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Nopadol Choihirun (gauche) est en train de livrer le courrier à un résident du quartier de Bang Khun Thian, à Bangkok. |
Dans ce métier, "je dois être très attentif aux nuages", surtout en ces temps de mousson, explique Nopadol Choihirun, qui utilise une feuille de bananier comme parapluie de fortune pour protéger colis et sacs de lettres posés dans son bateau de bois dépourvu de toit.
Comme lui, ils sont encore une poignée à livrer le courrier par bateau sur les canaux subsistant dans la région de Bangkok.
À 55 ans, Nopadol fait une tournée deux fois par semaine sur ce canal de la province de Bang Khun Thian, une région productrice de noix de coco.
Dans le centre de Bangkok, les canaux ont été comblés depuis des décennies : les facteurs y parcourent à mobylette les rues embouteillées qui ont pris la place des canaux de celle qui fut jadis baptisée "La Venise d’Asie" en raison de ses artères aquatiques.
Mais à Bang Khun Thian, à une heure seulement de Bangkok, les habitants sont encore nombreux à vivre dans des maisons de bois au bord de canaux. Et ils se déplacent encore en bateaux - des modèles à moteur ou encore souvent de simples barques.
Ici, nombre d’entre eux n’ont ni boîte à lettres ni sonnette, Nopadol doit donc héler les habitants pour leur remettre leur courrier en main propre.
Son embarcation remplie de colis, il doit souvent manœuvrer au milieu des obstacles, troncs ou îlots de détritus flottant à la surface.
C’est un métier assez physique, mais "c’est mieux que de rester assis derrière un bureau ou de conduire une mobylette", explique celui qui était jusqu’à il y a cinq ans employé de bureau de la Poste.
"Certains villageois m’invitent à déjeuner ou m’offrent un verre ou une bouteille d’eau. Cela fait partie des charmes de mon métier", dit celui qui porte fièrement le blouson noir et rouge officiel de la Poste.
La mobylette, moins cher
Le facteur Nopadol Choihirun conduit son bateau sur un canal dans le quartier de Bang Khun Thian, à Bangkok. |
Mais sa profession se meurt - car cela revient bien plus cher à la Poste de Thaïlande, créée à la fin du XIXe siècle par le grand roi réformateur thaï Rama V, de faire circuler ses postiers par bateau plutôt que par mobylette.
La bétonisation grandissante de Bangkok, à marche forcée depuis plusieurs décennies, rend de toute façon de plus en plus obsolète cette profession.
Dans la région de Bangkok, seuls sept bureaux de postes continuent d’avoir recours à des postiers en bateaux.
Ailleurs, les immeubles modernes ont depuis longtemps remplacé les quartiers construits sur les nombreux canaux bordant le fleuve Chao Phraya, qui traverse Bangkok.
Aujourd’hui, le besoin de postiers par bateau reste fort surtout dans des zones de la grande banlieue comme Bang Khun Thian, là où les autoroutes et les gratte-ciel n’ont pas encore remplacé rizières et cocotiers.
Dans le centre même de Bangkok, le quartier de Thonburi, au bord du fleuve, reste largement construit sur ces canaux que les touristes aiment découvrir à bord de bateaux les emmenant au milieu des maisons en bois sur pilotis. Mais à Thonburi, le courrier n’est pas livré par bateau.
Dans des zones plus isolées comme Bang Khun Thian, les postiers restent le seul moyen de recevoir son courrier.
"Nous vivons sur le bord du canal, Nous utilisons des bateaux pour nous déplacer. Pour sûr, nous avons besoin des facteurs à bateau", souligne Pacharee Kladpipoon, une paysanne de Bang Khun Thian.
AFP/VNA/CVN