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Trois nouveaux marchés pour le Vietnam
Trân Quôc Khanh, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce
Il est difficile de dire si l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) nous apportera plus de défis ou d’opportunités. Les deux coexistent. Mais, si l’on observe le parcours de l’intégration internationale du pays, je me pencherai davantage sur les opportunités. Par exemple, l’adhésion à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 1995 nous a permis de porter nos exportations à 5 milliards de dollars.
Fin 2006, en achevant les négociations pour l’entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ce chiffre est passé à 40 milliards de dollars. En 2018, nos exportations se sont élevées à 245 milliards de dollars, soit 45 fois plus qu’en 1995 et six fois plus qu’en 2006. Autrefois pays subissant un déficit commercial, le Vietnam enregistre depuis 2012 un excédent commercial. L’an passé, notre excédent commercial était de plus de 7 milliards de dollars. Je veux dire qu’avec notre entrée dans le CPTPP, nous sommes sur la bonne voie. Mais, pour que notre voiture fonctionne bien et aille loin, cela dépend de la qualité de notre moteur et du volume d’essence. Un nouveau marché s’ouvre à nous, mais si nous ne sommes pas armés pour le conquérir, nous resterons sur le bord de la route.
Parmi les dix pays parties au CPTPP, le Vietnam a déjà signé des accords de libre-échange avec sept. Nous n’avons que trois nouveaux marchés que sont le Canada, le Mexique et le Pérou. C’est la première fois que le Vietnam mène des échanges commerciaux avec ces trois pays. Mais, ils ne représentent pas de grands marchés aussi les possibilités pour le CPTPP de créer une forte croissance de nos exportations demeureront-elles limitées.
Concurrence acharnée dans le secteur de l’élevage
Nguyên Xuân Cuong, ministre de l’Agriculture et du Développement rural
Le CPTPP marque une nouvelle avancée du Vietnam dans son processus d’intégration internationale. L’adhésion à cet accord devra aider le pays à multilatéraliser ses relations économiques et commerciales, et à se prémunir contre les risques liés aux échanges commerciaux trop concentrés sur quelques grands marchés. Tout d’abord, il faut affirmer que les accords de libre-échange et le CPTPP nous aideront à élargir les marchés d’exportation des produits agricoles phares du Vietnam (produits aquatiques et forestiers, légumes, fruits, riz, café, caoutchouc, etc.). Pour le secteur de l’élevage notamment, les produits transformés à base de poulet sont promis à un bel avenir sur le marché japonais. Si nous prenons les mesures appropriées, accélérons l’application des sciences et technologies, et parvenons à viser les produits disposant d’atouts, nous pourront faire face à la concurrence.
Cependant, l’agriculture nationale fait face à des défis majeurs. Dans le cadre de cet accord, les pays partenaires réduisent certes les taxes douanières mais cherchent aussi à installer des barrières non tarifaires et à exercer un contrôle plus strict sur les produits importés. Les produits d’élevage du Vietnam feront face à une concurrence plus tenace qui exigera de nous un contrôle strict et minutieux de la qualité et du prix, de la production bio et de la sécurité sanitaire. Nous devrons également comprendre et cerner les besoins et goûts des consommateurs de chaque pays afin de proposer des produits appropriés. Le secteur agricole doit continuer de se restructurer, notamment son industrie de transformation. Il doit également améliorer les prévisions concernant l’offre et la demande du marché.
Les entreprises appelées à bien étudier l’accord
Nguyên Thi Thu Trang, directrice du Centre de l’OMC et de l’intégration de la Chambre d’Industrie et de Commerce du Vietnam
Un rapport d’étude de la Banque mondiale publié en mars 2018 a montré que les industries vietnamiennes de l’alimentation, des boissons, du vêtement et des chaussures connaîtront une croissance significative de leur production grâce au CPTPP. Dans l’exportation, outre ces secteurs susmentionnés, les produits chimiques, les produits en cuir et en plastique, les véhicules, les machines et le matériel connaîtront également une augmentation significative des exportations sous l’effet de l’accord.
À contrario, l’agriculture, l’exploitation minière et la métallurgie devraient connaître une baisse de la production et des exportations. L’agriculture devrait subir une concurrence féroce. Les produits d’élevage, de faible compétitivité, pourraient rencontrer des difficultés face aux concurrents puissants des pays partenaires. Néanmoins, je vois un bel avenir pour les exportations de fruits et légumes.
Le CPTPP en vigueur signifie que l’économie nationale devrait s’ouvrir davantage selon ses engagements pris avec ses partenaires et mettre en œuvre les obligations institutionnelles et réglementaires énoncées dans l’accord. Les défis peuvent être identifiés en deux groupes. Le premier concerne la concurrence qui sera plus compliquée et plus intense sur le marché intérieur. Le deuxième est lié à certaines exigences et conditions liées aux opérations commerciales qui seront plus rigoureuses pour les entreprises, ce qui leur demandera d’étudier et comprendre en profondeur les engagements du CPTPP en vue d’élaborer des stratégies pour faire face à la situation.
Un site web sur le CPTPP
Le CPTPP comprend 11 pays: Canada, Mexique, Pérou, Chili, Nouvelle-Zélande, Australie, Japon, Singapour, Brunei, Malaisie et Vietnam, qui représentent 13,5% du PIB mondial avec une population totale de près de 500 millions de personnes. En vue de répondre à la demande d’informations sur le CPTPP de la part des habitants et des entreprises, le ministère vietnamien de l’Industrie et du Commerce a mis à jour les contenus du site internet https://cptpp.moit.gov.vn/.
Linh Thao/CVN