembre, rapporte l'étude.

"Le prochain campement sera-t-il encore plus éloigné en banlieue, éloigné des douches, des distributions alimentaires et des démarches administratives ?", s'est demandé Alix Geoffroy, chargée de programme CEDRE-Secours catholique.

Dans un communiqué publié mardi 17 novembre, une trentaine d'associations et collectifs, comme la Cimade ou Solidarité Migrants Wilson dénoncent le "cycle sans fin et destructeur" des évacuations.

AFP/VNA/CVN

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