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Deux pièces de l'exposition consacrée à Pierre Cardin au Brooklyn Museum. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Qui est Pierre Cardin?" C'est la question qu'a voulu poser, à l'entrée de cette exposition "Pierre Cardin: Future Fashion", le commissaire Matthew Yokobosky, revenu aux bases du couturier de 97 ans.
Premier parti pris, aucune trace des fameux produits sous licence, plus de 850, lancés depuis la fin des années 60, qui ont largement contribué à populariser son nom, mais ont aussi dilué son identité.
Au point qu'aujourd'hui, à part Jean-Paul Gaultier, qui travailla chez Cardin au début de sa carrière, aucune figure de la mode ne mentionne son apport à la mode, pourtant majeur.
Pour prendre le contrepied de cette mode de masse aux mille produits dérivés, Matthew Yokobosky a sélectionné essentiellement des pièces haute couture dans les archives personnelles de la maison, que lui a ouvertes le créateur lui-même.
Au centre, les années 60, la décennie des audaces inspirées, de l'avant-garde. Pour une génération qui le connaît surtout pour ses chemises classiques, c'est l'occasion de découvrir sa radicalité.
"Il a été tellement innovant durant les années 60", fait valoir le commissaire de l'exposition qui s'est ouverte samedi 20 juillet et fermera ses portes le 5 janvier 2020. "Je pense qu'il ne dormait pas. Il avait tellement d'idées. Il ne s'arrêtait pas".
"Tout est mouvement"
Formé à la confection, Pierre Cardin était capable de réaliser seul ses propres vêtements, chose rare aujourd'hui, une maîtrise qu'il a mise au service de son imagination. "C'est parce qu'il comprenait vraiment la construction (d'un vêtement) qu'il a pu faire ces nouveaux modèles", souligne le commissaire de l'exposition.
L'exposition consacrée à Pierre Cardin au Brooklyn Museum s'est ouverte le 20 juillet. |
Parmi les pièces les plus emblématiques, cette robe Carwash, à la taille haute et dont les lanières verticales rappellent celles d'une station de lavage pour voitures lorsque la femme se met en mouvement.
Il y aussi la robe au dos "cinétique", comme un mobile découpé dans la crêpe de laine qui rappelle les oeuvres aériennes d'Alexander Calder. "Tout est mouvement", explique Matthew Yokobosky. "Mais c'est un mouvement rapide, des vêtements qui s'expriment dans la vitesse".
Pour jouer sur les volumes, Pierre Cardin utilisera aussi beaucoup de nouvelles matières, notamment le vinyle, ou la cardine, son invention qu'il mettra trois ans à finaliser.
Ressort aussi là son goût pour le futurisme, inspiré de l'espace et de sa conquête. Certaines de ses pièces, près du corps, rappellent les tenues de la première série Star Trek, avec un esprit unisexe en avance sur son époque.
Suivront le manteau "Computer", dont la forme s'inspire des cartes à circuits intégrés que Pierre Cardin avait vu dans les ordinateurs d'IBM, où les grandes épaules des années 80, notamment un tailleur "origami".
"Cette exposition tient en partie à une volonté de ré-établir qui est M. Cardin et à quel point ses modèles sont fantastiques", avance Matthew Yokobosky. Un documentaire, House of Cardin, qui témoigne de l'héritage esthétique du couturier, devrait aussi être présenté au prochain festival de Venise.
De manière générale, l'exposition célèbre Cardin le créateur, que tout peut inspirer, des moules en silicone des cuisines de Maxim's, son restaurant, aux pagodes chinoises.
"Il pense grand tout le temps", dit le commissaire. "C'est ce que vous apprenez de lui. Il n'a pas l'imagination étroite".
Matthew Yokobosky et le Brooklyn Museum travaillent actuellement à faire voyager l'exposition. Aux États-Unis d'abord, puis en Asie, où Pierre Cardin connaît le succès depuis longtemps, et pour finir, peut-être, en France.
"Ce serait fantastique", dit-il au sujet d'un éventuel final dans le pays de Pierre Cardin. Ce serait l'occasion pour l'intéressé de voir l'exposition, qu'il ne visitera pas à Brooklyn, car il n'aime pas l'avion.
AFP/VNA/CVN