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Une collection de pièces découverte dans une maison d'un ancien ghetto juif de Keszthely, exposée au musée Balatoni, le 22 mai à 200 km de Budapest, en Hongrie. |
La scène est digne d'un roman. Elle se passe en février dernier dans une cave de Keszthely, une petite ville des bords du lac Balaton (Sud-Ouest): "Nous avons lentement déterré cinq jarres en verre scellées avec soin et l'une d'elles a révélé une vision incroyable, comme dans un conte: des milliers de pièces", racontent les habitants de la maison au trésor.
Ces derniers ont souhaité rester anonymes mais ont raconté leur découverte dans une lettre. Ils ont mis au jour, à l'occasion de travaux, 2.800 pièces allant de l'Antiquité au XXe siècle. "Nous espérons qu'un jour, elles retourneront à qui de droit", écrivent-ils.
En attendant, la trouvaille a été confiée au musée local qui l'expose jusqu'à la fin de l'été en espérant susciter des souvenirs et des témoignages parmi les habitants de Keszthely, une localité située à 190 kilomètres de Budapest.
Car l'histoire du trésor semble intimement liée aux soubresauts de l'histoire hongroise: la collection était dissimulée dans la cave d'une maison autrefois située dans le périmètre du ghetto où avaient été rassemblés les Juifs de la ville à partir de mai 1944.
Pièces de tous les continents
Les pièces ont certainement été cachées par leur propriétaire juif avant le début des déportations, estime Balint Havasi, directeur du musée Balatoni de Keszthely qui expose la trouvaille. "C'est une collection d'une valeur inestimable. Elle peut nous aider à enrichir nos connaissances sur l'Holocauste" et est "unique en terme de diversité et de quantité", explique l'historien.
Des pièces d'or datant de l'époque exposées au musée Balatoni de Keszthely, le 22 mai en Hongrie. |
Environ la moitié des pièces ont été frappées à l'époque romaine sur le territoire de l'actuelle Hongrie, estime l'archéologue et numismate Ferenc Redo.
L'autre moitié rassemble des sous du monde entier, frappés dans la France d'avant et d'après la Révolution de 1789, dans les provinces allemandes au XIXe siècle, dans la Russie tsariste et des années 1920, mais aussi en Amérique du sud, en Afrique, en Asie et dans les Indes britanniques.
Des bijoux gravés découverts dans les jarres ont mis les historiens sur la piste des possibles propriétaires et collectionneurs: il pourrait s'agir de membres de la famille Pollak, des commerçants juifs qui avaient pignon sur rue à Keszthely avant la guerre. Aucun de leur descendant n'a pu être identifié à ce stade.
La quasi-totalité des Juifs de cette ville, où ils représentaient au moins 15% de la population, ont péri dans le camp d'extermination nazi d'Auschwitz. Sur 829 personnes déportées, seules 64 ont survécu et la communauté juive locale ne compte plus aujourd'hui qu'une dizaine de membres selon Gabor Rejto, l'un de leurs représentants à Keszthely.
"La découverte montre qu'il y a encore de nombreuses questions sans réponse sur l'Holocauste en Hongrie", observe M. Rejto.
Quelque 600.000 Juifs hongrois ont péri dans les camps nazis. Parmi eux, 450.000 ont été déportés à Auschwitz en deux mois seulement, avec l'aide de miliciens hongrois, après l'invasion de la Hongrie en 1944.
Si personne ne peut le revendiquer, c'est à l'État hongrois que reviendra le trésor de Keszthely.
AFP/VNA/CVN