Entre inflation et risque de récession, le grand écart de la BCE

La Banque centrale américaine (BCE) aura mardi et mercredi (3 et 4 mai) une équation difficile à résoudre : à quel niveau porter les taux directeurs cette année pour contrôler l’inflation sans que cela ne plonge la première économie mondiale en récession ?

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Le bâtiment de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, le 16 mars à Washington.

Relever les taux doit permettre de modérer la demande et ralentir ainsi la hausse des prix. En mars, la Réserve fédérale (Fed) avait amorcé une hausse des taux plutôt prudente (+0,25 point de pourcentage), mais il s’agissait de la première depuis 2018.

À l’issue de sa réunion de deux jours, le Comité de politique monétaire (FOMC) entérinera cette fois-ci, sauf surprise, une hausse d’un demi-point de pourcentage, pour les porter dans une fourchette de 0,75% à 1%. C’est Jerome Powell, le président de la puissante institution, qui a lui-même annoncé que cette hausse serait "sur la table".

S’exprimant lors d’un panel de banquiers centraux en marge des réunions du Fonds monétaire international, il avait alors souligné qu’il était "absolument essentiel" de rétablir la stabilité des prix et de relever "rapidement" les taux pour que la Fed remplisse cette prérogative.

D’autres membres de la Fed ont été encore plus explicites sur la nécessité de mener une politique agressive face à une inflation qui ne cesse d’accélérer et un marché de l’emploi tendu. Certains souhaitent donc que des hausses similaires soient actées au moins lors de la réunion suivante, en juin. Il y a urgence à agir alors que l’inflation est désormais à son plus haut niveau depuis le début des années 80.

L’indice PCE, celui préféré par la Fed, a montré une progression des prix de 6,6% en mars sur un an. Selon l’autre indice, le CPI, dont le mode de calcul est différent, l’inflation a culminé à 8,5%, soit le rythme le plus rapide depuis décembre 1981.

Corde raide

Les discussions promettent d’être intenses, tant les responsables de la puissante institution sont sur la corde raide. En effet, parallèlement aux pressions inflationnistes, également alimentées par les confinements récents en Chine qui ont accentué les problèmes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, la croissance ralentit partout dans le monde.

Les outils de la Fed sont considérés comme les plus efficaces pour tempérer la demande et donc ralentir l’inflation.

Le président de la BCE, Jerome Powell, lors d’une conférence à Washington, le 21 mars.

Outre les taux d’intérêt, la Fed devrait acter le début de la réduction de son bilan, une autre étape majeure de la normalisation.

Calmer la demande sans la faire caler, tel est l’enjeu, car la consommation reste le moteur principal de la croissance américaine. Le Produit intérieur brut américain s’est contracté de 1,4% au premier trimestre.

Pas de quoi modifier le cap de la Fed, estime néanmoins Gregory Daco, chef économiste chez EY Parthenon, observant que ce rapport reflète une demande intérieure très forte. "Les Américains voyagent, bien que les billets d’avion soient chers, ils vont au cinéma, au théâtre, les restaurants sont pleins", a-t-il souligné lors d’un entretien avec l’AFP.

Comme de nombreux économistes, il s’attend donc à ce que la Fed relève ses taux d’un demi-point non seulement mercredi 4 mai, mais encore lors de la réunion de juin.

Si une récession n’est pas considérée comme imminente, certains experts ne l’excluent toutefois pas pour le début de l’année prochaine, si les prix restaient élevés malgré des hausses de taux.

Taux directeurs de la BCE, en %, depuis 2005.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Le travail de la Fed est extrêmement complexe, non seulement en raison des conditions économiques intérieures qui sont difficiles à interpréter, mais encore en raison d’un contexte de reprise économique mondiale désynchronisée", reconnaît Gregory Daco.

Jerome Powell, qui tiendra sa traditionnelle conférence de presse mercredi après-midi 4 mai, sera sans aucun doute pressé de dire combien de hausses le comité compte appliquer cette année. "Si la Fed veut vraiment effectuer un atterrissage en douceur", en d’autres termes resserrer la politique monétaire sans faire plonger l’économie dans la récession, "il faut qu’elle indique où est la piste d’atterrissage et quand elle compte y arriver, ce sera un élément clé", insiste Gregory Daco.

Mais pour les économistes de BNP Paribas, "il est peu probable que Jerome Powell donne un chiffre précis" ou un niveau de taux visé à l’issue de cette réunion.


AFP/VNA/CVN

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