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Le président français Emmanuel Macron, le 26 octobre 2017 à Maripasoula, en Guyane. |
Le président français Emmanuel Macron, le 26 octobre 2017 à Maripasoula, en Guyane. Photo : AFP/VNA/CVN |
"La parole de l'État sera tenue", a affirmé le président devant la presse au deuxième jour de sa visite dans ce territoire grand comme le Portugal qui accumule difficultés et retards.
Il a précisé que l'"intégralité des deux premiers volets" des accords conclus le 21 avril, sous le quinquennat de François Hollande, pour mettre fin au vaste mouvement social du printemps "seront appliqués".
L'État s'était alors engagé sur un plan d'urgence de 1,08 milliard d’euros et des accords sectoriels, et avait annoncé qu'il allait étudier une "demande complémentaire" de 2,1 milliards formulée par le collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle).
M. Macron avait donné le ton dès son arrivée jeudi 26 octobre en avertissant qu'il n'était "pas le Père Noël". "L'État a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité".
"Ce que les Guyanais attendent ce n'est pas le père Noël, mais un chef d'État qui respecte les engagements pris par l'État", a répondu sur Twitter le député Gabriel Serville.
Les manifestations organisées par Pou Lagwiyann dékolé dans le centre de Cayenne avaient dégénéré en heurts dans la nuit de jeudi 27 octobre à vendredi 28 octobre.
Quatre personnes ont été placées en garde-à-vue tandis que deux gendarmes mobiles et deux policiers ont été légèrement blessés au cours de ces affrontements. "La République ne cède pas aux gens qui sont en cagoule" et le "rôle de l'État" n'est pas de "céder à des pressions, quelles qu'elles soient, en particulier lorsqu'elles n'ont pas la légitimité démocratique", a insisté M. Macron vendredi 27 octobre.
Il a précisé qu'il n'avait pas envisagé de rencontrer Pou Lagwiyann dékolé, mais qu'il avait proposé qu'une délégation rencontre ses conseillers. "Mes interlocuteurs sont les interlocuteurs légitimes car démocratiquement élus."
Dans la soirée, un conseiller du président a finalement reçu quatre membres du collectif des Grands Frères, à leur demande, pendant 1h30, a indiqué l'Elysée. Dans la matinée, le porte-parole du mouvement, Mickael Mancé, avait prévenu: "On n'a pas été élus, mais si on n'arrive pas à parler, on fera sans eux. Mais il faudra pas s'étonner après".
En fin d'après-midi, environ 150 manifestants s'étaient regroupés devant le commissariat où était attendu le chef de l'État. Celui-ci ne s'y est finalement pas rendu, choisissant de se rendre dans deux quartiers défavorisés, le Rond-point des 100 boîtes aux lettres à Matoury et le quartier de la Crique à Cayenne.
Le président souhaitait se confronter à la réalité du terrain, dans ces quartiers où vivent une majorité de clandestins, souvent jeunes, venus d'Haïti, du Surinam, du Brésil, ou du Guyana, et où sévit trafic de drogue, prostitution et violence.
"Violences inacceptables"
Affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, le 26 octobre 2017 à Cayenne, en Guyane. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Vendredi matin 27 octobre, il a présenté une série de mesures pour tenter de résoudre les difficultés que connaît ce vaste territoire de 83.000 km2. Il subit notamment une immigration clandestine massive, une insécurité croissante, des défaillances dans les services de santé et le système scolaire et un taux de chômage très élevé (23%).
Il a pour cela proposé "une méthode innovante" basée sur "une responsabilité partagée" entre l'État et le territoire, qui sera discutée d'ici au printemps 2018 dans le cadre des assises des Outre-mer.
"La Guyane subit des violences inacceptables", a par ailleurs reconnu M. Macron, en annonçant que l'augmentation prévue des moyens pour assurer la sécurité serait "accélérée", avec l'arrivée de 90 gendarmes "dès 2018".
Pour dissuader l'immigration, le gouvernement va aussi réduire à deux mois le versement de l'allocation versée aux demandeurs d'asile et conditionner à 15 ans de résidence sur le territoire l'accès au RSA, qui sera désormais géré par l'État et "démonétisé".
Après Cayenne, le chef de l'État s'est rendu au Centre spatial de Kourou, vitrine de l'économie guyanaise. Puis, accompagné par le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et plusieurs ministres, il a participé à une réunion des Régions ultrapériphériques (RUP, les neuf territoires ultramarins de l'Union européenne).