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Un hôtel en construction à Tripoli, le 13 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Des grues rouillées sur les carcasses de bâtiments inachevés se succèdent le long de la corniche de Tripoli, la capitale, un témoignage d'une économie longtemps à l'arrêt.
Des centaines de projets, estimés à eux seuls à plusieurs milliards d'USD ont été abandonnés après la chute en 2011 du président Mouammar Kadfhafi, en raison de l'instabilité. Ils avaient été lancés au tournant de la décennie 2000-2010 par des mastodontes mondiaux.
Ces chantiers pourraient néanmoins bientôt reprendre de plus belle : la fin des combats, notamment aux portes de la capitale, et l'installation en mars dernier d'une autorité exécutive unifiée pour mener la transition ravivent l'espoir d'une reconstruction dans un pays où les infrastructures existantes ont aussi beaucoup souffert.
D'après certaines estimations, les besoins après les dégâts infligés par une décennie de conflit "dépassent les 100 milliards d'USD", souligne l'économiste libyen Kamal Mansouri, qui voit "la Turquie, l'Italie et l'Égypte décrocher la plus grosse part du gâteau".
Comparée à la Syrie, pays meurtri par dix ans de guerre, "la Libye représentera un plus grand champ de compétition pour la reconstruction", juge l'expert Samuel Ramani. Et cette "compétition pour les contrats sera beaucoup plus intense qu'en Syrie", dit-il
"Se repositionner"
Dès l'installation du nouveau gouvernement de transition en mars, Tripoli est devenue le théâtre d'un ballet diplomatique, où l'économie n'est jamais loin.
Quand le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, s'est rendu dans le pays quelques jours après l'éclaircie politique du printemps, il était accompagné du patron du géant pétrolier italien ENI.
Actif en Libye depuis 1959, le groupe italien se positionne désormais pour la construction d'une centrale photovoltaïque dans le Sud de la Libye.
Quelques semaines plus tard, lors d'un déplacement à Paris, le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah a été reçu par l'organisation patronale française, le Medef, qui souhaite voir les entreprises tricolores "prendre activement part à la reconstruction".
Des immeubles dont la construction n'est pas terminée, dans la capitale libyenne Tripoli le 13 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Début juin, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, est, lui, venu accompagné de plusieurs hommes d'affaires, dans l'espoir de participer à "la reconstruction et au développement" du pays.
Les voisins de la Libye ne sont pas en reste : le groupe algérien Sonatrach a récemment dit envisager une reprise de ses activités, alors que les responsables tunisiens ont multiplié les appels du pied pour réactiver une collaboration vitale pour leur économie, surtout celle du Sud.
Des discussions ont également eu lieu avec l'Égypte, pour qui la Libye était un important marché avant 2011, notamment dans le bâtiment.
Profitant de sa proximité avec les élites de la Tripolitaine, la Turquie s'est déjà positionné sur d'importants projets dans l'Ouest.
Depuis la désignation de M. Dbeibah, lui-même issu des milieu d'affaires, de nombreux "conseils" bilatéraux ont été réactivés, et les "forums économiques" se sont multipliés.
Financements
"La Libye n'a rien construit depuis 10 ans, elle n'a pas maintenu son infrastructure. C'est un pays riche qui a des besoins de travaux légitimes", confie Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye au sein du centre de réflexion Global Initiative.
Le réseau électrique est défaillant, les infrastructures sont à plat : la plupart des aéroports ont été endommagés par les combats et il n'y a ni ligne ferroviaire ni autoroutes.
Mais ce marché prometteur n'est pas sans risques. La sécurité reste à ce jour précaire. Les mercenaires étrangers sont toujours stationnés dans le pays, les milices n'ont pas été démantelées.
Politiquement, les élections législatives et présidentielle annoncées pour décembre, censées boucler la phase de transition, semblent de plus en plus hypothétiques. Avec le risque persistant de voir le pays replonger dans le chaos.
AFP/VNA/CVN