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Selon l’objectif fixé par le gouvernement, le Vietnam devra entrer dans le top 15 des puissances agricoles et devenir l’un des 10 plus grands transformateurs du monde d’ici 10 ans. Quels sont les défis que l’agriculture nationale devra surmonter pour atteindre cet objectif?
Tout d’abord, je voudrais dire que l’objectif d’entrer dans ce top signifie que le pays doit disposer d’une très forte capacité d’exportation des produits agricoles. Actuellement, nous participons à la chaîne de valeur agroalimentaire mondiale et nous nous classons au 16e rang. En Asie du Sud-Est, le Vietnam est à la 2e place, après la Thaïlande. Ces dernières années, les exportations de produits agricoles ont connu une croissance relativement rapide. Donc, sur la base de ces deux atouts, bon nombre d’experts, optimistes, jugent que l’objectif du Vietnam de gagner un rang et d’entrer dans le top 15 des puissances agricoles est possible.
Néanmoins, il faut bien reconnaître qu’alors que le Vietnam cherche à augmenter la valeur de son secteur agricole, d’autres pays redoublent d’efforts et entrent dans une course effrénée pour augmenter leur volume de produits agricoles exportés. Par ailleurs, dans l’industrie agroalimentaire, nous restons désavantagés par rapport à d’autres pays.
Cela veut-il dire que pour parvenir à cet objectif, le chemin ne sera pas facile?
Bien sûr, ce ne sera pas facile mais ce n’est pas impossible. Pour réaliser cet objectif, le Vietnam devra atteindre une croissance des exportations de produits agricoles double par rapport à celle des pays exportateurs figurant dans ce top 15. Ainsi, en 2030, les exportations nationales de ces produits devront atteindre 60-65 milliards de dollars. Nous n’avons guère le choix: s’orienter vers les produits agricoles ayant une grande valeur ajoutée, de qualité et labellisés. En particulier, nous devons augmenter leur valeur via le développement de l’industrie agroalimentaire.
La sarl Vinh Hiêp, dans la province de Gia Lai, une entreprise exportatrice de café qui investit massivement dans l’industrie de transformation |
Photo: Hoàng Hùng/VNA/CVN |
Où se situe notre industrie agroalimentaire, selon vous?
Le Vietnam compte environ 12.000 entreprises impliquées dans l’industrie agroalimentaire. Sa valeur ne représente qu’environ 20% de celle des produits agricoles bruts. Une vraie problématique. En effet, si l’on observe d’autres pays voisins, la Thaïlande, par exemple sa transformation des produits agricoles représente environ 90% de la valeur des produits agricoles bruts. C’est la raison pour laquelle les exportations de ce pays en 2017 étaient 1,4 fois supérieures à celles du Vietnam. Alors, parallèlement à la poursuite de la croissance des exportations agricoles, le Vietnam doit développer, rénover et moderniser son industrie agroalimentaire.
D’après vous, quelles sont les solutions majeures pour augmenter la valeur du secteur agricole et optimiser l’industrie agroalimentaire?
Pour augmenter la valeur du secteur agricole, je pense qu’il faut se focaliser sur trois solutions majeures.
Primo, la restructuration de la culture et de l’élevage, en se concentrant sur les plantes et animaux permettant d’obtenir une valeur économique plus élevée. Par exemple, la conversion des rizières peu rentables en plantations d’arbres fruitiers et en zones aquacoles pour répondre à la demande croissante du marché domestique et étranger.
Secundo, il importe d’exploiter les produits qui sont des spécialités locales, mais connues mondialement et qui apportent une grande valeur ajoutée aux exportations. Sans oublier de renforcer la labellisation pour ces types de produits. Dans cet objectif, le gouvernement a adopté le programme "Chaque commune a son propre produit phare" pour la période 2018-2020. Néanmoins, pour que ce programme soit efficace, il est nécessaire d’organiser des formations aux techniques de production en faveur des agriculteurs, en parallèle à la labellisation commerciale.
Tertio, je veux parler du renouvellement de notre industrie de transformation. Il s’agit d’une stratégie déterminante pour le secteur. Un exemple: le café instantané, c’est-à-dire les grains réduits en poudre, a un prix de vente cinq à six fois plus élevé que le café brut. Et pour cette solution, les entreprises jouent un rôle crucial.
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La réalité actuelle montre que les entreprises actives dans l’agriculture et l’industrie agroalimentaire ne représentent qu’un taux très modeste du nombre total des entreprises du pays. Comment attirer plus d’investisseurs dans ce secteur?
Actuellement, les entreprises agroalimentaires ne représentent qu’environ 24% du nombre total des entreprises du pays. La plupart d’entre elles rencontrent des difficultés majeures, comme la rareté des régions productrices de matières premières stables, l’insuffisance d’infrastructures et de logistique, le capital d’investissement limité, les ressources humaines de qualité médiocre, et les technologies de transformation obsolètes.
Pour les régions productrices de matières premières, le problème est que notre agriculture reste pour la plupart une production de petite échelle et les entreprises manquent encore d’une bonne connexion avec les agriculteurs. C’est pour cette raison que je veux souligner ici le rôle des autorités locales dans l’aménagement des régions de cultures. En outre, elles devront être une réelle passerelle entre entreprises et agriculteurs.
À propos des infrastructures et de la logistique, les investissements doivent être mis en place pour moderniser les infrastructures de transport, le réseau d’entrepôts et d’embarcadères en vue d’assurer une bonne liaison entre les régions de matières premières, les usines de transformation dans les zones rurales et les marchés de consommation dans les grandes villes. Récemment, le gouvernement a publié l’arrêté N°57 pour lever les obstacles dans l’appel de fonds d’investissement dans l’agriculture et les zones rurales.