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En 2018, le Vietnam et la France ont célébré le 45e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques et le 5e de leur partenariat stratégique. Quels ont été, selon vous, les temps forts des relations bilatérales au cours de l’année passée?
Le secrétaire général du PCV, Nguyên Phu Trong (gauche), et le président français Emmanuel Macron. |
L’année 2018 fut exceptionnelle pour les liens franco-vietnamiens. Elle marquait le 45e anniversaire de l’établissement de nos relations diplomatiques qui s’est traduit par la visite officielle en mars en France du secrétaire général du Parti communiste du Vietnam, Nguyên Phu Trong, et celle en novembre au Vietnam du Premier ministre français, Édouard Philippe.
C’était la première fois au cours de notre longue histoire commune que nos deux pays procédaient à un échange de visites d’un tel niveau. Je crois qu’au-delà de la date d’anniversaire, c’est bien la volonté politique au plus haut niveau de nos deux pays de se rapprocher qui explique la dynamique de ces deux grandes visites. Celles-ci furent marquées par une série d’engagements de toute nature. Sur le plan économique, ce sont les contrats de plus de 20 milliards d’euros qui furent signés entre des entreprises françaises et vietnamiennes.
L’année 2018 fut également jalonnée par d’autres événements importants, par exemple dans le domaine de la défense. En juin, le Vietnam a accueilli, pour la 3e année consécutive, l’escale de la deuxième plus importante unité navale de la Marine française. En août, il a accueilli, pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, des chasseurs Rafale de l’Armée de l’air française.
Il y a eu aussi des échanges entre les deux peuples. C’est dans cette logique de rapprochement que s’inscrit en particulier l’ouverture en novembre dernier à Hô Chi Minh-Ville du très bel établissement que nous appelons le "Pôle France Santé", qui incarne la dynamique très forte de la coopération bilatérale en matière de santé.
Nous avons relancé les projets de coopération universitaire majeurs, comme à l’Université des sciences et technologies de Hanoï, qui est le plus important projet universitaire de la France dans le monde. Elle associe 35 institutions dont 25 sont des universités et grandes écoles.
La présidente de l’Assemblée nationale vietnamienne Nguyên Thi Kim Ngân a effectué une visite officielle en France du 30 mars au 3 avril. Pourriez-vous en partager vos appréciations?
La visite de Mme Ngân était attendue en France parce que c’était précisément le prolongement de la dynamique exceptionnelle de l’année 2018 qui était à l’œuvre. Elle s’est rendue à Paris puis à Toulouse.
À Paris, elle a été reçue par les plus hautes autorités françaises: les présidents de l’Assemblée nationale Richard Ferrand et du Sénat français Gérard Larcher, ainsi que le Premier ministre Édouard Philippe. Ces entretiens furent l’occasion de réaffirmer la volonté inébranlable d’approfondir encore notre partenariat et de resserrer les liens extrêmement forts qui existent entre nos deux pays.
Mme Ngân s’est ensuite rendue à Toulouse pour clôturer les 11es Assises de la coopéra-tion décentralisée franco-vietnamienne, tenues les 1er et 2 avril. C’est un évènement que nous organisons tous les trois ans successivement en France et au Vietnam. C’est l’occasion de faire le point sur la coopération entre régions françaises et provinces vietnamiennes. Près d’une province vietnamienne sur deux était représentée à Toulouse, et plus d’une vingtaine de grandes villes et de collectivités françaises. Une cinquantaine de partenariats existent dans ce domaine entre nos deux pays.
Mme Ngân a également pris part à la cérémonie de remise à Vietnam Airlines de son 14e A320, et d’un A321 à Vietjet Air, symbole de notre collaboration économique et aéronautique.
Les 11es Assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne se sont tenues les 1er et 2 avril à Toulouse, en France. |
La coopération décentralisée constitue un pilier des relations bilatérales. Quelles sont, d’après vous, les orientations majeures pour renforcer cette forme de coopération exemplaire?
Vous avez raison de rappeler que la coopération décentralisée est effectivement un des piliers des relations franco-vietnamiennes. On a commencé cette coopération il y a plus de 25 ans et elle s’est renforcée au fil du temps. Elle est aujourd’hui remarquablement dynamique. Et ce que nous souhaitons favoriser, c’est que les collectivités travaillent toujours plus au profit des liens entre les jeunesses française et vietnamienne, au profit de l’environnement.
Les enjeux environnementaux, les changements climatiques sont considérables autant pour la France que pour le Vietnam. Les résultats que nous pourrons obtenir ne sont pas le seul fruit des efforts des gouvernements, mais aussi des responsabilités que prennent et prendront des collectivités pour faire face à ces défis.
Nous avons des partenariats dans le domaine économique qui se développent beaucoup, et dans le domaine culturel qui sont également très vivants… J’en veux pour preuve le lien entre la région française Nouvelle-Aquitaine et la ville de Huê de la province vietnamienne de Thua Thiên-Huê (Centre) pour l’organisation du Festival de Huê.
C’est donc un paysage extrêmement complet de la coopération, un paysage de dynamisme qui s’offre à nous. Et ces 11es Assises de la coopération décentralisée témoignent de cet esprit, de cet engagement, de ce dynamisme, qui s’accentuent année après année.
Le Vietnam et la France sont des membres de la Francophonie. Que pensez-vous du rôle du Vietnam au sein de cette communauté et de la coordination entre nos deux pays en son sein?
Le Vietnam a non seulement une place tout à faire particulière et privilégiée dans le monde francophone, mais aussi des responsabilités toutes aussi importantes. Nous le considérons un petit peu par nature comme le pays pivot de la Francophonie en Asie. Si la langue française y est parlée, nous le devons beaucoup aux francophones du Vietnam et au rôle que joue son gouvernement en la matière.
Aujourd’hui, nous comptons un peu près de 600.000 locuteurs de français au Vietnam. Je crois que ce pays n’en a jamais recensé autant qu’aujourd’hui. Récemment, d’autres langues y sont devenues de plus en plus enseignées et étudiées, en particulier des langues d’Asie.
La richesse, c’est la diversité, c’est le multilinguisme. Ce que nous souhaitons, c’est que le français tienne toute sa place dans l’enseignement et la pratique des langues au Vietnam. Nous y travaillons de façon très étroite avec les autorités vietnamiennes. J’en veux pour preuve des classes bilingues qui sont un dispositif très efficace pour l’apprentissage de la langue française.
Nous accueillons aussi dans le monde francophone toujours plus d’étudiants qui viennent du Vietnam. Nous sommes très heureux et fiers que la France soit leur première destination en Europe.
La Francophonie est un enjeu majeur pour l’avenir de notre monde. Le président de la République française Emmanuel Macron a souligné avec force, dans le discours qu’il a prononcé il y a quelques mois à l’Université de la Sorbonne, que l’enjeu qui est devant nous est une démographie francophone qui devient, dans les décennies qui viennent, de plus en plus importante qu’elle est aujourd’hui, notamment en Afrique.
L’avenir des langues est celui du français, et donc nous encourageons beaucoup nos amis vietnamiens, les jeunes notamment, à étudier la langue française car cela sera pour eux un engagement de réussite intellectuelle et, certainement, de réussite professionnelle.
Propos recueillis par Mai - Duong - Ánh/CVN