>>Fessenheim : suspense et tensions autour d'un vote des administrateurs d'EDF
La centrale nucléaire de Fessenheim dans le Haut-Rhin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le secrétaire d'État auprès du ministère de la Transition écologique et solidaire Sébastien Lecornu a annoncé jeudi 4 janvier qu'il irait le 18 janvier en Alsace pour installer un "comité de pilotage" sur la reconversion de la centrale après avoir déjà réuni les élus locaux fin novembre.
Ce comité doit réunir les élus locaux, les services de l’État, EDF et les représentants des acteurs économiques. "On a beaucoup de pistes de travail très concrètes", a assuré Sébastien Lecornu sur RTL.
Sur place, l'attente est grande alors que la centrale emploie directement 850 salariés d'EDF et environ 350 salariés permanents d'entreprises prestataires, sans compter nombre d'emplois indirects et induits.
On attend "les compensations financières et comment recréer 2.000 emplois rapidement", souligne Claude Brender, maire (sans étiquette) de la commune de Fessenheim.
Le bourg de 2.400 habitants "vit grâce à la centrale", rappelle le maire. Et les collectivités locales entendent bien être compensées pour les 15 millions d'euros de recettes fiscales annuelles qui seront perdues.
"Rien de concret"
Plusieurs projets de reconversion du site ont été évoquées par le passé, comme l'éventuelle installation d'une usine de voitures électriques de l'américain Tesla, un projet d'usine de batteries ou la création d'un site pilote de démantèlement de centrales.
On parle aussi d'un centre de recherche, de l'installation d'une centrale à gaz dans la région, voire d'une vaste ferme solaire, domaine dans lequel EDF a récemment annoncé ses ambitions.
"Pour l'instant il n'y a rien de concret, on est au début du commencement", regrette le maire Claude Brender.
Le calendrier presse pourtant : Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires françaises, doit fermer au moment où le réacteur EPR de Flamanville (Manche) entrera en service, ce qu'EDF prévoit de faire entre fin 2018 et début 2019. S'ouvrira alors le long chantier du démantèlement...
La France ne peut en effet pas produire plus d'électricité nucléaire qu'elle ne le fait actuellement : l'obligation de respecter le plafond actuel est une exigence de la loi sur la transition énergétique votée en 2015.
Le pays possède un parc de 58 réacteurs et le nucléaire représente quelque 75% de sa production d'électricité. Mais il est prévu de ramener ce chiffre à 50% d'ici 2030 ou 2035, si bien que d'autres centrales vont devoir fermer.
"Un symbole"
Fessenheim sera donc la première à fermer, un engagement du précédent président François Hollande repris par son successeur Emmanuel Macron.
"C'est devenu un symbole", souligne Nicolas Goldberg du cabinet Colombus consulting.
"Fessenheim a cristallisé beaucoup de choses : c'est la plus vieille, elle est à la frontière franco-allemande, il y a eu une réévaluation du risque sismique sur la zone et en plus, il y a un des réacteurs à l'arrêt depuis un petit moment", rappelle l'expert.
En effet, le réacteur Fessenheim 2 est en arrêt prolongé à la suite d'une anomalie sur la virole basse d'un générateur de vapeur. Un problème lié aux irrégularités à la forge du groupe nucléaire Areva au Creusot (Saône-et-Loire).
Autant de difficultés qui ont fait de la doyenne des centrales une cible prioritaire pour les écologistes.
"Il faut arrêter de tergiverser: la centrale de Fessenheim doit fermer", juge Alix Mazounie, chargée de campagne énergie à Greenpeace France.
"Son manque de sécurité et de sûreté, sa vétusté, mais aussi son faible taux de production d'électricité sont autant de critères qui rendent sa fermeture indispensable", estime-t-elle.
"Les gouvernements allemands et luxembourgeois ont exprimé à plusieurs reprises ces dernières années de fortes inquiétudes face au risque d'accident de la centrale", rappelle Alix Mazounie.